pierre guerrini

Abonné·e de Mediapart

604 Billets

3 Éditions

Billet de blog 8 juin 2017

pierre guerrini

Abonné·e de Mediapart

Le terroriste des toilettes du tgv libéré ou une Guerre des Mondes à la française

pierre guerrini

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Alerte terroriste en garde de Valence-TGV :  Un TGV pris d'assaut en pleine gare de Valence par trois corps d'armée. 

Pas moins de trois corps de gendarmerie furent mobilisés par les autorités.

Les militaires de la Brigade de Bourg-de-Péage, auxquels se sont joints les militaires stationnés en garde de Valence-TGV ( gare et environs proches, on s'en doute et se l'imagine, entièrement sécurisés ) ainsi que le PSIG, Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie, de Romans-sur-Isère, formé à intervenir en cas d'attentat, prirent d'assaut le TGV qui assurait la liaison Marseille-St-Charles à Paris, exceptionnellement arrêté en gare de Valence TVG (Drôme), le mercredi 7 juin.

Vers 14h, le contrôleur de ce TGV Marseille-Paris a entendu une voix qui provenait des toilettes, à l’intérieur desquelles il percevait nettement la voix d'un homme, qui parlait fort, très fort et en anglais. Il a identifié des mots, des mots en anglais et qu'il a compris " armes" pour Weapons selon France Bleu Drôme Ardèche.

L'homme enfermé dans les toilettes n'en ressortait pas, et continuait à parler à haute-voix. Le contrôleur en a conclu à un risque de forte menace terroriste. Le cheminot a donné l'alerte, aussitôt relayée aux autorités qui prirent, dans le contexte qu'on sait, la menace très au sérieux, prirent toute les mesures qu'on sait et qu'il faut et déclenchérent l'intervention qu'en pareil cas il sied de déclencher.

Thomas Gonzales met un TGV et une région en branle bas de combat.

Les portes automatiques du train à peine ouvertes, les militaires eurent tôt fait, action-devant, de s'y engouffrer à toute vitesse, à la queue-leu-leu et tout aussi vite fait de rejoindre et de se positionner, action-stop, devant les toilettes à l’intérieur desquelles étaient retranché le terroriste.

Et ...

Et de l'en extirper.

D'en extirper Thomas Gonzales. Joliment flippé. Du coup. Thomas et les Robots-Cops. Ceint au milieu des Robots-Cops et Unités d'élite. L'acteur Thomas Gonzales tout à son interprétation, grandiloquente, enlevée et inspirée, joliment sonore, et, les robots-cops, tout à leur action, sur le même plateau, la même scéne impromptue-exigüe, le seuil de devant les toilettes du TGV St Charles - Gare de Lyon.

Tous, robots et acteur, tout emmêlés d'eux-mêmes qui n'auraient jamais du se croiser dans cet endroit exigu qui n'auraient jamais du les réunir.

Lui. Eux.

Lui tout en extériorité déclamante. Eux, tout en obligation d'efficacité concentrée maximum ... Pas franchement des tendres. Pas franchement des drôles. 

Une happening, à trois acteurs principaux, et une multitude d'autres.

- L'acteur principal : " avec le boucan que fait le train, j'vais pouvoir me lacher et travailler mon texte !!! " C'est réussi !

- Le contrôleur, acteur malgré lui, entre réalité et fiction, mais élément déclencheur et aléatoire de la rencontre improbable. A jouer son rôle à la perfection. A convaincu le chef de train qui a convaincu les chefs de la sécurité jusqu'au Préfet qui a du aviser en haut lieu. Il s'en souviendra ... Ils s'en souviendront.

- Les responsables de la sécurité nationale. (restés hors-champs)

- Les militaires statiques, tout corps confondus, à l’intérieur comme à l’extérieur de la gare.

- Les militaires actifs " à l'attaque de la diligence "

- Les voyageurs pris en otage pas informées, et pour cause, que ... " l'armée allait prendre d'assaut le train pour y mettre hors d'état de nuire un terroriste caché dans les toilettes.

 On imagine la tête du seul spectateur et participant malgré lui, pris dans ce happening, maelström de folie contagieuse, le contrôleur.

" Morte de rire "  écrit Mari-Mai  " C'est un copain, un acteur, Thomas Gonzales qui se met à répéter son texte aux toilettes d'un TGV, en se disant qu'on n'entendra pas avec le bruit du train, et la suite... Complètement fada à la SNCF, mais Thomas s'est vraiment fait braquer par le GIGN et le train a vraiment été arrêté à Valence !!! ".

Le texte était la transcription d'un document audio où un noir américain qui se fait mettre en joue fait valoir ses droits.

" Une performance situationniste, un happening exécuté de main de maître, même si involontaire, deux heures quand même au commissariat de Valence...  On a fini par le taxer de Galabru et le pauvre, c'est qu'il a quand-même réellement dû flipper au moment où le GIGN l'a sorti des chiottes !"

" Il devait être dans son monde, je le vois bien, bref ailleurs et tout à coup la réalité qui surgit avec des armes en vrai...."

La suite,

L' Interpellé, peut-être promu à un brillant avenir sur les planches, revisitant du coup et le réitérant à son échelle, l'exploit du jeune Orson wells qui, sur les ondes de CBS en 1938, déclencha, dit-on, un joli vent de panique et des troubles à travers tout le pays avec sa dramatique, La Guerre des mondes, qu'il dut déclamer et interpréter à tel point de crédibilité et d'incarnation qu'il la rendit réelle, bien réelle et à tel point que des martiens furent vus, panique totale,  l'interpellé fut emmené à la gendarmerie de Bourg-de-Péage pour être interrogé.

Les militaires ont compris qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Ce voyageur n'avait aucune arme. C'est un comédien français, il répétait seulement une pièce de théâtre, en anglais. La hiérarchie fut informée. Le dispositif de sécurité fut levé. Le voyageur-comédien fut remis en liberté.

Il déclamerait toujours.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.