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Billet de blog 8 septembre 2024

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Macron le pervers-narcissique

La perversion narcissique d'Emmanuel Macron a été pointée par de nombreux commentateurs. Il est intéressant de se poser la question de l'émergence contemporaine de cette figure.

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La chute en régime fascistoïde : programmée à sa formation par la psychologie macronienne ?

Depuis 2017, nous avons été comme les grenouilles de la fable : nous avons été plongés dans une marmite, celle d'un régime de plus en plus fascistoïde, illibéral, mais qui ne l'était que potentiellement au départ. Autrement dit, l'eau était un peu chaude, par endroits, mais pas plus. Chaque année, sur la base néanmoins des mesures liberticides de l'ère Hollande, on rajoutait des mesures de plus en plus liberticides, et l'eau de cette sorte de marmite devenait de plus en plus chaude, jusqu'à brûler par endroits. Mais nous, les grenouilles, nous nous habituons à cette eau plus chaude, jusqu'à considérer que sa température était normale. Aux dernières Municipales, je croisais ainsi une personne distribuant des tracts, pour une Maire. Je lui demandais sa couleur politique. Elle était "apolitique". Comme les pouvoirs locaux, ici, sont macronistes, je lui demandais de préciser  : "du Centre", me fut-il répondit. "Autrement dit, elle est favorable à Monsieur Macron ?", dus-je demander. "Non, non, pas du tout..." Comme je voyais qu'elle mentait, je lui dis : "Bon, faisons-la autrement : pour vous, Monsieur Macron est-il du centre ?" "Oui, oui... " "Mais si il est du Centre, pourquoi a-t-il pris autant de lois liberticides ? " " Liberticides ?" "Oui, vous estimez que la France est une démocratie ?"... Etc. Bref : cette personne, et moi aussi, étions comme les grenouilles de la fable. A force d'être dans une marmite dont l'eau aurait dû être considérée comme anormalement chaude, nous nous y étions tellement habitués que nous la considérions comme à température normale. Quand à la plupart de mes rares interlocuteurs ici, il étaient sidérés si je leur disais que la France ne ressemblait plus à une démocratie. Donc, là, je me suis dis : il y a une frappante analogie entre notre vie politique au sens large et certaines de nos vies personnelles, comme lorsque nous rencontrons une personne névrosée et manipulatrice et que, l'aimant, nous acceptons d'abord un léger biais de sa vérité, que nous la faisons nôtre...

... or il faut être intransigeant sur l'exactitude des faits : il ne faut jamais plier. Quelle que soit la vérité alternative qu'ils établissent... car, très vite, vient ensuite un autre biais. Le partenaire, devenu dominant, ouvre un nouveau tiroir. A la fin, nous nous retrouvons juchés sur une commode, un buffet, et nous trouvons cela entièrement naturel.

... Or, il existe un couple "archétypal" dans la politique française contemporaine : il s'agit précisément du couple que forment Emmanuel Macron et sa femme. Il faut prendre conscience qu'il y a eu au départ de cette relation quelque chose que l'on peut probablement appeler un abus sexuel, un détournement de mineur au sens pénal, puisque le collégien avait moins de quinze ans quand il la rencontra. D'emblée, nous avons donc été conviés dans une sorte d'anomalie, qui s'explique certainement sur le plan individuel par le désamour dont le Président a paru souffrir, dès l'origine, dans sa famille, au point de leur demander expressément, vers quatre ans, d'aller vivre chez sa grand-mère - qui l'aimait avec certitude. Et, chez le petit enfant, cette certitude se renforce avec la présence, la constance d'une figure parentale. Dans cette construction affective, fondée sur un manque crucial, il était logique qu'il aille vers un ou une adulte. Mais plutôt une adulte, car la figure manquante était maternelle... pour commencer... Cependant, quel type d'adulte accepterait-il d'entamer une relation avec cette différence d'âge et de générations? 90% d'entre nous, certainement, sollicités par un ou une enfant de 14,5 ans, ne répondraient pas présents, éluderaient ; s'ils avaient malheureusement un sentiment, ils diraient : "Nous verrons quand tu auras dix-huit ans". Mais là, ça ne s'est pas passé ainsi. Voici donc un garçon -plus que sur-doué- qui rencontre une femme, beaucoup plus âgée, laquelle l'accapare. Pour elle est-il un champ vierge, à modeler? Tabou brisé, interdit franchi, cette construction autoriserait, un jour, que de nombreux autres tabous soient brisés - relationnels, démocratiques? Or, vingt-ans plus tard, la France est sous emprise : si donc, en fait, le petit Emmanuel avait été façonné par une "perverse-narcissique" ?? Cela serait parfaitement cohérent avec la situation que nous vivons. Sachant que nous avons sombré dans une autre irréalité : le maquillage à grande échelle des comptes publics. Nous vivons autant en "Macronie" qu'en fiction, économique, démocratique... Dès lors, les violences policières se justifient aussi par une volonté, parfois presque démente, de maquiller le Réel des souffrances autant collectives qu'individuelles. Ce qui fait en effet du Président un homme très dangereux, qui vit peut-être des pulsions meurtrières - et il a les moyens légaux de les exécuter.

La perversion-narcissique

Dans Qu’est-ce qu’un pervers narcissique et comment le reconnaître ?, Andréa Bensaid (voir ici : https://littlebigthings.fr/pervers-narcissique) nous dit : " Perversion narcissique : une notion qui échappe aux classifications. Pour autant, en psychiatrie comme en psychologie clinique (et plus globalement dans le domaine de la médecine), la terminologie de pervers narcissique n’est pas employée. Elle n’a pas été retenue par le DMS-5 (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, outil de classification publié aux États-Unis et régulièrement mis à jour) et ne figure pas dans la CIM (classification internationale des maladies, émanant de l’Organisation mondiale de la santé et utilisée dans 35 pays). N’ayant pas de validité clinique, cette notion soulève de nombreuses difficultés dans la mesure où «elle conjugue non seulement celle de perversité, qui est plus morale que médicale mais, en outre, celle de narcissisme qui ne va nullement de soi», comme le souligne Philippe Cabestan dans un article de la revue Philosophie. De fait, une bonne façon de définir la perversion narcissique consiste à en faire une double pathologie réunissant les caractéristiques des deux termes qui la composent : Le narcissisme, qui se traduit par une déformation de sa propre image : celle-ci devient démesurée. La perversité, qui se caractérise par le fait de se réjouir du mal que l’on inflige aux autres (généralement pour masquer ses propres problèmes et traumatismes)." Cependant, le terme a trouvé sa place et, sur Facebook, d'innombrables pages ont été ouvertes par des victimes, ou se disant telles. Andréa Bensaid précise donc : "Par essence, le pervers narcissique est un prédateur psychologique : il se nourrit de l’énergie des autres. À ce titre, la littérature scientifique a régulièrement formulé une association symbolique entre la perversion narcissique et la figure mythique du vampire, en s’appuyant sur l’image de «prédateur effrayant et séduisant» dont jouit ce dernier. Or, qui dit «prédateur» dit aussi «victime». Bien que la perversion narcissique découle plutôt d’une construction psycho-sociale que d’un trouble véritablement clinique, les conséquences d’un tel comportement sur l’entourage du malade sont réelles et sérieuses, voire dramatiques. En effet, les relations avec les personnes atteintes de ce trouble sont marquées par des abus émotionnels, psychologiques, physiques, et parfois financiers. La victime tend à perdre toute estime de soi, à développer un stress important et une fatigue émotionnelle handicapante, à se remettre en question sans cesse. Elle est dépossédée de son individualité et devient, selon les termes de Paul-Claude Racamier, un «objet ustensilitaire». Celui-ci ajoute, dans son ouvrage fondateur Les Perversions narcissiques, que «la pensée perverse est une pensée créativement nulle et socialement dangereuse»."

La situation actuelle, fruit de la rencontre du libéralisme économique, de l'illibéralisme et d'une pathologie de la domination et de la soumission ? Et j'ajouterai, de la zéro-compétence ?

S'il est complexe d'établir un diagnostic à distance, rien, en revanche, n'interdit à l'imagination de s'emballer, de transposer tout ceci dans le cadre d'un roman. Il serait l'étude de psychologies, saisies dans leurs dynamiques, par exemple sur près d'un siècle -ce qui permettrait de brosser une fresque sociale et historique. Par ailleurs, force est aussi de constater qu'il existe des situations historico-économiques où certaines forces économiques ont intérêt à utiliser les névroses, les psychoses... Même s'il ne faut pas caricaturer. Mais le roman, lui, permet de forcer le trait. D'ailleurs, le neveu de Freud n'est-il pas à l'origine de la publicité, qui est de réinventer sans cesse un désir pour combler le vide? Tandis que le freudisme travaille sur le désir, surtout déviant, pour l'éteindre ou le sublimer - tout autant que les spiritualités.

Or, quand la prise de conscience s'est enfin faite en France que la démocratie était en jeu, de nombreux historiens apparurent non pas sur les chaînes d'actus permanentes -parfaitement déviantes de la réalité-, mais sur des chaînes You Tube de fond. Ils se mirent à étudier les analogies de la situation actuelle avec la situation pré-hitlerienne. De fait, quand on regarde le passé d'Hitler, c'est un fond de désamour absolu, un père qui viole sa mère, la bat, une violence insoutenable, qu'il a ensuite reproduit de manière industrielle. Et c'est, comme aujourd'hui, le flou des mots, où l'on taxe d'anti-sémites ceux qui condamnent la politique actuelle d'Israël, de manière à faire oublier les anti-sémites historiques. Peut-être, à force de dire tout le temps que l'autre ment, on finit par convaincre le corps social qu'il ment. Menteur, complotiste : les mots ne rendent plus compte du réel, tout comme dans certaines relations amoureuses on "aime à l'infini" et on quitte tout autant.

Bref, si vous mixez la fresque historique, les parcours individuels, si vous les rassemblez dans un creuset où ils vont résonner ensemble, en échos, vous posez déjà le décor d'un livre, qu'un auteur pourra qualifier de "thriller psychologique". Mais son but sera d'essayer d'éclairer le sens de notre époque, à travers les faits bien concrets que posent vos personnages. Mais, si Racamier qualifiait les pensées des pervers-narcissiques de "créativement nulle", je pense qu'il a eu tord sur ce point : au contraire, ils nous inventent une réalité, laquelle crée les grands désastres historiques et individuels. Je les crois très créatifs, au contraire. Au fond, Monsieur Macron lui-même est un grand personnage, possède quelque chose d'un Iago, est devenu un archétype. D'ailleurs, vient un moment où il l'avoue, de lui-même... Voir ici.

Pierre-Gilles Bellin

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