Le jeune Lisandru Plasenzotti a enfin été hospitalisé. Et il en a fallu. Articles de presse, presse nationale et régionale, radios, grève et nombreux débrayages du monde enseignant très " remonté ", le lycée Fresh débraye et le mouvement s'amplifie, les associations et groupes politiques battent le pavé, mobilisation et interventions d'élus locaux et nationaux, lettres ouvertes appelant à la raison, les témoignages de son avocate qui n'a pu avoir accés à la pièce, l'unique pièce de ce dossier, dont la réalité - une, chaque-jour-davantage-hypothétique trace d' ADN soi-disant trouvée sur un sac en plastique - commence à être sérieusement mise en doute, refus de confronter, à la demande du jeune homme et de son avocate, les trois autres personnes, mises en examen dans cette affaire " Mon fils ne les connaît pas et on lui refuse des confrontations ", conférences de presse, le jour, le soir, la nuit dans le vent et sous la pluie - comme hier soir à Ajaccio - , intervention de la LDH, médecins alarmés et inquiets de l'irréversibilité de possibles séquelles dues à sa grève de la faim de ce petit gabarit qui a perdu une vingtaine de kilos en quarante-quatre jours, " sa mère l'a à peine reconnu ", ses parents sortent effondrés aprés l'avoir vu, son médecin, on ne peut plus inquiet, un juge, qui s'octroit quelques jours de vacances, et campé, arc-bouté sur ses positions à l'intransigeance absolue, dont le but évident est de le faire parler - suspect de savoir quelque chose ! - mettant en danger la vie d'un jeune homme dans une prison française, où la privation de la liberté revêt, à l'image de l'inquisition, les atours qui ressortissent au registre des modes de torture remis au gout du jour, dans la patrie des droits de l'homme - mise au secret, aux oubliettes, le temps supposé nécessaire que se délie une langue qui n'en finit pas de clamer, autant que faire se peut, dans son état, qu' "on" a laissé empirer dans des proportions inimaginables et humainement impensables, " innocence et totale incompréhension ", quant à ce dont il est l'objet, quant à ce dont il est victime. La victime. Je reviendrai dans un billet ultérieur sur l'une de ces " mises à l'ombre, de ces mises au secret, au cachot uniquement légitimées par la volonté de briser un être humain, qu'on suspecte de ... " Savoir quelque chose ".
A ce stade de l'incurie judiciaire, point sera, bientôt, besoin des "aveux " extorqués, d'ailleurs, de quelque façon que ce soit, la suspicion même, la seule suspicion aura valeur d'aveux et de preuve. Il était des régimes, dans un proche passé qui nous rattrape à une vitesse effarante - Tarnac - dont les procédures ne s'embarrassaient guère ni d'aveux, ni de la moindre preuve. Et au besoin les inventaient. Ces temps sont de retour. Et, avec l'invraisemblable retour de tous les spectres de l'injustice et de la déraison.
Cet après-midi, à 14 heures, la cour d'appel d'Aix-en-Provence statuera sur la énième demande de mise en liberté formulée par la défense de Lisandru Plasenzotti.
« Lisandru Plasenzotti, notre surveillant est incarcéré aux Baumettes depuis le 20 novembre. Depuis le 20 novembre, il ne s'alimente plus. Depuis le 20 novembre, il attend d'être entendu par le juge »
Considérant que c'est la « pression citoyenne » qui a conduit à faire hospitaliser leur jeune collègue lundi après-midi, les personnels du collège rappellent qu'avant d'être l'un des leurs, Lisandru Plasenzotti a été l'élève de la plupart des enseignants du collège. Dans leur communiqué de soutien, les personnels louent son « sérieux » et s'insurgent contre un sort qu'ils considèrent comme « intolérable, indigne, insoutenable et incompréhensible ».
« Nous refusons une justice qui bafoue les valeurs humanistes fondatrices de notre enseignement »


http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-guerrini/291211/monsieur-choquet-lisez-eichmann-jerusalem-lettre-du-pere-de-lisandr