Pour parler un peu valablement sur ce sujet, il faut avoir fréquenté dans les années 2010 des instances où l'on parlait assez ouvertement, entre passionnés, de ce que ces sujets et pratiques pouvaient apporter dans la recherche du renseignement, économique, d'états, etc. : ceci a été mon cas.
De tels cénacles existaient en effet où l'on côtoyait, par forcément en le sachant, des agents "secrets". Dans le début de cette décennie, où la chose s'institutionnalisait lentement, il faut dire que les Services semblaient à la recherche des perles rares -si rares qu'on acceptait qu'elle ne fussent pas militaires. En clair, de gens surdoués en la matière. Ensuite, la coquille se refermera.
Ici, vous trouverez quelques information sur ce sujet, parues en février 2020 sur une chaîne du Net. Disons que cela a lancé le débat.
Sur le plan civil, ces cénacles étaient représentés par de petites sociétés, comme l'Inrees, Iris Consulting, ou encore de vieilles associations plutôt connues pour leur intérêt ésotérique, ainsi de l'institut métapsychique international -qui avait opéré une mutation scientifisante vers ces sujets. Pour résumer, ces associations et entreprises avaient décidé d'offrir au public français les découvertes réalisées par les espions "psys" américains, qu'elles côtoyaient, parfaitement bilingues.
J'ai amplement développé ce sujet, surtout dans Espion et télépathe : j'ai hacké les Ovnis, en 2020, puis en 2022 mais en pointillés dans Les Ovnis Papers : une divulgation française. Ces points en liseré montrent la forme internationale de cette recherche. Ici, ce lien que je découvre en janvier 2023 doit rendre nécessairement très modeste sur l'originalité de toute découverte contemporaine en la matière : voir ici ce documentaire de 1997, réalise par Michel Jeté, produit par Claude Veillet et Jacques Bonin (TF1, L'odyssée de l'étrange).
Dans le premier ouvrage cité, et pardonnez-moi par avance de me citer, j'ai pu écrire :
"Partie 1- Univers en émergence ultra-rapide : la télépathie au sein des Services secrets français Che(è)r(e)s lecteur(ice)s, eh oui, la télépathie a été scientifiquement étudiée, dès 1970 (et l’est). Des scientifiques sans peur et sans tabous - mais non sans reproches - se sont lancés dans ces eaux-là : notamment ceux de Stanford, Californie. Et ceci dans beaucoup de pays... Avec un bémol : dans de nombreuses armées du monde ; et pour le Renseignement. La croyance en la science matérialiste, la nécessité du secret dans les officines hors la loi, n’ont pas aidé à répandre ce possible auprès du grand public. Quel intérêt de dévoiler un tel outil ? Dans l’ouvrage Les Ovnis Papers, une divulgation française (du même auteur), bien postérieur à ce livre (fin 2020), ce ne sont pas moins de quatre très grands « noms » du Renseignement qui soulignent la fréquente utilisation - voire l’utilisation structurelle - de ces techniques : Franc Milburn, «ancien» du Renseignement britannique, dans un rapport pour un institut de réflexion stratégique israé- lien (notamment p. 33) ; Hal Puthoff, fondateur du renseignement intuitif US, physicien qui a découvert que la métrique de l’espace temps pouvait être modifiée (p. 25) ; le colonel John Alexander, « Dieu le père de tout ce qui bruite et circule au Pentagone » (p. 26) ; Luis Elizondo, ex du Renseignement US, dans tout son travail pour faire la transparence sur les Ovnis. Coté civils, Paolo Guizardi, qui a rencontré ce dernier (p. 54) ; Tom de Longe (p. 35) ; Jacques Vallée, astronome, physicien, chercheur, dans toute son œuvre. En France, j’ai sourcé quatre fois mon article (voir mon blog de Mediapart) intitulé Ovnis Papers n° 3. Espions, télépathes et Ovnis, la dangereuse trilogie. Mais, dans cette première partie, nous évoquerons peu les Ovnis : nous poserons vite les racines scientifiques de la pratique, sans égard pour les « scientistes » - ou ceux qui croient que ce champ relève du «paranormal». Vite, nous entrerons dans «l’opérationel», avec des cas concrets. Nous regarderons comment cela est envisagé, du niveau des responsables à celui des sources - en découvrant les souffrances médicales de ces cobayes, implacablement maltraités. Nous verrons comment de telles indiscrétions peuvent être contrées. Pour citer une critique de lecteur, vous serez plongé «dans un univers inconnu, pour ne pas dire méconnu [ouvrant] des perspectives insoupçonnées»".
2020-2022 : réactions connues de professionnels du Renseignement à ces informations
Dans la petite sphère médiatique qui accorde de l'importance au phénomène Ovnis et perception à distance/télépathie en France, quatre médias dont vous n'avez certainement jamais entendus parler (pour trois) se distinguent : le trimestriel Nexus, considéré sur Wikipedia peut-être à tord ou/et à raison comme complotiste (et peut-être davantage depuis son rachat en 2015-2016) ; une chaîne du Net, BTLV, qui se présente comme la chaîne du paranormal (du moins tant que celui-ci n'est pas rentré dans la norme) ; ensuite, le magazine Inexploré d'une petite entreprise, l'Inrees - d'une réelle et très bonne tenue. Enfin, le media Facebook est essentiel pour tous ces petits groupes, marginaux à vrai dire, mais qui doivent réunir tout de même plusieurs centaines de milliers de personnes. Parmi elles, une quarantaine sont leaders, en ce sens qu'elles produisent une information de qualité, sourcée, selon une investigation menée avec un grand esprit de sérieux - tant nous redoutons tous d'être décrédibilisés dans ce sujet déjà décridibilisé (en France, du moins. Parce qu'ailleurs !).
Le journal Inexploré de l'INREES a donné deux articles importants en ce mois d'aôut 2022 (important, bien sûr, pour notre toute petite communauté). La journaliste est Angélique Garcia.
En liminaire, ma première analyse de ses deux articles, publiée sur Facebook dans les Ovnis Papers-Ufos Papers, avait été acceptée sans mot dire, mais la rédaction 2, plus fouillée, avait été supprimé par celui-ci en dix minutes à peine - en dix minutes. La page des Ovnis Papers semble d'ailleur avoir été privée de notifications (indispensables pour fonctionner) presque à l'origine, il ne reste donc que les "Partages" pour communiquer au lectorat les nouveautés - constantes et croissantes dans ce champ d'analyse. En l'occurence, ici, le reproche fait est, en mulipliant au-delà d'un certain point les Partages, de "spamer"... bien évidemment, puisque les Ovnis Papers n'ont jamais eu droit aux notifications ! J'ai donc posé ma contestation. Mais en attendant, menaçants, les logarythmes ont coupé net, tranché dans le vif. En raison des vacances et du Covid, il est ensuite dit que nul ne sait quand la requête sera examinée. En outre, on ne peut donner aucune explication, protester de sa bonne foi, etc. Rien n'est prévu pour recevoir une data, à part "oui" ou "non", soit deux octets de justification. Et peut-être après O octet d'excuses. Bon, c'est à voir, évidemment.
Mais retour à l'Inrees : la petite entreprise a pu trouver deux bons experts pour les faire réagir à ce thème.
Le premier est un responsable du think-thank spécialiste du renseignement (le "Cf2R") et son titre est : Intuitifs, une frilosité bien française. Voir ici : https://inexplore.inrees.com/.../intuitifs-frilosite...
Il s'agit de Yannick Bressan, directeur de recherche en charge des questions cognitives et psychologiques au Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R) : une catégorie assez large mais qui inclut tout naturellement le champ "neuro" qu'est le renseignement intuitif.
Le Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2R) se définit ainsi : "Fondé en 2000, le CENTRE FRANÇAIS DE RECHERCHE SUR LE RENSEIGNEMENT (CF2R) est un Think Tank indépendant, régi par la loi de 1901, spécialisé sur l’étude du renseignement et de la sécurité internationale. Il a pour objectifs : développement de la recherche académique et des publications consacrées au renseignement et à la sécurité internationale ; apport d’expertise au profit des parties prenantes aux politiques publiques (décideurs, administration, parlementaires, médias, etc.); démystification du renseignement et l’explication de son rôle auprès du grand public."
Je vous ai ajouté ses parrains... quand ça voudra bien marcher, je dois prendre des biais pas possibles ici pour ajouter des images en JPEG.

Je dirais, et c'est important, qu'il semble en effet s'autofinancer, même si ses comptes, assortis d'une déclaration de confidentialité, ne sont pas disponibles chez Infogreffe. Cela m'a un peu chagriné, pour tout dire, mais c'est parfaitement légal dans la limite d'un certain chiffre d'affaires. Mais, selon l'origine des experts qui contribuent à l'activité du think-thank, la qualité de leurs interventions, leur qualité tout court (d'ailleurs), il entre cependant totalement dans l'éco-système "Services secrets"... au point de développer une rubrique sur les carrières dans le Renseignement. Comme beaucoup de ces structures, celle-ci semble aussi permettre de rediriger des esprits brillants vers les Services (et il n'y a rien à dire contre cela). Vous le savez bien, quand on crée une telle activité, ce qui compte n'est pas tant l'investissement matériel en Euros que l'investissement immatériel qui est à la fois son carnet d'adresses et la bienveillance des organisations dont on fait l'objet de sa recherche : indispensable pour fonctionner. Me voyiez-vous, moi, solliciter une interview de Bernard Bajolet (ex-patron de la DGSE), puis l'obtenir ? Donc, en tout cas : intégration de CF2R dans l'éco-système du renseignement à la française... Pleinement.
L'intérêt des propos de Yannick Bressan n'est certainement pas dans le fait qu'il dénie que les Services secrets français aient une quelconque équipe en la matière. Leur intérêt, c'est qu'il le déplore!
Citation tirée de l'article : "Le chercheur du Centre français de recherche sur le renseignement lance une bouteille à la mer... « Ne serait-il pas temps, comme on l’a vu dans l’histoire et comme cela a été fait, d’explorer tout en restant prudent, d’essayer de se donner les moyens sans engager des millions d’euros comme l’ont fait les Américains et les Russes, mais en prenant tout de même la question au sérieux. Les bénéfices possibles ne vaudraient-ils pas la peine de s’y intéresser et d’étudier la question pour envisager des agents psi du renseignement ? On a des gens compétents dans les domaines parapsychiques. Un protocole sérieux est à inventer et à rendre opérationnel. Écarter une telle approche sans même l’envisager pourrait priver la police et les services de renseignement d’outils originaux et efficaces. Les perspectives pourraient être prometteuses pour qui veut s’en donner les moyens... » "
Deuxième article de l'INREES : "Ces « super-pouvoirs » qui intéressent les autorités"
Chapô : "Hypnose, remote viewing, sorties de corps... autant de techniques qui ont été étudiées, voire utilisées par les Services secrets, mais jamais officiellement, notamment pour des résultats jugés insuffisants."
Dans ce second article, un ancien de l'espionnage français, Gérard Berrier, s'exprime lui aussi pour dénier l'utilisation d'espions psys en France. (Voir ici).
Comme Yannick Bressan, l'ex-agent nous indique des choses que j'ignorais d'ailleurs, comme une revendication d'antériorité de la France sur les Américains dans ce domaine de recherche. Citation : "Pour autant, même s’il ne les a jamais observées au cours de sa carrière, il ne doute pas que les méthodes utilisant des capacités psychiques hors norme aient pu intéresser certains services, dans le but de récupérer une information. « Les sorties de corps chez un individu bien entraîné ont l’intérêt d’être déclenchées à la demande et de se soustraire aux problèmes de distance, d’espaces protégés, etc. » C’est ainsi que le Remote-viewing (ou "perception à distance") a été développé par les Français dans les années 1930, puis a été repris par les Américains avec la célèbre opération Stargate pendant la guerre froide, avant d’être révélé au grand jour en 1995, ce qui a permis d’améliorer les connaissances dans le domaine intuitif et de développer un protocole précis."
Or, avant l'Ultima versio de Espion et télépathe : j'ai hacké les Ovnis, finalisé après la publication de cette série de deux articles, voici ce que j'écrivais avant un chapitre présentant le retournement d'une personne totalement étrangère à l'espionnage tout court et à l'espionnage psychique en particulier (ceci est un roman, rappellons-le) : "[Enfin, trois années après le début de cet ouvrage, je dois ajouter une sorte d’épilogue dubitatif à cette période d’effervescence. Et ce grâce à Inexploré, le magazine de l’Inrees - que, personnellement, j’ai tant apprécié. Juillet 2022, celui-ci titre en effet : Quand le sixième sens mène l’enquête. On y trouve beaucoup de choses, d’inédits. Bref, une belle enquête, bien fouillée. Un ex de la DGSE est interrogé, Gérard Berrier : « Les mediums et les voyants ont souvent un psychisme fragile », déclare-t-il, « ce qui n’encourage pas les autorités de les solliciter ». Découvrons à présent comme l’une de ces personnes au psychisme fragile aurait été recrutée par ce service, justement en raison de son psychisme fragilissime. « Aurait », bien sûr.]
Il semble donc que la journaliste ait nuancé depuis ses propos : en effet, le roman auquel je fais allusion montre comment, dans le recrutement d'agents psys, la "DGSE" passe de personnalités autistiques et fragiles à des gens qui ont une assise psychologique forte. Je crois bien qu'un tiers de chapitre est consacré à ce thème.
Un débat... très ésotérique
Tout cela, si vous n'êtes pas informé du sujet, doit vous sembler bien ésotérique, voire pour certains totalement délirant. Et on ne peut que vous comprendre. En outre, vu de l'extérieur, on doit mal identifier les enjeux de notre débat... Donc, voilà, nous sommes doublement ésotérique, dans un débat où je pourrais être surpris à vouloir tirer à la ligne et sur-interpréter les propos de deux professionnels patentés, et finalement leur faire dire tout autre chose que ce qu'ils nous disent : que la France a peu eu, n'a pas, et risque de n'avoir jamais, d'espions dits "intuitifs" -et télépathes, il ne faut pas hésiter.
Mais je pense que la journaliste de l'INREES et moi-même sommes peu ancrés dans les fondamentaux de l'enquête d'investigation, tels que les rappelle MEDIAPART, et qui se basent sur le loi de 1881 sur la liberté de la presse, enrichie par la jurisprudence :
- le but légitime poursuivi (l'intérêt public de la révélation) ; je pense qu'il est indéniable. Car derrière ce tiroir s'entrouvent d'autres où l'intérêt général est pleinement présent (ce thème serait un peu longuet à développer ici) ;
- la nécessité d'une enquête sérieuse : quand la mienne peine à aboutir, j'opte finalement pour la forme roman...
- l'absence d'animosité personnelle ;
- la prudence dans l'écriture (ce qui est la cas de l'article de l'INREES, et notamment des propos de Gérard Berrier, qui auront été finalement repris mais en les atténuant... mais par des sources qui risquent de vous paraître franchement ésotériques, et donc peu crédibles, mais certainement à tord) ;
- le respect du contradictoire. Comme pour la journaliste de l'INREES, je me trouve arrêté dans le respect du contradictoire parce que mes sources n'ont pas voulu aller plus loin et que, si elles étaient poussées dans leurs retranchements, elles se rétracteraient probablement en final. Quant à l'INREES, elle n'est pas vraiment un organisme d'investigation à la MEDIAPART, par exemple. Ce n'est pas -je pense- lui faire injure que de le dire, et ne préjuge en rien de la qualité d'Inexploré. Dans notre recherche, il faut savoir que si nous voulons avoir des interlocuteurs officiels, nous ne pourrons jamais vraiment les heurter... Le coeur de ce métier, c'est tout de même le carnet d'adresses. Ou un problème d'adresses qui, dans le carnet, disparaissent les unes après les autres.
Ces remarques font que, finalement, tant l'INREES que moi-même sommes dans un double narratif, mais totalement contradictoire : le mien aboutit à une forme roman clairement assumé, quoique Les Ovnis Papers : une divulgation française établisse, de manière indiscutable, la présence d'un maillon espions "intuitifs" et télépathes dans les chaînes de renseignement des grands Etats mondiaux (avec beaucoup de bémols, que je détaille dans Espion et télépathe). Quant à l'INREES, il se peut fort qu'elle soit tombée dans le narratif des deux professionnels qu'elle interviewe, qui ignorent peut-être qu'ils ont de tels collègues bien opérationnels dans le Renseignement -ou, s'ils le savent, ils lui mentent carrément, alors. Mais cela est peu probable, en raison de la compartimentation dans le Renseignement... Enfin, si on ne les met pas face à leurs contradictions, de toute façon, on ne le saura jamais.
Donc, pour aborder le contradictoire, je vous invite à revenir sur mon article laissé dans les Ovnis Papers, sur mon blog de MEDIAPART : https://blogs.mediapart.fr/.../ovnis-papers-n-2-espions...
Ce qui, initialement,m'avait intéressé dans l'exploration de ces possibles étaient les grandes questions sur la nature de la conscience et de l'information : ma recherche n'avait absolument rien à voir avec le Renseignement (qui me fait horreur), mais à tenter de remarcher dans les pas de Freud et de Jung, avec les conséquences induites sur les thérapies en devenir...
Pierre-Gilles Bellin