En toc, Macron ? J'ai bien peur que non.
Il paraissait palot, le candidat. Il paraissait bien creux son programme. Et pourtant il a réussi le pari de se faire élire.
C'est une victoire à l'ancienne, celle d'un homme providentiel promettant le renouveau à travers sa personne, s'élevant bien au dessus du peuple.
J'ai l'impression que ça ne va pas dans le bon sens.
Les têtes changent un peu, mais pas tant que ça. J'ai l'impression de les connaitre, ces inconnus ...
Je reconnais leur "réalisme", qui est la pensée unique des puissants. Ceux qui ne voient pas pourquoi il faudrait changer ce qui leur réussi si bien, et traitent d'utopiste quiconque propose de changer un peu le monde.
Je reconnais leur néo-libéralisme, qui depuis 40 ans grignote le vivre ensemble au dépend des plus faibles. Idéologie d'abandon du droit au profit de la force, qui veut simultanément imposer au faible la totale responsabilité de sa survie, et libérer le fort des responsabilités trop éloignées de ses intérêts propres.
Je reconnais l'idéal managérial, qui depuis plus de 20 ans provoque la disparition de l'intelligence métier dans les chaines de décision des entreprises au profit d'une culture du chiffre qui veut soigner les symptômes sans avoir à comprendre le mal, qui bricole sans recul et dilue les responsabilités.
Je reconnais cette certitude implicite de savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous, si propre à toutes les élites, et surtout à nos énarques depuis la fondation de cette école il y a plus de 70 ans.
Nous sommes à la fin d'un cycle, où la démocratie ne semble plus désirée ni par les élites ni par une bonne partie du peuple.
Macron n'est pas en toc finalement, et il sera monarque. Nous nous sommes choisi un nouvel homme providentiel, qui semble capable, intelligent et décidé. Il est taillé pour notre système politique, et vice-versa. Il règnera.
Sera-t-il un monarque bienveillant ? Un tyran sans états d'âme ? Ou un dirigeant de plus navigant entre la perte de ses illusions et la corruption qu'engendre le pouvoir ? L'histoire lointaine ne peut pas nous rendre très optimiste.
L'histoire récente non plus. L'ancien gouvernement a dérivé vers une forme de brutalité inquiétante au fil des crises et des années. Les signaux envoyés par le nouveau gouvernement sont autoritaires, hâtifs, et dans la continuité du pire.
Il aura une majorité confortable à l'assemblée, constituée de "jeunes" députés. Seront-ils capable de jouer leur rôle de contre-pouvoir ou allons nous dévaler sans frein la pente macroniste ?
Je pense qu'on a raté une occasion de changer réellement notre système politique, et qu'à la place nos institutions vont reculer de pas mal de décennies.
J'ai l'impression qu'on est mal ...