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Billet de blog 15 avril 2025

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Le vrai prix du nucléaire : l’héritage maudit des mines d'uranium

Exploitée de 1954 à 1980, la mine de Saint-Priest la Prugne dans la Loire a permis d’extraire 6900 tonnes d’uranium destiné à la fabrication de bombes atomiques ainsi qu’à servir de combustible dans les centrales nucléaires. Ces activités ont généré 1,2 million de tonnes de résidus contaminés qui ont été abandonnés sur place sous un plan d’eau retenu par un barrage en terre de 42 mètres de hauteur

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Depuis 1980, l’étanchéité de cette décharge radioactive, située au milieu d’un bucolique paysage, est soumise à une multitude d’aléas. Aujourd’hui, une nouvelle catastrophe se présente, le réchauffement climatique (accéléré par nos mortifères activités humaines) s’invite dans l’équation. Sécheresses infernales et crues bibliques, comme celle qui a frappé la ville de Valence en 2024, n’ont pas été prises en compte à la fermeture du site. 

Après des décennies de tâtonnements à la recherche de la solution, la « moins pire » Orano présente un nouveau projet pour sécuriser le site : remplacement de la lame d’eau par un couvercle solide de 18 hectares. La pérennité de ce nouveau dispositif est inconnue et sera de toute façon beaucoup plus courte que les millénaires nécessaires pour que la radioactivité ambiante retombe. 

Ce projet implique de détourner, une deuxième fois, la rivière Besbre. 

Le rapport présenté par Orano à la Commission de suivi du site des Bois Noirs le 10 avril 2025 se veut rassurant. Au fil des pages, l’on devine un niveau d’expertise très élevé et un nombre énorme d’heures de travail fourni par une armée d’ingénieurs qui voudraient nous convaincre que l’homme peut dompter les forces de la nature. Nous sommes nombreux à être dubitatifs devant une telle certitude qui confine souvent à l’arrogance technocratique.

Ce dossier cauchemardesque est un monumental cloaque radioactif fabriqué de la main de l’homme. Ce qui est frappant, c’est que jamais l’on n’y trouve la moindre allusion « philosophique » à un quelconque regret sur le « pourquoi et sur le comment en somme nous arrivé là ? » La pertinence sociétale de fabriquer des bombes atomiques assez puissantes pour vitrifier des millions de vies humaines ou pour produire de l’électricité gaspillée dans nos modes de vie délétères basés sur la surconsommation n’est jamais questionnée. L’industrie nucléaire n’est jamais honteuse du mal qu’elle fait à notre toute petite planète. 

Le défi technique est pointu. Il faut remplacer un plan d’eau radioactif d’une surface de 18 hectares, par des remblais sans laisser s’échapper dans l’environnement des tonnes de gaz radon très toxique pour la santé humaine. On nous explique aussi que les six tonnes de poissons contaminés qui seront capturés seront traité comme des déchets nucléaires...

Pour le budget de ce nouveau chantier pharaonique prévu pour durer cinq ans, c’est « open-bar ».  Des dizaines de millions d’euros vont comme d’habitude percoler dans nos impôts et nos factures d’électricité, et ce n’est que le début. Après avoir tué le futur de nos enfants, le démantèlement de l’industrie nucléaire va ruiner la France. *

Pierre Gleizes

* voir mon reportage photo « La France contaminée » sur l’héritage des 220 mines d’uranium qui ont été exploitées en France.  https://pierregleizes.com/portfolio/uranium/

Ma photo : Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Criirad avec un détecteur de radioactivité devant l’entrée obstruée d’une galerie de mine d’uranium. Saint-Priest la Prugne, 10 avril 2025

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