.... le billet politique d' Hubert Huertas, qui , depuis la rentrée, chemine, parmi les matinaux * de France-Culture , et, qui, à l'occasion de l'omni-présence, sur les écrans et les ondes de nos grands-messes de la fanfaronne et très soudaine et presque brutale et absolument inattendue dite-révolution des horaires de la Sncf, en quelques compactes et denses minutes, ramassées comme un félin avant le bond, et à grande vitesse, comme sur un ring, dégelés de coups bien sentis et directs, qui, tous, font mouche, fluides et enlevées comme à la parade, régle son compte à la trés indigne vieille dame, par
knock out, et dans la foulée, à la manière d'un peintre, qui, en peu de traits, vifs et appuyés, vous dévoile, tout à coup tout un monde *, nous découvre une cartographie de cette France nouvelle - et bien moche - dont, jadis, nous contemplions les contours irréguliers et beaux, les couleurs nuancées - et belles - , la savante découpe de certaines de ses côtes, la coupure en deux - France des montagnes, France des plaines - depuis les bancs de l'école, quand Monsieur l'instituteur, probablement en blouse grise, et du bout de sa baguette, dont les petits bonds hésitants et têtus, à tâtons tapotants et tressautants de petits chats qui jouent, par leurs irrégularités nerveuses de canne d'aveugle, nous captivaient, nous enseignait doctement la géographie sur cette carte où, au-dessus, était écrit " La France ", avec un exemplaire, le même, complice assuré et honoré des nombreux regards d'enfants, quand la leçon ne le concernait pourtant pas, qui, à la dérobée, s'y, discrètement délassaient, toujours bien en vue, devant, derrière, au mur, sur le côté, posée sur une table inoccupée, ou accrochée au fond de la classe, dans chaque classe de toutes les écoles primaires des trente six milles communes de la République du même nom.
* " Combien souffre ce monde, pour devenir celui de l'homme, d'être façonné entre les quatre murs d'un livre ! Qu'il soit ensuite remis aux mains de spéculateurs et d'extravagants qui le pressent d'avancer plus vite que son propre mouvement, comment ne pas voir là plus que de la malchance ? Combattre vaille que vaille cette fatalité à l'aide de sa magie, ouvrir dans l'aile de la route, de ce qui en tient lieu, d'insatiables randonnées, c'est la tâche des Matinaux. La mort n'est qu'un sommeil entier et pur avec le signe plus qui le pilote et l'aide à fendre le flot du devenir. Qu'as-tu à t'alarmer de ton état alluvial ? Cesse de prendre la branche pour le tronc et la racine pour le vide. C'est un petit commencement. "
René Char Les matinaux, Poésie-Gallimard
* Le Mystère Picasso un film documentaire d' Henri-Georges Clouzot réalisé en 1955, au cours duquel, en trois coups de cuillère à pot, Picasso nous torche une oeuvre ...
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