Une machine automobile immobile au milieu de la friche. Le pot d'échappement relié au tuyau de plastique posé sur le sol. Le bruit sourd du moteur accompagne la scansion d'une très jeune femme qui parle et profére une langue inconnue, même d'elle sans doute. Elle semble danser une danse cheyennne ou sioux, indienne. C'est un poéme un long poéme frappé du pied.
Autour d'elle un cercle de connaisseurs venus apprécier la performance, distants et froids, peut-être. Parmi eux il est saisi tout à coup d'une transe, blouson noir venu à moto, grosse machine noire brutale. Quelque chose en lui est ébranlé (au tremblement qui le saisit) il ne se maîtrise plus il s'avance et profére à son tour de maniére inattendue d'une voix forte la langue d'un païute putatif rencontré dans une ruelle obscur de son passé lointain, là-bas, loin, de l'autre côté de l'océan. Ce n'est pas lui qui parle et scande, profére et chante, des mots qu'il ne connait pas il tremble mais ce n'est pas la peur c'est autre chose c'est une transe. C'est quelque chose qui lui échappe . C'est sans doute un désir, une foudre de compréhension pour cette scéne inouïe, cette frêle jeune femme qui se risque ainsi mais ce n'est pas de leur volonté c'est une foudre vous dis-je un éclair une étincelle une présence religieuse qui leur fait aller l'amble elle et lui. Un lien soudain au milieu des êtres sombres en retrait. Cela ne dure qu'un temps.
Cela cesse.
Tout le monde se disperse dans la cour de la friche et papote et parle. La jeune femme remercie l'homme, d'autres l'entourent pour en savoir plus (sur lui l'inconnu l'imprévu le noir surgi dans la nuit sur une moto noire).
L'homme remonte sur sa moto fait quelques métres et tombe. On le reléve on reléve son lourd engin il part en trombe dans un bruit sourd dans la nuit des reverbéres.
se modifiera