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Corse ! Sans en faire un fromage, le CETA dézingue le Brocciu en plein vol.
Descendu en plein vol avec la perfide complicité de traitres, le Brocciu, ou brucciu ou encore brocciu corse (prononcer bròtchiou), est une appellation fromagère en langue corse, protégée par une AOC depuis 1983 et une AOP depuis 2003, Brocciu et brocciu corse, les deux dénominations retenues dans le décret d'AOC, ici le Décret relatif à l'AOC " Brocciu corse " ou " Brocciu ", fierté gastronomique insulaire sans pareille et sans égale, depuis que la Corse est la Corse, au bas-mot quelques nombreux millénaires, peut-être même date-t-il de ces temps où l’ile de Corse se détachait de la péninsule Ibérique qui en porte encore la trace de la découpe des côtes, le Brocciu est en passe de perdre son appellation AOC protégée.
Et ce n’est pas l’intermède sur sa fin de deux cents ans de présence française sur le sol de l'ile, deux cents ans d'embastillage forcené et vindicatif qui se poursuit encore et toujours, qui en aura raison.
Foi de corse, ces boues rouges de l’insane usine à fric que sont devenues ces diktats internationaux où c’est le plus fort de la cour-de-récré qui fait la loi et rackette et rançonne à tout va absolument tout le monde, sans que jamais ceux là même, ces insensés politiques impuissants et bien trop vélléitaires censés veiller au bon déroulement des choses et au respect des intérêts de chacun des protagonistes n’y mettent le salutaire holà, que d’aucun n’espèrent plus.
C.E.T.A., c’est le cousin germain à T.a.f.t.a. qui marque le pas, accuse le coup, tandis que son cousin canadien fait la course seul en tête et se révèle sous un angle au moins tout aussi redoutable que celui sous lequel tous percevions Tafta.
Et, ... C’est toute une filière, très sourcilleuse, cette filière de l'excellence corse, - pléonasme - quant à la qualité de ses produits tout au long de sa chaine de production qui se voit de la sorte possiblement lourdement pénalisée.
Le roi François le français, Notre Louis XVI local et actuel, tout aussi brillant expert comptable, qui connait sur le bout des doigts - voir sa prestation auto-promotionnelle sur Tf1 - ses dossiers que son lointain ancêtre, qui y laissa sa tête - et celle de sa femme du même coup et de pas mal de milliers d’autres - l’était en horlogerie, deux sciences, qui, on le voit, ne se révèlent pas d’une très grande utilité dans la direction des affaires publiques, notre Louis XVI local, bonhomme et actuel,qui ne soutient plus sa paysannerie et favorise la très cordiale entente anglo-canado-saxonne risque fort de se retrouver avec une jacquerie sur les bras, qu’il lui faudrait aussi nombreux que ceux du Bouddha pour espérer traiter, dans la foulée du peu de mois qui le séparent du terme de son mandat, les dossiers par myriades de toutes ces populations et corps de métiers maltraités.
Ci-dessous, un passage du dernier billet de José Bové, publié le 2 Mai, sur son blog de Médiapart : " Accord de libre échange avec le canada : l' Union européenne sacrifie ses fromages ! ".
« … Mais l’Accord va bien plus loin : L’Union-Européenne va lui sacrifier les 90 % de ses Appellations d’Origine Protégée.
Aujourd’hui, la labellisation AOP est la garantie pour un producteur que son savoir-faire et le terroir qu’il fait vivre sont uniques et ne seront pas plagiés.
C’est un parcours du combattant. Lorsque la reconnaissance officielle arrive enfin, elle fait la fierté des paysans qui se considèrent, à juste titre comme les passeurs d’une tradition. Pour les consommateurs, c’est la garantie d’avoir un met de qualité, produit selon un cahier des charges exigeant.
La France compte 45 AOP de fromage, dont le Roquefort, première AOP de l’histoire, obtenue en 1925, 3 de beurre et 2 de crème.
Dans cette liste se trouve des noms qui nous sont familiers comme le Comté, le Rocamadour, le Laguiole, l’Ossau Iraty, le Broccio, le Salers, le Bleu de Gex, le Pélardon…
Les Appellations d’Origine Protégée sont loin d’être une spécificité hexagonale. L’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Allemagne, le Royaume-Uni ont fait reconnaitre bières, fromages, salaisons, huiles d’Olives.
Au total près de 1400 produits qui font le bonheur des gastronomes ont obtenu cette reconnaissance de l’Union européenne. De nombreux autres, en particulier dans les pays de l’est de l’Europe, sont dans l’attente de décrocher l’étiquette rouge et jaune.
Mais revenons à l’accord qui nous préoccupe. Il faut aller dans les détails du CETA pour se rendre compte de l’étendu des dégâts... suite donc … »

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Le Brocciu rayé des AOC protégées !
Le C.E.T.A., abréviation anglaise, est l’Accord Économique et Commercial Global entre le Canada d’une part, et l’Union Européenne et ses États membres de l’autre.
Le T.A.F.T.A., autre abréviation anglaise, est le Traité de Libre Échange Transatlantique qui doit lier les Etat Unis et l’Union Européenne.
Les deux sont évidemment liés, et si TAFTA est en panne, CETA avance à marches forcées.
Or le contenu de CETA préfigurera automatiquement celui de TAFTA.
CETA doit être adopté avant fin 2016, et la Commission Européenne a récemment transmis aux députés européens un « document d’information » qui détaille le futur accord.
Ce document compte 1598 pages !
Car tout est passé en revue, dans chacune des dix provinces canadiennes, et dans les vingt-huit Etats membres de l’Union Européenne. Et bien sûr, la Corse est concernée, à son détriment, puisque le traité prévoit de ne plus protéger le brocciu comme Appellation Contrôlée !
Au siècle dernier, ce sont les traités signés au lendemain des guerres militaires qui ont changé le destin de peuples entiers : Traité de Versailles et ses « remaniements territoriaux » aux frontières allemandes (Alsace, Pologne), à la fin de la guerre de 14/18, Traité du Trianon qui a dépecé la Hongrie, Traité de Saint Germain en Laye qui a annexé le sudTirol à l’Italie, etc….
Au XXIème siècle, les accords de libre échange sont désormais les nouveaux traités qui régiront demain la vie quotidienne des citoyens. Avec des conséquences colossales parfois. Ce nouveau « droit économique international » s’est d’abord forgé sous l’égide de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’OMC, qui, de sommet en sommet, s’est retrouvée en situation de blocage entre les trois grandes entités de l’économie mondiale : les pays riches (Europe, États-Unis, Japon,…), les pays « montants », appelés BRICS pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, et la cohorte des pays les plus pauvres.
Constatant la situation de blocage de l’OMC, les pays riches, impulsés par le lobby impressionnant des multinationales qui en sont issus et qui dominent l’économie mondiale, ont initié un processus d’intégration économique entre les Etats-Unis, dont l’allié naturel est le Canada, et l’Union Européenne.
Leur principal objectif est de finaliser des traités qui augmenteront les échanges économiques potentiellement créateurs de richesses, et, dans le même temps, d’obtenir de nouvelles opportunités pour asseoir leur croissance et leur hégémonie.
Derrière chaque traité, CETA ou TAFTA, il y a de véritables armées qui s’affrontent par lobbying interposé, les gouvernements agissant le plus souvent au nom d’intérêts économiques qui leur échappent tant les multinationales de l’industrie, de l’agriculture, des services et de la finance ont aujourd’hui une dimension qui dépasse celle des États, y compris aux USA.
Qu’apprend-on pour la Corse à la lecture des 1598 pages du projet de traité CETA ? :
Il nous a fallu l’aide de José Bové et de ses assistants pour lever le lièvre au milieu des centaines de pages des dispositions qui figurent dans les annexes, notamment l’Annexe 20-A 1ère partie, page 516 à 525, qui liste les « Indications Géographiques Identifiant un Produit d’Origine dans l’Union Européenne », en clair tous les produits d’origine qui resteront protégés des contrefaçons une fois le traité CETA, et après lui le traité TAFTA, mis en application.
Les produits listés pour la France vont de la page 519 à la page 521.
On y trouve, pêle-mêle, le Jambon de Bayonne, le piment d’Espelette, la lentille verte du Puy, et, pour les fromages, le Comté, le Reblochon, y compris sa variante d’origine « Reblochon de Savoie », le Camembert de Normandie, le Brie de Meaux, le Morbier, l’Epoisses, le Beaufort, le Munster, la Fourme d’Ambert, et bien d’autres dont bien sûr l’inévitable Roquefort, seule AOP mentionnée pour la France concernant du fromage de brebis.
Or il y a en France trois AOP pour des fromages de brebis : le Roquefort, le fromage basque Ossiau Iriarty, et le Brocciu corse.
En éliminant le Brocciu corse du traité, on supprime la protection dont il bénéficie, et on ouvre ainsi la porte à des fabrications hors de la zone d’appellation qui pourront elles aussi s’appeler Brocciu.
Il y a quelques années, un retentissant procès avait opposé les producteurs italiens AOC de parmesan à une multinationale américaine qui avait décidé d’en fabriquer et de le vendre sous cette appellation aux USA.
Après plusieurs années de procédure, les producteurs italiens ont remporté leur procès, et ils font bien sûr partie de la liste des produits protégés par l’UE dans le cadre de CETA et TAFTA.
Ce qui ne sera plus le cas du Brocciu corse !
D’autre part, qu’adviendra-t-il des AOC en devenir comme la charcuterie ?
Le traité signé, il deviendra impossible de les faire prendre en compte sans une modification qui ne peut intervenir qu’en cas d’accord unanime, autant dire jamais.
Si bien que l’on pourra en toute légalité produire une charcuterie corse outre-atlantique !
En n’ayant pas été mentionnés sur cette liste par les négociateurs français, les producteurs corses, comme les producteurs basques, ont été littéralement trahis.
Et il faut que l’accord n’entrave pas les autres démarches AOC dont la Corse a impérativement besoin pour développer son agriculture.
L’ALE se joindra à José Bové au Parlement Européen pour rétablir le brocciu corse.
Nous faisons appel à la Collectivité Territoriale de Corse et à tous les professionnels corses pour faire entendre leur voix et obtenir que le traité final ne puisse être adopté en l’état.
François ALFONSI
Ex-député européen
Président de l’Alliance Libre Européenne
" Malheureusement la mondialisation des lobby financier dirige le monde, la dimension humaine disparaît et avec elle les régions ainsi que la diversité culturelle et alimentaire. Nous voyons, du moins pour beaucoup d'entre nous, notre vie à la dimension de notre région, eux voient à la dimension mondiale, nous voulons vivre heureux chez nous, eux veulent faire du bénéfice sur nous, nous ne sommes au final que des numéros pour eux ... Eux n'existent pas pour beaucoup d'entre nous.... Notre division fera leur victoire. " Rémi B.