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Billet de blog 30 mai 2009

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Et maintenant un peu de psychologie (des profondeurs) : Chaque samedi est une mort (C.G. Jung)

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"Quand le psychanalyste s'intéresse aux symboles, il s'occupe avant tout des symboles "naturels", par opposition aux symboles "culturels".

Les premiers viennent des contenus inconscients de la psyché, et reprsésentant par conséquent un nombre considérable de variation des images archétypales fondamentale."

Tu veux en savoir plus, mon freur ma sére? Tape un.

Tu sais ce qu'il dit, le jung Jung? Tape deux.

Tu t'en fous?

Ecoute Lou Reed : "Berlin"

puis "Crossroad", Calvin Russell, avec deux r et deux l

Et ... Quoi?

"La femme assise sur le pas de la porte frappe à la fenêtre" Bon dieu, que vous êtes lents à comprendre. (Modestement. Et modeste ment aussi.)

Ici.

*Donc, si Big "Bug Drupal" (ou Mac) consent à me laisser poursuivre :

"Quand le psychanalyste s'intéresse aux symboles, il s'occupe avant tout des symboles "naturels" , par opposition aux symboles "culturels". Les premiers viennent des contenus inconscients de la psyché, et représentent par conséquent un nombre considérables de variation des images archétypales fondamentales. Dans de nombreux cas toutefois, on peut remonter jusqu'à leur racines archaïques, c'est à dire aux idées et aux images que nous trouvons dans les plus anciens témoignages, et dans les sociétés primitives. Les symboles culturels, d'autre part, sont ceux qui ont été utilisés pour exprimer des "vérités éternelles", et sont encore en usage dans beaucoup de religions. Ils ont subis de multiples transformations, et même un processus d'élaboration plus ou moins conscient, et sont devenus ainsi des images collectives acceptées par les sociétés civilisées.

Ces symboles culturels néanmoins, gardent une grande part de leur caractére numineux originel ou "charme". On sait qu'ils peuvent provoquer chez certains individus une réaction affective très profonde, et cette charge psychique les fait fonctionner à peu prés comme les préjugés. Ils sont un facteur dont le psychologue doit tenir compte. Il serait stupide de les rejeter simplement parce qu'à les considérer d'un point de vue rationnel, ils semblent absurdes ou étrangers au probléme. Ils sont un élément important de notre structure mentale, et jouent un rôle vital dans l'édification des sociétés humaines. On ne peut les arracher sans perte grave. Là où ils sont refoulés ou négligés, leur énergie spécifique disparaît dans l'inconscient, avec des conséquences incalculables. Car l'énergie psychique qui semblait avoir ainsi été perdue sert en fait à réveiller ou intensifier ce qui domine dans l'inconscient, des tendances qui n'avaient peut-être jusqu'ici jamais eu de possibilité de s'exprimer ou du moins n'auraient jamais été autorisées à mener une existence non inhibée, dans notre conscience. Ces tendances forment pour notre esprit conscient une "ombre" toujours présente, et virtuellement destructrice. Même des tendances qui peuvent, en certaines circonstances, avoir une influence bénéfique, se transforment en démons sitôt refoulées. C'est pourquoi les gens bien-pensants ont une peur compréhensible de l' inconscient, et accessoirement, de la psychologie.

Notre siécle nous a permis de mesurer ce qui arrive lorsque s'ouvrent les portes de ce monde souterrain.

Des événements, si énormes que personne, dans les années d'innocence idyllique qui ont marqué le début de notre siécle n'aurait pu les imaginer, se sont produits et ont bouleversé notre univers. Et depuis, le monde est resté affligé de schizophrénie. Non seulement l'Allemagne a vomi au grand jour la primitivité effroyable qu'elle portait en elle, mais cette même primitivité gouverne la Russie, et l'Afrique a pris feu. Il n'est pas étonnant que le monde occidental se sente inquiet.

L'homme moderne ne comprend pas à quel point son "rationalisme" ( qui a détruit sa faculté de réagir à des symboles et à des idées numineux) l'a mis à la merci de ce monde psychique souterrain. Il s'est libéré de la "superstition" (du moins il le croit) mais ce faisant il a perdu ses valeurs spirituelles à un degré alarmant. Ses traditions morales et spirituelles se sont désintégrées, et il paie cet effondrement d'un désarroi et d'une dissociation qui sévissent dans le monde entier.

Les anthropologues ont souvent décrit ce qui se produit lorsque les valeurs spirituelles d'une société primitive sont exposées au choc de la civilisation moderne. Les membres de cette société perdent de vue le sens de leur vie, leur organisation sociale se désintégre et les individus eux-mêmes se décomposent moralement. Nous nous trouvons actuellement dans la même situation. Mais nous n'avons jamais véritablement compris la nature de notre perte, car nos guides sur le plan spirituel se sont préoccupés davantage de protéger les institutions religieuses que de comprendre le mystére que représentent les symboles de la religion. A mon avis, la foi n'exclut nullement la réflexion (l'arme la plus efficace de l'homme); mais malheureusement, de nombreux croyants semblent avoir une telle peur de la science (et, dans le cas présent, de la psychologie), qu'ils demeurent aveugles à ces forces psychiques numineuses, qui, depuis toujours, régissent le destin de l'homme. nous avons dépouillé toutes les choses de leur mystère et de leur numinosité : plus rien n'est sacré à nos yeux.

A une époque plus reculée, lorsque des concepts instinctifs se frayaient encore une voie jusqu'à l'esprit de l'homme, sa conscience pouvait assurément les intégrer en un ensemble psychique cohérent. Mais l'homme "civilisé" n'est plus capable de le faire. Sa conscience "éclairée" s'est privée de moyens d'assimiler les contributions complémentaires des instincts et de l'inconscient. Car ces moyens d'intégration étaient précisément les symboles numineux qu'un consentement commun tenaient pour sacrés.

Aujourd'hui, par exemple, nous parlons de la "matiére". Nous décrivons ses propriétés physiques. Nous menons des expériences en laboratoire pour démontrer quelques-uns de ses aspects. Mais le mot "matiére" reste un concept purement sec, inhumain et purement intellectuel, qui n'a aucun sens psychique pour nous. Combien différente était l'image archaïque de la matiére, la Grande Mére, qui pouvait embrasser et exprimer le sens affectif profond de la Terre Mére. De même, ce qui était autrefois "l' esprit" est aujourd'hui identifié avec l'intellect, cessant d'être le Pére de Tout. Il s'est dégradé jusqu'à tomber dans les limites de la pensée égocentrique de l'homme; l'immense énergie affective qui s'exprimait dans le "notre Pére" se perd dans les sables d'un désert intellectuel.

Ces deux principes archétypiques sont le fondement même des systémes opposés de l' Est et de l' Ouest. Les masses et leurs dirigeants, toutefois, ne se rendent pas compte qu'il n' y a pas grande différence entre baptiser le principe du monde d'un terme masculin, en en faisant un pére (l'esprit), comme les Occidentauxet le baptiser d'un terme féminin : une mére (matiére), comme le font lesCommunistes. Car nous ignorons tout autant l'essence de l'un que de l'autre. Autrefois, ces principes étaient honorés par toutes sortes de rites, qui du moins montraient l'importance psychique que ces principes avaient pour l'homme. Tandis qu'aujourd'hui, il ne s'agit plus que de principes abstraits.

A mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente*, avec ses phénoménes. Et les phénoménes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d'un dieu, ni l'éclair de son projectile vengeur. La riviére n'abrite plus d'esprits, l'arbre n'est plus le principe de vie d'un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l'homme et l'homme ne s'adresse plus à eux en croyant qu'ils peuvent l'entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l'énergie affective profonde qu'engendraient ses relations symboliques.

Les symboles de nos rêves tentent de compenser cette perte énorme. ils nous révélent notre nature originelle, ses instincts et sa maniére particuliére de penser. Malheureusement, ils expriment leur contenu dans le langage de la nature, qui est étrange et incompréhensible pour nous. nous sommes donc obligés de traduire ce langage dans les termes et les concepts rationnels du discours moderne, qui s'est libéré de tout ce qui l'encombrait à l'époque primitive et particuliérement de la participation mystique avec les choses qu'il décrit. Aujourd'hui, lorsque nous parlons de fantômes et d'autres être numineux, ce n'est plus pour les évoquer. ces mots jadis si puissants ont perdu la puissance en même temps que la gloire. Nous avons cessé de croire aux formules magiques. Il est peu de tabous ou d'autres restictions analogues; et notre monde est apparemment débarassé de "superstitions" telles que "les sorcières, les magiciens, les lutins", sans parler des loups garous, des vampires, des âmes de la brousse, et de toutes les autres créatures bizarres qui peuplaient la forêt primitive.

Plus exactement, c'est la surface de notre monde qui est nettoyée de tous les éléments superstitieux et irrationnels. Que, pourtant, notre monde intérieur (et non pas l'image complaisante que nous nous en faisons) soit, lui aussi, délivré de tout caractére primitif est plus douteux. Le chiffre treize n'est-il pas tabou pour beaucoup de gens? Et combien d' individus sont prisonniers de préjugés irrationnels, de projections, d'illusions puériles? A considérer l'esprit humain avec réalisme, on s'aperçoit qu'il subsiste beaucoup de ces traits et de ces survivances primitifs qui jouent encore leur rôle comme si rien ne s'était passé depuis cinq cents ans.

Il est essentiel de le comprendre : l'homme moderne est en fait un curieux mélange de caractéres acquis au long d'une évolution mentale millénaire. Et c'est de cet être mêlé de cet homme et de ces symboles qu'il faut nous occuper, et qu'il faut examiner la vie mentale avec la plus grande attention. Le scepticisme et la conviction scientifique co-existent chez lui avec des préjugés démodés, des maniéres de penser et de sentir dépassées, des contresens obstinés, une ignorance aveugle.

Voilà les êtres humains qui, aujourd'hui, engendrent les symboles que nous, psychologues, nous étudions. Afin d'étudier ces symboles et leur sens, il est indispensable d'établir si leur expression renvoie à une expérience purement personnelle ou si elle a été choisie par le rêve, dans un propos particulier, parmi le fonds du savoir de la conscience collective."

Carl-Gustav Jung. (extrait de "L'homme et ses symboles" Ouvrage collectif. 1964.)

(* Jung appelle aussi "participation inconsciente" ou identification inconsciente, ce que Lévy-Bruhl appelait participation mystique.)

Et le samedi, aprés midi, la foule qui erre sans autre sens que celui des voies commerciales, piétonnes parce que commerciales , et commerciales parce que piétonnes, cette foule me tue.

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