"J'écris mélancoliquement, toujours mélancoliquement'
Samuel Taylor Coleridge
" Quand je luis... je me consume"
Joseph Joubert
ELOGE DU FRAGMENT
(Les carnets)
"Une secréte sympathie agit dans le texte et unit l'oeuvre à celui qui l'écrit. Joubert pense simultanément l'écriture et son sujet, le temps et l'espace dans lesquels ils sont enveloppés. Ainsi, le 14 janvier 1808 : "Je suis comme Montaigne impropre au discours continu", phrase qui rappelle l'intuitive allusion du 25 octobre 1798 : "L'homme laisse le temps se perdre, mais il n'est point d'instant perdu."
(in avant-propos de Jean-Paul Corsetti)
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"Lorsque, dans une nation, les pauvres et les riches, les ignorans et les scavans, les villages et les villes n'ont pas les mêmes croyances, il faut nécessairement qu'il se fasse un changement dans les opinions des villages, des ignorans et des pauvres.
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Dans ce qu'ils appellent la péroraison, il semble que l'esprit s'arrête, considére et récapitule, pour voir s'il n'auroit rien omis.
L'histoire est bonne a oublier ; c'est pour cela qu'elle est bonne à scavoir.
26 novembre.
Imitez le temps. Il détruit tout avec lenteur. Il mine, il use, il déracine, il détache et il n'arrache pas.
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On entend dans leur paroles le tintement de leurs cerveaux."
Joseph Joubert. Carnets. NRF, Gallimard. 1994.