"Je t'apprendrai l'attente
A la porte de ma mort ajournée.
Prends ton temps, prends ton temps,
Tu pourrais en avoir assez de moi,
Me libérer de ton ombre
Et entrer dans ta nuit,
Libéré de mon fantôme !"
(A un autre gardien)
"Je t'apprendrai l'attente
A l'entrée d'un café.
Tu entendras ainsi les battements de ton coeur,
Plus lents, plus rapides.
Tu découvriras, comme moi, le frisson.
Prends ton temps,
Tu siffleras, peut-être, comme moi, un air migrant,
Une peine andalouse dans une ritournelle persane.
Le jasmin te fera mal et tu t'en iras..."
(A un troisiéme gardien)
"Je t'apprendrai l'attente
Sur un siége de pierre.
Nous pourrions échanger nos noms, tu pourrais trouver
Une ressemblance entre nous :
Tu as une mère,
J'en ai une,
Et nous avons la même pluie,
La même lune
Et une courte absence de la maison."
Mahmoud Darwich ( "Etat de siège" poème traduit de l'arabe (Palestine) par Elias Sanbar)
Actes Sud / Sindbad