http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/071011/la-rom-lenfant-selon-gueant
Tout ça pour une tablette de chocolat. Je me souviens lors d'un récent voyage à Damas, dans la Syrie du soi-disant terrible Assad, où, avec un simple visa touristique accordé sans problème, pas la moindre question, m'être, aux alentours de l'oasis millénaire qu'est cette ville, l'une des plus vieilles villes habitées du monde, donc tranquillement hasardé dans sa banlieue-nord, très pauvre, extrêmement pauvre, au milieu et parmi des populations émigrées, réfugiées, nombreuses, très nombreuses. Chaque jour un nouveau bout de tôle sur une nouvelle cahute de bois et de cartons, abris de fortunes de Palestiniens, Irakiens, Pakistanais et autres Afghans, et de ceux qu'ont dirait par chez nous, roms, roumains, ou autres indésirables en France avec toute une organisation étatique pour les en chasser.
J'ai aimé cette dame suspicieuse qui renifle à distance la fausse monnaie, dans des mains pas propres, et, qui, alerte notre hexagonale Geheime Staatspolizei locale qui rapplique et entame sur le champ sa sale besogne. They do the job, en langue impériale. They do the dirty job...Dirty men...For a dirty job. Sale pays. Sale grisaille de papier mâché du billet de banque , ça grouille, le cadavre grouille de vers, ça grouille tellement qu'on le croirait vivant à le voir remuer et se tordre, il est perclus de trous, bouffé aux mites, le torchon tricolore, la rutilante serpillière, nauséeuse, passée à la javel des pauvres, ...leur sang ! ...C'est la Javel du pouvoir. Ils lavent leur crasse dans le sang des pauvres ! ...Ils ont une organisation pour ça ... Toute une organisation...Avec un responsable, un chef, un chef qui fait des phrases explicatives, puis d'autres responsables et d'autres phrases, encore explicatives, et encore d'autres, et des bureaux, des téléphones, des ordres, des secrétaires, des déplacements, et tout ça qui dégringole, plus des phrases, mais des coups ! ... Sirènes hurlantes, ou pas, selon le cas, déplacements en masse, casqués, bottés, engoncés, armés, direct sur une femme, un enfant, petit, tout petit, l'enfant - c'est mieux - dans une histoire de chocolat.
Le ver monétaire ...Et Job n'a qu'a bien se tenir, dans sa tombe, où c'est qu'il a finit quand-même par aller, et , où il doit quand-même bien se retourner... Ils les soumettent grave à la tentation... Quand-même! Tu vas le renier, sale rom, ton dieu ! ...Tu vas le renier ...! Ton dieu de pauvreté, pauvreté et liberté ...! Ils ont rien dit pour la dernière guerre, roms et tziganes et autres ! Avec tout ce qu'on leur a fait ! Tout ce qu'ils ont dégusté ! ...Rien dit après coup ! ... Rien réclamé, pas de demande de reconnaissance ..! Rien ...Alors, pensez ! ...Des faibles pareils...On leur refait le coup ...Peuvent déguster encore ! Vos papiers ! Même pas ...Pas besoin, ces gens-là, ils ont leurs papiers sur leur gueule, une vrai gueule de papier maché, gueule torve, morve de rom...C'est qu'on est devenu très connaisseurs en matière de gueule...A chaque type, son type de faciès, y'en a pour tous ! ...De vrais anthropologues, ils ont le nez fin, reconnaissent, flairent le faciès, ...Tous, autant qu'ils sont, ils les flairent, les identifient, les reluquent et finalement...Allo, la police ...! " Gueule de rom et billets de banque " , " Argent, bagnoles et gueules de Roms " ...Nous arrivons ! ...Arrachage de l'enfant...! Séquestration de la mère...Fausse monnaie n'est pas chef d'accusations ! ... On n'enferme plus pour ça...C'est la fête chez les faussaires ! Le principal chef d'accusation, c'est gueule de Rom...! Et la terrible mécanique du malheur et de l'inconfort, de la peur et de toutes les incertitudes, la terrible mécanique qui fait désespérer de la vie, la machine à broyer dès " dans le ventre " et tout le temps après, la terrible mécanique qui tourne à vide, instinctivement, à l'oreille, au coup de fil, au supposé, à l' à peine ombre du soupçon insidieux, mais...A plein rendement. La machine à expurger ! La terrible mécanique de la mort au travail. Pensée, voulue, décidée, organisée et réalisée. They do the job ! Very dirty men made Their very dirty job ! ... Job Made in France ...
Je me souviens de cet enfant au faciès d'indésiré de chez nous dans les faubourgs nord de Damas, de cet enfant que je regardais, tout petit, vêtu de nippes et pas protégé de la terrible chaleur qui m'asphyxiait, de cet enfant aux yeux doux, qui, de ses mains sales, me tendait un morceau de chocolat presque fondu dont le papier d'alu froissé me renvoyait diffractée et blessante l'aveuglante lumière du soleil.