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Billet de blog 17 juin 2009

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Una disperata vitalità

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IV

(Ripresa dell'intervista, e confuse spiegazioni

sulla funzione del marxismo, ecc.)

(Ah, non è che una vista al mondo, la mia!)

Ma ritorniamo alla realtà."

"(Reprise de l'interview, avec de confuses explications sur la fonction du marxisme, etc.)

(Ah, il ne s'agit pour moi que d'une visite au monde!)

Mais revenons à la réalité.

(Elle est ici, la mine visiblement préoccupée mais lénifiée

par une bonne éducation, qui attend, dans le plan "gris",

suivant la bonne régle du classicisme français. Un Léger.)

"D'aprés vous alors -dit-elle, réticente,

en mordillant son bic- quelle est

la fonction du marxiste?" Et elle s'apprête à noter.

"Avec ... une délicatesse de bactériologue... dirais-je,

(je bégaie, pris d'impulsions mortelles)

déplacer des masses dignes des armées napoléoniennes, staliniennes...

avec des milliards de tenants...

de sorte que...

la masse que l'on dit conservatrice

(du Passé) le perde:

la masse révolutionnaire, l'acquiére

en le reconstruisant au moment de le vaincre...

C'est par l'Instinct de Conservation

que je suis communiste!

Un déplacement

dont dépendent vie et mort: dans les siécles des siécles.

Faire cela doucement, comme quand

un capitaine du génie dévisse

la sécurité d'une bombe non explosée et que,

pour un instant, il peut rester au monde

(avec ses immeubles modernes, autour, sous le soleil)

ou en être effacé pour toujours:

une disproportion inconcevable

entre les deux alternatives!

Un déplacement

à faire tout doucement, le cou raidi,

en se pliant, recroquevillé sur son ventre,

en se mordant les lévres ou en plissant les yeux

comme un joueur de boules

qui, en ondulant, essaie de dominer

la trajectoire de son coup, de la rectifier

vers une solution

dont dépendra la vie dans les siécles."

............... ............... ................. ................

VI

(Una vittoria fascista)

(Une victoire fasciste)

Elle me regarde attristée.

"Et... alors vous... -(sourire mondain, gourmand,

conscient de cette gourmandise avec une charmeuse

ostentation - les dents et les yeux étincellent-

d'un léger mépris hésitant, enfantin,

envers soi-même) -alors vous devez être très malheureux!"

"Eh (dois-je admettre)

je suis dans un état de confusion, mademoiselle.

En relisant mon livre dactylographié

de poésie (celui-ci, dont nous parlons)

j'ai eu la vision... oh, si seulement c'était

seulement d'un fouillis de contradictions - les rassurantes

contradictions... Non, c'est la vision

d'une âme confuse...

(Ogni falso sentimento

produce la sicurezza assoluta di averlo.)

Tout faux sentiment

produit la certitude absolue de l'avoir.

Mon faux sentiment était celui...

de la santé. Etrange! en le disant à vous

-incompréhensive par définition,

avec ce visage de poupée sans lèvres-

je vérifie du même coup avec une clarté clinique

le fait

que je n'ai jamais eu, moi, aucune clarté.

(di non aver mai avuto, io, alcuna chiarezza.)

Il est vrai que parfois peut suffire,

pour être sain (et clair),

de croire qu'on l'est... Cependant

(écrivez, écrivez!) ma confusion

actuelle est la conséquence

d'une victoire fasciste.

(Nouvelles incontrôlées, fidéles

impulsions mortelles)

Une petite victoire secondaire.

Et puis facile. J'étais seul:

avec mes os, une mére timide

effrayée (spaventata), et ma volonté.

L'objectif était d'humilier un humilié.

Je dois vous dire qu'ils ont réussi,

et même sans grand effort. Peut-être

s'ils avaient su que c'était aussi simple

se seraient-ils donné moins de mal, et à moins!

(Ah, je parle, vous voyez, avec un pluriel générique: Eux! (Essi!)

avec l'amour complice du fou pour son propre mal.)

Quant aux résultats de cette victoire, ils

comptent bien peu aussi: une signature

de poids en moins dans les appels pour la paix.

Bien, a parte objecti, ce n'est pas beaucoup.

A parte subjecti... Mais laissons cela:

j'ai déjà trop décrit,

et jamais oralement,

mes douleurs de ver écrasé

qui dresse sa petite tête et se débat

avec une naïveté répugnante etc.

Une victoire fasciste!

Ecrivez, écrivez: qu'ils sachent (eux!) que je le sais:

avec la conscience d'un oiseau blessé

qui meurt doucement et ne pardonne pas."

.......... ............ .............. ..............

VIII

(Conclusion funébre: avec tableau synoptique - à

l'usage de la faiseuse du "papier" - de ma

carrière de poète, et un coup d'oeil prophétique sur

l'étendue des futurs millénaires.)

" Je vins au monde au temps

de l' Analogique.

J'oeuvrai

dans ce domaine, en apprenti.

Puis il y eut la Résistance

et moi

je luttai avec les armes de la poésie.

Je restaurai la Logique, et fus

un poète civil.
C'est à présent le temps

de la Psychagogique.

Je ne peux écrire qu'en prophétisant

dans le ravissement de la Musique

par excés de semence ou de pitié."

("per eccesso di seme o di pietà.")

*

"Si désormais l'Analogique survit

et la Logique est passée de mode

(moi avec elle:

je n'ai plus de commande de poésie),

la Psychagogique

est bien là

(en dépit de la Démagogie

toujours plus maîtresse

de la situation).

C'est ainsi

que je peux écrire Thémes et Trains

et même des Prophéties;

en poète civil, bien sûr, toujours!"

*

"Quant au futur, écoutez:

vos fils fascistes

vogueront

vers les mondes de la Nouvelle Préhistoire.

Moi je resterai là,

comme est celui qui rêve son dommage

sur les bords de la mer

où recommence la vie.

Seul ou presque, sur le vieux littoral

parmi les ruines d'anciennes civilisations,

Ravenne

Ostie ou Bombay -peu importe-

avec des Dieux qui s'écaillent, de vieux problémes

-comme la lutte des classes-

qui

se dissolvent...

Comme un partisan

mort avant mai 45,

je commencerai peu à peu à me décomposer,

dans la lumiére déchirante de cette mer,

poète et citoyen oublié"

IX

(Clausule)

"Mon dieu, mais alors qu'est-ce que

vous avez à votre actif?..."

"Moi? -(un bégaiement, infâme,

je n'ai pas pris mon optalidon, voix tremblante

de gosse malade)-

Moi? Une vitalité désepérée."

(Clausola)

"Dio mio, ma allora cos'ha

lei all'attivo?..."

"Io? - (un balbettio, nefando,

non ho preso l'optalidon, mi trema la voce

di ragazzo malato)-

Io? Una disperata vitalità."

(in : "Avec les armes de la poésie"

(traduction : Jean-Charles Vegliante)

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