Je pense à vous, tous (je ne mettrai pas de (te) parce que certain(e)s d'entre vous toussaient, et que c'est la Toussaint.
Je pense à vous, aperçus dans une flaque de lumière devant un café.
Je pense à vous, tous, aperçues dans les lumiéres brillantes d'un théâtre, vous qui n'étiez pas là, et vous qui étiez doublement présents, comme au théâtre son double .
Je pense à nous qui formons, que nous le voulions ou non, mais nous le voulons, puisque nous sommes là, à nous lire les uns les autres, nous lire et nous relire, jusqu'à nous lier, d'une maniére ou d'une autre, nous qui formons une communauté avouée, fugitive et instable, colérique et curieuse, les uns les autres, semblables et différents, sur nos visages nos figures un verre une main un ticket une blessure.
je pense à vous, et j'ai lu ça, dans la petite chambre d'un hôtel du XIIIéme, ça, que j'ai trouvé dans une petite librairie du XIIIéme, ça, qu'un char jamais n'arrêtera, qu'un obus ne percera jamais, ça, "Avec les armes de la poésie", pour finir une querelle qui a été, de cet été sec et orageux, ça :
"Ici, aprés les poémes de Job, nous n'attendions plus personne...
*
Ici, pas de moi.
Ici, Adam se souvient de sa glaise.
*
Ce siége durera jusqu'à ce que nous enseignions à nos ennemis
Quelques morceaux choisis de notre poésie pré-islamique."
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"(A un lecteur)
Ne fais pas confiance au poéme,
Cet enfant de l'absence,
Car il n'a ni intuition,
Ni pensée,
Mais sens du gouffre.
*
L'écriture, chiot qui mord le néant
Et blesse sans effusion de sang."
(Mahmoud Darwich. "Etat de siége". Traduit de l'Arabe (Palestine) par Ilias Sambar. Actes Sud/ Sindbad éditeurs))