Nature morte avec pommes de terre dans une écuelle, septembre 1885,
Les relents de la pestilence ancienne, ici, et, là, perceptible en crescendo continuel jusqu'à l'indisposition des âmes bien nées répandent à nouveau leurs nauséeuses effluves et cette histoire toujours-d'or-sur-sang qui s'inscrit silencieusement dans le tréfonds de nos cœurs et dans nos tripes - tripes, notre deuxième cerveau, celui qui informe subrepticement et fidèlement, qui irrigue, par delà l'écoulement du temps et celui de la valse des générations, de ses flux incessants celui bien tapi, lové en sa cavité cérébrale, à l'abri de tous, et aussi parfois de soi, et avec lequel il devise en toute discrétion, presque souterrainement, de concert, et, dont, en cas d'urgence il réveille et mobilise, au pied levé et derechef, les potentialités extrêmes qui lui font prendre, alors, le pouvoir, absolu et sans partage, sans états d'âme et sans quartier sur notre bon-néo-cortex-social-culturel-cultivé, véritable champ de pommes de terre, offrande-parfois, mine-souvent, à ciel ouvert, propriété des faibles, à la merci constante et toujours susceptible d'être, à la va-vite, jadis plutôt nuitamment, et, de nos jours, bien plus ouvertement et le plus cyniquement du monde, récolté par l'indélicat cultivateur, à la solde des siens, qui se délectent de prébendes et du bien d'autrui - nonobstant le hululant ricanement persifleur lui en tiendra force-rigueur le moment venu, qui, aussi surement que les eaux, ruisseaux, rivières et fleuves, conduisent le voyageur égaré, même au beau milieu, même au plus profond du plus inextricable d'une végétation tropicale, à la mer, viendra, aussi surement, donc, que les eaux vont à la mer, et avec lui, l' hélas cortège des tragédies, inévitables et inéluctables tragédies puisque présentes, contenues depuis le tout premier frémissement de ses prémisses.
Les Planteurs de pommes de terre, août-septembre 1884,