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Billet de blog 3 juillet 2016

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In memoriam : M. Rocard, Modeste Proposition pour Résoudre la Crise de la Zone-Euro

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Illustration 1

In memoriam: Michel Rocard & the Modest Proposal for Resolving the Euro Crisis

Par Yannis Yaroufakis

Ce fut avec une grande tristesse que j'ai appris le décès de Michel Rocard. Depuis 2013, quand il a écrit la Préface à notre Modeste Proposition pour Résoudre la Crise de l'Euro, Michel a été un interlocuteur précieux et un partisan. Il y a seulement quelques semaines, nous avions l'intention de nous rencontrer  cet automne à Paris pour discuter de sa contribution supplémentaire à DiEM25. Il va nous manquer.

Avant-propos de Michel Rocard à une  Modeste Proposition pour Résoudre la Crise de la zone  l'Euro.
« Une proposition modeste »: J'adore ce titre. La proposition est en effet modeste. Elle est modeste en ce qu'elle nécessite la modification d'aucun traité. Elle est aussi  modeste en ce qu'elle n'attaque pas directement la position souveraine d'un Etat majeur, l'Allemagne en particulier.
Enfin, la proposition est modeste dans la façon qu'elle a de se présenter comme rien de plus qu'un petit bricolage financier, sans avoir à lancer un débat bruyant sur les propositions fondamentales, mais controversées. Pourtant, elle n'est modeste, ni dans son ambition, ni dans son intelligence, ni encore moins dans son importance.

Son ambition est indiquée dans le titre : il ne cherche rien de moins que de « résoudre la crise de la zone euro».  Nous avons été plongés dans cette crise pendant cinq ou six ans. Chacune des solutions de fortune imposées sur les mécanismes de l'euro, les procédures et les institutions communautaires a provoqué de nouveaux tremblements et a conduit à un nouveau statu-quo qui, pour nombre de concernés, est loin d'offrir un apaisement durable.
Même si la crise semble moins imminente qu'elle ne le fût à moment donné, le fait que les gouvernements se soient endettés pour limiter les risques causés par l'énorme krach financier 2006-2008 laisse encore planer une menace permanente sur  les dix-huit pays qui utilisent la monnaie, dont la dette publique est libellée en euros, et menaçant ainsi donc l'euro lui-même. Cette menace qui ne pèse que sur une devise, vise également cet effort sociétal de dix-huit pays de se donner une force collective qui soit digne de leur passé. La menace est donc géopolitique et mondiale, comme l'est l'aspiration à la surmonter.
L'intelligence de la proposition est digne de son ambition. La combinaison de différents domaines de la connaissance (y compris la macroéconomie, la science financière, ou la loi des finances publiques) qui sont rarement convoqués pour intégrer leurs enseignements les plus sophistiqués, la proposition repose sur une utilisation subtile de l'étroite marge de manœuvre  que certains acteurs conservent des traités qui sont entièrement inspirés par la suspicion mutuelle entre les États signataires, ainsi que entre les États et les institutions qu'ils ont créées, tout en s'appuyant sur les intuitions les plus importantes de l'économie, qui pendant des décennies, ont été ignorées par les autorités monétaires.
Cette proposition affirme ainsi l'improbable, qu'elle puisse bien être une solution.
Je vais laisser au lecteur de découvrir la surprise et le plaisir de lire ce livre. Pour ma part, je n'ai trouvé aucune objection insurmontable qui rendrait ses revendications impossible.
Quant à son importance et sa portée, le livre ne pouvait pas être plus grave. Ce qui est tout simplement en jeu, si l'Europe est condamnée à une récession les effets impitoyables et leurs conséquences ne laisseront pas d'autre choix que le déclin, à moins qu'une autre vision des mécanismes économiques et de leurs règles puissent  conduire à des alternatives moins alarmantes. Tel est le défi auquel, les États à qui cette « modeste proposition » est adressée, doivent répondre. Le prix de la réponse si-nécessairement positive est la destruction des dangereux tabous malthusiens qui, actuellement, scellent  notre sort.
Michel Rocard, ancien Premier ministre, France

«Confrontée à une crise économique et sociale majeure qui nourrit la montée des nationalismes, la zone euro n’a plus droit à l’erreur. Il faut agir et vite !

Comment ? D’abord en partant du bon diagnostic. Non, le problème majeur n’est pas la dette. Celle-ci n’est que le symptôme d’un mal plus profond : l’architecture défaillante de la zone euro. Face à l’urgence, il faut se montrer réaliste et pragmatique : on ne va pas changer les traités et rouvrir des débats source de division.

Tout l’intérêt de ce petit ouvrage est de formuler une proposition immédiatement applicable pour sortir de la crise, s’inscrivant dans le cadre institutionnel actuel et propre à remettre la zone euro sur la voie de la prospérité.»

Illustration 2

Préface de Michel Rocard ISBN 978-2-36383-124-8
Date de parution 2 janvier 2014
80 p., 5 euros

En coédition avec l’Institut Veblen.


 
Modeste Proposition Pour Résoudre la Crise de la Zone Euro ( A Modest Proposal for Solving the Eurozone Crisis ), par James K. Galbraith, Stuart Holland et Yanis Varoufakis, avec une préface de Michel Rocard,  Les Petits Matins / Institut Veblen, Janvier 2014 .

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