L'épuisante romance amoureuse d'un hollandais volant

C'était pas au coin de la rue, en bas de chez lui, ou au bar juste à côté du carrefour voisin qu' Alexander Peter avait donné rendez-vous. Non c'était carrément au diable vauvert qu'il avait  rencard. Sacré bonhomme pour un Foutu rencard.

Faut dire que ça faisait des mois qu'il était sur la brèche. Qu'il pensait qu'à ça. Night and Day. Imagine ... Sa guerre de tranchée à lui. Sa ritournelle en boucle. Que ça lui accaparait l'esprit, et pas qu'un peu. C'est pas compliqué !... Corps et âme, qu'il était habité, possédé le hollandais.

A en avoir des visions, qu'il chérissait. Comme jamais homme a chéri. Folie que ce premier matin du monde ... En quête duquel tant et tant ...

Il eût été en pleine tempête, comme peut-être l'un de ses ancêtres dont on sait qu'ils avaient des appétences pour le long cours, et sur le pont d'un navire en perdition au beau milieu des éléments complétement déchainés par une nuit polaire où le peu de lune qui transparait d'entre les noires nuées qui filent  à toute vitesse darde son coup de projecteur rapide comme un clap de fin de film sur les dégâts qui faisaient qu'empirer dans les voilures affalées par les vents qui jouaient les filles de l'air déchainées, il eût été seul maitre à bord, obligé de maintenir le cap pour pas sombrer, que ce n'eût pas été autrement. L'homme de quart l'était en permanence. Ça faisait des plombes et ça lui tenait lieu d’oxygène. L'espoir avait dessiné la première esquisse de la promesse suprême auquel le feu de son courage à l’épreuve du silex de sa détermination allait donner vie et présence.

L'annonce faite à Mme Zhang

Ni une, ni deux, décision bien prise n'étant plus à prendre, en moins de temps qu'il n'en faut à la foudre de choisir son impact, Alexandre Peter, 41 ans, tout à son bonheur, en parfaite forme physique, en pleine possession de ses moyens, sain de corps, cœur, âme et esprit, dans un élan que n'eût pas renié Cervantès, et qu’eût pu jalouser son héros, câble à Mme Zhang, son aimée, sa divine promise, dulcinée de l'autre bout du monde, une reproduction photographique, envoie par mail une photo de son billet d'avion, où sont dument portés, les indications concernant, comme il se doit, le lieu d'arrivée, à savoir l'aéroport International de Changsha Huanghua dans le Hunan, République Populaire de Chine, ainsi que, bien évidemment, le jour de l'arrivée, l'heure et le numéro du vol à bord duquel a pris place Alexander Peter Cirk, en provenance des pays-bas.

Le temps d'obtenir un visa et de sauter dans un avion ... Et de faire une surprise, celle de sa venue, à sa bien-aimée.

4500 kilomètres plus loin, par delà monts, océans et continents, et après pas mal d'heures de vol plus tard, le fringuant tout jeune-quadra hollandais, rasé de prés, de frais dans le petit espace exigu réservé aux toilettes de l'appareil, débarque à l’aéroport international de Changsha Huanghua, au lieu, jour et heure dits.

Débarquements et repérages des lieux !  ... Que nenni ! point de Dame Zhang pour l'instant, en vue. Qu'à cela ne tienne, Alexander Peter n'est pas homme à se démonter pour si peu. Il avise un siège dans le terminal et s'y assoie ... y patiente.

Attend ... Attend ...

Patiemment ...

Attend sa dulcinée, rencontrée via un logiciel de rencontres sur Internet et avec laquelle il a entretenu une correspondance énamourée, réciproquement énamourée, riche d’échanges et promesses de lendemains et de futurs, de joie et de bonheur. 

Rêve ... de la belle Mme Zhang, âgé de 26 ans avec laquelle Alexander Peter convole en juste-espoir de noces à venir.

Mme Zhang :  Chinese Pokewoman

Et s'installe dans le terminal et dans l'attente ...

Mais le temps de l'attente est redoutable pour qui s'y enlise. Et l'esseulé fut l'objet d'attentions.

Des mirages aux moulins de mon cœur.

Alexander Peter Cirk refusa de quitter l'aéroport de Changsha Huanghua  alors que les autorités le lui conseillaient avec les arguments de bon sens aisément imaginables.

Tant et si bien, qu'au bout de dix jours, 10 jours d'attente sans mollir pour cet hollandais entêté , qu'à bout de force, sans plus une once d'énergie, vidé, épuisé, terriblement marqué, les autorités, craignant pour sa santé et sa vie, décident de conduire Alexender peter Cirk qui campe sur une banquette de terminal d’aéroport chinois à quelque 5000 km de chez lui, à l’hôpital.

« M. Cirk a finalement été emmené à l'hôpital souffrant d'épuisement physique » selon Hunan TV qui ébruita la chose qui émut beaucoup jusqu'à l’intéressée elle-même, la belle Mme Zhang, qui finit par prendre contact avec la chaine de TV pour s'expliquer et donner sa version des faits. 

« Un jour, il m'a envoyé une photo de billets d'avion comme ça sans prévenir et ne m'a plus contacté. J'ai pensé que c'était une blague »

« Nous avions évolué au cours de ces deux mois d'échanges vers une relation amoureuse romantique, mais ces derniers temps, il semblait qu'il se faisait plus dur ».
Alexander Peter Cirk, peu de temps après sa sortie de l’hôpital, s'en serait retourné, le cœur lourd et fort dépité, chez lui, aux pays-bas.

 Peut-être avec le secret espoir de retrouver sa belle, en ligne cette fois-ci !

 Mme Zhang, laquelle, quant à elle, formulait, assez étonnamment, l'espoir de poursuivre, malgré ce faux pas de premier rendez-vous manqué, leur relation via le net.

 Les avis divergent qui vont bon train, de part et d'autre, qui estiment, supposent,  « que peut-être Mme Zhang vint bien à l'aéroport mais ne reconnut pas l'homme avec lequel elle échangeait »,  « qu'en fait de jeune femme, elle fut bien plus âgée, d'où la chirurgie esthétique » ... « ...» ... et tous de louer l'ahurissante sincérité, l'incroyable loyauté de cœur d'Alexander !