Les répétitions d'Olindo, ... Olindo Cavadini,
Elles se déroulaient Rue-st-Denis, en un premier temps, dans un quartier jadis haut en couleur, reconverti, peu à peu, dans à peu près tout ce qui lui permettait, municipalité aidant, d'échapper à ces anciennes attractions et notoriétés.C'est ainsi et dans ces lieux, qu'Olindo dispensait ces cours de théâtre, y offcia des heures, et des heures durant. Une impasse, deux étages d'un escaliers de bois, une porte à gauche, une petite pièce et la seconde pièce. Des chaises et une scène.
C'est le bouche à oreille qui fit se remplir peu à peu, et puis à chaque fois un peu plus, ici et là, un nouveau, nouvelle tête, une nouvelle, encore une autre, plusieurs, un petit groupe, copins, copines, et puis densement, comme les oiseaux d'Hitchcok qui envahissent, cette petite pièce très sombre aux tentures noires, finalement bourrée à craquer, de quelques dizaines de chaises placées devant une courte scène
Seul au départ ou presque, sorte d'auditeur-voyeur libre, squatteur béni des dieux auquel ils présentent, dévoilent une étoile, à ne pas faire partie des élèves de l'école de théatre et cinéma, je fus, sur le champ, sidéré et carrement ravi, et ce, dans les deux sens du terme, ravi, j'étais enlevé, ravi, je sombrais dans le ravissement, enlevé à moi-même, je sombrais dans un ravissement profond, le plus profond, le plus total, d'autant plus subit qu'inédit, qu'inoui, un bain de bien-être, j'étais enlevé à tout ce qui n'était pas ce à quoi j'assitais, enlevé, j'étais élevé, ravi, je baignais dans le merveilleux de ce à quoi je venais d'assister. De ce à quoi, je savais que je n'allais plus manquer d'assister.
De ce à quoi j'allais, durant deux années, assiter, quasiment rituellement, non pour le rituel mais pour son excellence, pour l'immarcescible brillance de son excellence, chaque samedi aprés-midi pendant quatre à cinq ou six heures. Cinq ou six heures d'affilées. Un régal.
J'avais souvent par le passé déjà assisté à bien des répétitions, à des travaux, à la mise en place de ...Par, souvent, de vrai fous de théâtre, invités du monde entier. Même ce vieux fou de Russe, invité officiel, qui donnait ses répétitions au théâtre du rond-point, ne lui parvenait pas à la plus petite et moindre expression de son inspiration continue et joliement créatrice. Je faisais en ce temps là, et bien sûr rétrospectivement, alors que je croyais m'esbaudir des audaces du russe, je faisais en réalité, ceinture, et ne le sus que plus tard, je faisais ceinture. Ceinture de génie.
Voir, assiter aux répétitions d'Olindo, comme il fut coutume de les apeller, était un vrai régal. Un enseignement, parfois caustique, caustique, drôle et riche, riche comme un fleuve d'alluvions de la vie, et qui vous laissait atermoyer, longuement, durablement, entre une réflexion inhabituelle et une sorte de joie enfantine qui perdurait. Une fête hebdomadaire, une rencontre. Avec le génie.
Alors osons un emprunt... J'ose l'emprunt : le génie existe, je l'ai rencontré.
Et le génie est bénéfique.Le génie est bienfaisant.
il n'est pas trés courant d'assister à l'expression artistique d'un monsieur hors du commun, brillantissime et génial. Un génie du théatre, de la mise en scène et de la direction d'acteur.
Et, ainsi, tant et si bien qu' à force de temps et de travail de cet incommensurable continuum d'énergie tellement dense, zébrante zébrure de l'éclair d'une pensée rieuse et affriolante, irradiante comme l'éclair, orageuse comme une perpétuelle tendresse, qui, jamais démentie, ne se départirait pas d'elle-même, et tant inspirée qu'elle fait légèrement voleter ici, et danser de là, sourire en soi, rire à l'autre, gestuelle , regard, respiration d'une salle à l'unisson, rires intérieurs, esclaffades soudaines, trouvailles à l'emporte-bonheur,...tant et si bien que finalement, tant et si bien, donc, qu'un acteur l'enleva, un acteur désireux-de-l'être le choisit, lui, le maître-à-ses côtés, pour mettre en scène, le diriger, et le chargea donc de mettre en scène , précepteur théâtral qui sut répondre présent au souhait d'un acteur, d' un acteur seulement , d'un seul acteur, qui sut, savait, comprit, qu'être dirigé par Olindo équivaut à bien plus qu'à être dirigé, se produire , que bien plus que se produire, que jouer sous la direction et la férule inspirée et tellement amicale d' Olindo Cavadini est une expérience dont longtemps, très longtemps, longtemps aprés, tellement longtemps aprés, on reste paré de sa puissance bienveillante, protectrice, de même que, dans les temps anciens, et pour les situer plus précisement, du IV eme av-JC au II après JC, de l'expérience du cours de philosophie, Plutarque dira que, même au plus rétif des auditeurs, il en restera toujours quelque chose de ce qui lui est tombé au creux, au fond de l'oreille...
Et ce creux de l'oreille, nous pouvons l'aller tendre, devant la mise en scène d'Olindo Cavadini :
Une liaison Pornographique de Philippe Blasban - Mise en scène Olindo Cavadini au Théâtre Le Guichet Montparnasse.
Assister aux répétitions d'Olindo Cavadini est partager le temps et l'espace avec un sage, car comment tant de bienveillance et de joyeuse inspiration créatrice sans qu'elles ne soient l'expression d'une sagesse, mais une sagesse tellement infinie, infinie et pourtant humaine, tellement humaine, et en même temps si peu, si peu humaine, par sa rareté.
Jusqu'au timide et au benet, qui, avec lui et à son contact, cet invraisemblable contact dans un tellement-si-proche-à-même-vous, que l'évidence se fait comme une révélation, que tout concourrait à ce moment, à cette expérience, tout en vous, vos actes, vos attentes, vos résistances, vos espoirs, vos failles, tout cela, tout concourrait en vous, tout concourrait à ce moment, et, sans lequel vous n'auriez même pas su l'incomplétude dans laquelle vous auriez erré...
Jusqu'au timide et au benêt, donc, ce benêt toujours-faussement-benêt-et toujours par une somme-d'autres , qui se découvraient soudainement, cotoyer en leur sein, comme la présence de l'ombre d'un double en eux, cet être de génie, et, dont ils n'auraient jamais imaginé ne pas être privé.