Premier jet
à moi
Contempler la nuit
c'est un rideau blanc
comme une page blanche
C'est que le rideau devant moi est blanc
comme la page qui
sur la table blanche
est - la table - devant moi - devant le rideau aussi - blanc. La nuit aussi : blanche.
Mais devant moi, la table, la page, le rideau devant la fenêtre. C'est une fenêtre fermée sur la nuit noire.
à P.B.
Contempler, la nuit, c'est un rideau blanc.
Blanc comme une page blanche ( ou une station blanche ou un delta)
Le rideau devant moi est blanc. Entre moi, je, et le rideau la table de bois blanc comme la page et le rideau.
Derrière le rideau : fenêtre fermée sur la nuit noire. Les volets - blancs - sont ouverts, eux.
Dans la nuit noire, de l'autre côté de la fenêtre, est le marais, sombre, obscur, humide, inqualifiable mais objectivement adjectivé : abject ? ( Boue, eau, jardins inondés, arbres noirs, où est passé le serpent qui cet été ? Les poissons se gondolent, les ragondins aussi. Ne parlons pas de la courtilière, infra, des choses grouillent entre terre et eau, froides, gluantes, ignobles).
Mais là : la page, la table, le rideau, la nuit, la lampe, la plume, et ça.
Contempler la nuit. Rideau.
à F.P.
Page blanche : contempler la nuit.
Contempler la nuit ? C'est : les yeux fermés, alors ? ou toutes lumières éteintes ?
Si j'ouvre le rideau, fenêtre fermée, volets ouverts - comme les paupières ( pauvres pierres ) - ce seront des étoiles ? Des nuages ? Blancs ou noirs, les nuages, les nuées, le ciel qui court courre à la chasse au vent qui souffle - qui souffle ? Erre.
Si j'ouvre le rideau : de l'autre côté du marais, au loin , sur la pente lointaine, des lumières électriques, de l'autre ville : le quartier nord : l'autre côté du passé dépassé.
Laisse le rideau fermé. Reste à l'intérieur. Ferme les yeux. Ouvre le livre.