Coup sur coup, en deux jours, en deux fois deux courtes petites minutes qui en font quatre, montre en main, et pas une de plus, Hubert Huertas hache menu dans le panorama agité des soubresauts déjà sans-dessus-dessous pré-électoraux, et alors que le grand Prévu a sombré outre-Atlantique sous le souffle d'un feu nucléaire aussi soudain qu'indiciblement opaque et à l' indécelable épicentre, une noria de conquistadors de tous horizons et de tous poils, peut-être propulsés par la dynamique engendrée par le vide laissé par le séisme New-Yorkais, bizarrement tous accoutrés des nippes d'un éclectisme désordonné et en grande robe d'apparat sans, pour l'instant, de coutures pour mieux se fondre et s'adjoindre encore davantage les puissances d'une réalité insaisissable et éclatée telle une mosaïque disséminée sur l'habit d'Arlequin du paysage convoité.
Multiplication, symptôme, chappe de plomb, état de guerre, union nationale, débat (plan) quinquennal, apnée, silence, rangs et verrouillage, marche au pas imposée, immersion, et le terrifiant " faire-bloc derrière le (petit) père de la nation. "
Des mots qui résonnent comme un diagnostique sans appel mais aux échos pourtant familiers pour l'amateur du cinéma soviétique, pour le lecteur de Trotsky, pour l'opposant, dans un pourant proche jadis rasséréné, rassuré, quant à son devenir, quant à son combat, sa survie, sa sécurité et celle des siens, sous la protection des lois de la patrie des droits de l'homme, pour l'opposant aux régimes concentrationnaires de toutes les obédiences.
En quelques mots bien trempés dans le plomb des pires régimes qui sentent la geôle et la terreur, le carcéral et la loi d'exception, d'une pugnacité redoublée qu'on espère inextinguible du moins tant que dureront les évènements qui se mettent en place, le ton et les termes et la colère du chroniqueur politique de France-Culture qui renoue d'avec la grande tradition de l'insubordination à la félonie et à la mascarade sinistre, battent le tambour de la campagne pas mal désorientée et, pourtant, que l'on sent, tellement prête à l'insurrection, à la jacquerie.
L'histoire s'écrit sur un parchemin. Le peuple de France soulevé a en a écrit d'autres. Bien d'autres, et de bien plus rouges.
Les gueux attendent un printemps, un printemps bien à eux. Ils en sont gros. Et ce printemps viendra, viendra fatalement, car il en est ainsi, ce printemps bien à eux viendra aprés l'hiver.