A mes amis hibernants.
(à JCD
à Patrice
et aux autres)
Apocope
La pluie la pluie la pluie
la neige la pluie le froid
enfermé dans logement logis loge logos ment mens etc. (ou songe, et tout ce qui va et rêve pense imagine pleure chante et danse
La pluie etc.
Les uns sur les autres absents la nuit la pluie
encore en corps et encore encore encore ("Anch' io son poeta", dit l'autre à Boccacio)
Mais
Un pan du mur blanc
frappé
obliquement (ou directement)
par la lumiére d'un soleil d'été.
Apocope
Le temps me manque et le soleil sous un arbre des regards aperçus sous la pluie neigeuse
et sa bouche invue.
Le temps me manque
et l'été
trois poémes trois fragments
(ma voisine joue de la trompette une trompette bouchée
un essai
ou alors un trombone dans le ronronnement du frigo qui lutte contre la chaudiére
murale)
Le temps me manque
mais trois fragments :
"Comme les joues sans nuque en nombre germaient soudain
Les bras, sans armes, ballaient, veufs d'épaule ;
Les yeux rôdaient, solitaires, en quête des fronts".*
( "Il faut, dit Nietzsche, avoir connu l'ivresse, l'orgasme, pour comprendre cela : "Quelque chose comme lorsqu'on rêve et qu'en même temps, on sent que le rêve est le rêve")°
"En nombre, ils croissaient, doubles de faces et de torses
Race de boeufs à proue d'homme. D'autres poussaient à rebours
Sorte d'hommes à tête de boeuf, mixtes, tenant ici du mâle,
Et, là, ce sont des femmes aux membres d'ombre."*
("Le voici, Empédocle, qui imita le style d'Homére. Il est vêtu de pourpre ("Mais qu'est-ce que le pourpre ?" dit L.) et porte une ceinture d'or, des souliers de bronze. Il a fait écorcher les ânes et placer leurs peaux sur le collines pour arrêter les vents. C'est un dieu qui s'avance" : ")°
"Les poings serrés
Les dents brisées
Les larmes aux yeux
La vie
M'apostrophant me bousculant et ricanant
Moi épi avancé des moissons d'août
Je distingue dans la corolle du soleil
Une jument
Je m'abreuve de son urine"**
Aphérése.
(* Empédocle
** René Char.
Extraits de (°) : "Les dieux habitent toujours à l'adresse indiquée." Patrick Reumaux. Edit. Vagabonde. 2010)
(Voir le blog de Patrice Beray)