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Billet de blog 28 avril 2010

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4.

"Votez Trucmuche, votez Babouin, votez Brenne. Laissez-nous faire, on s'occupe de tout... Enfin, hein, moi c'que j'en dis..."

Le lecteur semblait à présent franchement morose, le visage obtus, fermé, opaque, antipathique. Il n'en était plus à se demander comment il allait faire pour se dégager de ce qu'il considérait comme un débordement logocratique. Il n'avait pratiquement rien écouté, si tant est qu'il l'ait jamais entendu, tant il était préoccupé par la question de savoir comment il allait faire pour quitter un tant soit peu poliment le vieillard. Mais maintenant il était proche de l'excésion. Il sentait que s'il ne partait pas maintenant, il le ferait trop brutalement, trop séchement.

Le vieillard dut s'en apercevoir, il se taisait en le regardant, les yeux ardents, un reste de sourire à la commissure des lévres. Puis ses yeux aussi se remirent à sourire. Il pensait "qu'est-ce qu'il doit se faire chier, le pauvre!" Ou bien "Quel abruti!" Ou encore : "Bon, c'est pas tout, ça, mais je n'ai pas de temps à perdre, moi. Pourquoi il ne part pas, ce con?" Et pourtant, en tout cas, il se taisait, jouissant peut-être de la gêne de l'autre. Ou bien il était curieux de voir ce que l'autre allait faire de lui-même, peut-être cherchait-il à suivre le tortueux et lent rassemblement des minuscules particules chimiques en un point du cerveau qui commanderait la décision.

Comme le silence s'étendait entre eux, la distance apparaissait, étendue ; silence, distance, le lecteur sentit que l'occasion était favorable et, qu'aprés tout, le vieillard ne demandait pas mieux. Il se leva lentement, regardant le vieillard de côté, en biais : -Bon ... Il faut que j'y aille..."

Le vieillard souriait toujours, le regardait toujours. Sa tête, le regard braqué sur les yeux du lecteur, avait suivi le mouvement ascendant de celui-ci. Debout devant le vieillard, les mains dans les poches de son imerméable, il reprit avec plus d'assurance :

-Eh bien, au revoir ..." Il sortit une main de sa poche, la tendit vaguement vers le vieillard... Celui-ci se dressa d'un bond, en criant de toute la force de ses poumons, qui était grande :

-LOGEIN !

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