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Billet de blog 17 janvier 2017

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Manifs monstres en Euskadi

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

 Bilbao :  Des dizaines de  milliers de manifestants en soutien aux prisonniers de l' E.T.A.   Euskadi ta Askatasuna

                     Manifestations monstres au pays basque

                                 Monstres et récurrentes

L'An I : C'est tous les ans pour la population d'hommes de femmes et de jeunes gens originaires du pays basque.

L'an I des basques, du pays basque, Euskadi, Euskal Herria, le pays de la langue basque, vieille langue qui remonte à des temps tellement antédiluviens qu'on sait même pas d'où elle vient, mais une chose est sure, c'est qu'elle perdure, qu'elle tient le coup, qu'elle compte ses locuteurs, les basques de la terre basque qui parlent et s'expriment en cette langue de leur terre et de leur peuple.

La mobilisation de dizaines de milliers de personnes chaque année pour les droits des prisonniers est un événement politique et social, rare ou impensable dans d'autres pays de premier plan.

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Tous les ans, c'est dans les rues que ça se passe, ils viennent de partout du pays, scindé en deux, le pays, victime d'une sorte de supplice, genre moyenâgeux, de l'écartelé, ou sur un mode plus contemporain, sur le mode étatique de type quand même pas mal absolutiste, sous couvert de règlement de conflits, de jugement de St Louis, où un peu à l'image de cette ligne de peinture blanche qui traverse l'intérieur d'une salle à manger d'une maison où les habitants finissent  par vivre vivent ainsi à califourchon, sur une ligne imaginaire aux conséquences bien réelles et souvent fort inconfortables, tout simplement tragiques, ainsi un pied dans chaque pays, dans chaque monde, de part et d'autre, dans l'au-delà et l'en-deçà, les peuples veulent être libres, et les machines étatiques, machines molaires, machines de mort, machines majoritaires, qui sont à l'idée de liberté du même acabit que le mouvement inspiré d'un blindé en pleine action destructrice dans un cadre urbain surpeuplé est à l'idée de danse, quand la pointe du pied de la danseuse quitte la terre, s'en élève et que son bras, ligne droite, trait tiré rectiligne, tendus depuis le pied jusqu’à l’index, déictique, cherche l'étoile là-haut, l'inatteignable étoile, qu'elle est, à force d'un invraisemblable labeur et d'une souffrance inouïe, devenue, les peuples veulent être libres, ne le sont pas, quand le blindé ouvre le feu sur la danseuse, que le mari mange la même soupe, à la même table que sa femme, mais dans un autre pays qu'elle, elle que lui, et que le chien aboie peut-être même dans un autre, c'est vraiment con un chien, un chien, quand ça aboie.

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Mais vas-tu te taire ?

Et de lui balancer à la gueule un objet contendant depuis l'autre côté de la frontière quand ce n'est pas de lui coller une beigne transfrontalière avec incursion intempestive en territoire étranger ... Comment que ça commence les guerres ! C'est vraiment con un chien. 

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, samedi 14 Janvier, dans les rues de Bilbao au Pays Basque en soutien aux prisonniers de l'organisation séparatiste ETA, demandant des mesures d'amnistie, en appellent aux Droits de l'Homme, dénoncent les conditions de détention spécifiques aux membres incarcérés de l'organisation politique clandestine, qui a déposé les armes en 2011, mais ne les a pas rendues, manifestants qui demandent  le rapprochement des prisonniers politiques disséminés dans 58 établissements pénitenciers, politique de dissémination mise en place sciemment et que nombres de politiques critiquent, disséminations d'hommes et de femmes dans deux pays, celui de Hollande et Rajoy, qui, tous les deux jouent les blocages. 

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La police de Bilbao, interrogée par l'AFP, n'a pas souhaité donner d'estimation du nombre de participants à cette manifestation qui a eu lieu chaque année en janvier. 

Le journal basque Gara, qui publie généralement les communiqués de l'ETA, a affirmé qu'ils étaient 78.000 dans les rues de cette ville du nord-ouest, toute la journée et la nuit, sous une pluie glaciale, brandissant des pancartes en forme de doigt pointé vers le ciel, afin de dénoncer les conditions réservées aux détenus de l'organisation séparatiste.

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80.000 locuteurs de la langue basque ... c'est vraiment con une langue ! Ce que ca fait pas faire ... !  Putain, une langue. Tu parles une langue, et tu te retrouves au gnouf. Tu parles une langue, et t'es 80.000 à te les cailler, en plein rue, avec, parfois, - ce ne sera pas le cas, une gendarmesque caparaçonnée en face prête à saisir le moindre motif avarié pour en découdre -  et tout ça, par quasi moins de zéro degré !!! ... 

C’est vraiment con, une langue ! De là, leur lente et très concertée disparation par affadissement, délabrement et absorption cutanée ! Genre, à la place de ta langue, on te colle la gale, et on te dit que les boutons, les taches et les rougeurs urticantes c'est des mots, tes nouveaux mots, et les rougeurs qui s'étalent comme une gangrène, leur grammaire, ta grammaire nouvelle, avec tout ce qui va avec, et tutti quanti, tenue, et tous les mode d'être du " je me nourris à je m'habille en passant je me distrait et je m'oublie ... " Réduit à ça de s'être oublié.

Mais pourquoi tous les ans, le pays basque, Euskadi, ou Euzkadi, Euskal Herria, la langue du pays basque, tous les ans à la même époque, ils sont des dizaines de milliers à descendre dans les rues ... hommes femmes jeunes-gens ... familles.

Qui n'a jamais vu un regroupement du peuple basque, un dense regroupement de la communauté basque, de ceux qui en parlent la langue, la langue basque, n'a aucune idée de ce qu'ont ressenti les blancs qui, ont vu, de leurs yeux, vu, leurs premiers indiens ! 

Qui n'a jamais vu un regroupement, à fortiori, loin de ses bases, loin de chez lui, de ses terres, en tribulation expressive et absolument silencieuse et limite autiste, taiseuse et bien lourde, dans l'un au moins de ses deux pays-amis qui en bordent au nord et au sud le petit territoire, et y débordent manu-militari régulièrement, n'a jamais ressenti ce qu'est la cohésion d'un peuple, sa cohésion viscérale, sa cohésion virale à limite uniquement euskadienne, sa cohésion phréatique, insoupçonnable et indicible, ses lignes de tension interne, sa tension constante, cette tension qui l'irrigue, palpable, métallique, qui l'irrigue et le nourrit, le tient éloigné, sans lien aucun, de l'au-delà des siens, sans lien aucun, ni lien possible, pas la moindre possibilité, chance de lien extérieure tant est puissant ce qui les lie, tous, tous les irrigue et leur donne leur joie et leur peine, euskadi, la langue qui trouve ses sources tellement haut dans les montagnes du temps que personne n'a pu réussir à y aller voir où ce que c'est, d'où que ça vient, en quel monde, de quel premier amont est-elle nait ?

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N'en trouverait-on pas quelques similitudes d'écho là-bas à l'autre bout de la planète, de l'autre coté, chez ces Inuits locaux de l'ile d' Hokkaidō, par exemple,la plus septentrionale des iles de l'archipel, de l'archipel nippon, disparus depuis longtemps, et bien différents à l’origine qui remonte qui sait où,  des habitants actuels, que ce ne serait pas étonnant ! 

Des temps anciens, plus anciens encore que ceux que notre mémoire a enregistré et sur le terreau de laquelle il semble impossible et, de forer à la recherche d’indices captifs des carottes du temps sans fin ni fond, et d'investiguer par des moyens dont l'esprit même de ceux qui s’y emploient à les utiliser les rend caduques, les invalide, parce que la méthode est tout simplement autre.

Il en va des peuples comme des individus qui les composent, et qui même «  s’ils ne sont pas toujours très nets, sont très très sympathiques, »  c'est ce qui les lie. A cohésion cohésion égale et transfert phréatique.  

Alors, les machines molaires d'état, les machines de la meurtrissure du grossier comme de l'intime, du plus intimes des plis de l‘âme, les machines molaires abjectes de l'état abject, peuvent bien enfoncer profonds, très profonds, du plus qu'ils le peuvent et ne s'en privent pas, les clous de la rouille des temps, ils ne font qu'effleurer la surface, n'en effleurent seulement à peine la surface tant est tellement autre et tellement ailleurs, hors d'atteinte, là où se coordonne la conception subtile de la cohésion sans atour et directe.

Sur la crête irrégulière et dansante entre deux abrupts des temps et du monde entre l'en-deçà d'où nul ne revient et l'au-delà où non plus nul ne va. Ligne de crête où nul ne s'aventure, eux si.

Leur habitat premier. Aux sources diaphanes, lumineuses et cristallines qui, mêlées aux accents du ciel, psalmodient un texte sacré, secret, des mots de leurs espoirs et de leurs amours. 

Nul n'en revient, nul n'y va. Eux si.

A l'heure où les prérogatives de l'état, cet état molaire, majoritaire, brutal ... Et ce ne sont les qualificatifs éponymes de catégories de populations en souffrance, qui manquent, se volatilisent,  ce dernier accentue son action la plus autoritaire, la plus partiale  ... La plus anti-démocratique qui soit !

A l'heure où les prérogatives de l'état, et des Etats européens, mangés par plus gros qu'eux et, consécutivement à des traités-bonneteau, à l'approbation davantage arrachée à l'acquiescement populaire que, naturellement et démocratiquement, approuvés et donc acquis, États vidés de leur substance la plus régalienne qui soit, à savoir le lien à l'autre, cet autre, celui dont la multitude compose sa population, qui est son seul socle légitime  - de là à le refondre différemment, quitte à se contorsionner, comme un beau diable, pour y ré-injecter, composite dans une dent pourrie, du sacré frelaté, sang neuf de ce sur quoi dorénavant il s'établira, et, par lequel il régnera, à coup de grands messes et de coups de trompettes en mal de renommées, aux notes surannées et autres athlétiques gesticulations pusillanimes, accompagnées des entêtants et menaçants cliquetis de menottes qui vibrillonnent impudemment à la face des mécontents et opposants, - à l'heure où  les états voient le sel de leur exceptionnalité nationale dissous dans la soupe européenne qui met les peuples à mal, les place en porte-à-faux, malmène leur désir de citoyenneté, pris en otage dans les rets des chantages et des pressions pré-électorales qu'exercent sur eux les représentants-professionnels de la chose publique percluse de voies d'eau, leur ôte toute capacité d’action sur le corps du réel, les place, tous, dans leur majorité, sur la touche, quidams égarés qui atermoient entre un avenir d’échalas à la dérive et, dans le meilleur des cas, de témoins-badauds d'une partie, dont, si les règles leur échappent totalement, en revanche, le terme leur est connu, ce sur quoi tout-cela doit aboutir leur est connu, ne leur échappe pas, et c’est cette clairvoyance au laser qui autorisera, favorisera et entrainera chez les plus dynamiques, donc chez les plus jeunes touot d'abord, les débordements radicaux, et, pour y parer, à cette heure où l' Etat se délite, la milice privée au service de qui l'y a réduit, exercera ses talents de milice privée et usera de toute sa capacité de nuisance, c'est à dire de son expertise.

 A cette heure sombre aux lueurs de tentures violacées dont se drape l'avenir que d'aucun ne se risquerait se plairait à le prévoir léger, fin et primesautier, en un mot, faste en tout point, à cet heure qui témoigne pour leur déliquescence, les états musèlent, vitupèrent, et broient dans ce qu'ils pensant être l'œuf, ce qui va, sinon les broyer, du moins les obliger, et le plus tôt sera le mieux - en vertu de cette loi qui veut, que plus le perdant, quand il ne dispose ni du capital sympathie, ni d’une majorité compréhensive, traine les pieds, persiste, s'entête dans ses dénis, plus il perd en considération, plus il se déconsidère, auprès de ses électeurs, levée en masse de nouveaux détracteurs de la machine étatique -  les obliger à, perclus d'impuissance par trop tardivement assumée, avouée, s'asseoir à la table commune, la table aux négociations mais aux lignes de fractures jusqu'à présent inconciliables, pour enfin accepter    de substituer aux regards et conceptions erronées qu'il maintenait par la brutalité de sa chiourme et de son invective permanente, d'y substituer un monde qui s'accordera aux désirs des courageuses populations sises en face de lui, et maitresses de leur destin commun. 

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« La « frontière » est habituellement comprise comme la  « limite de souveraineté et de compétence territoriale d’un État ».  De nos jours, la prégnance de cette définition semble s’estomper à l’échelle mondiale, accompagnant ainsi le processus de relativisation multiforme de l’État. Il faut y voir l’effet de l’évolution des techniques de transport et de communication, la dynamique et l’ampleur des échanges économiques, mais aussi la prise en considération politique d’une plus grande interdépendance du système-monde.

Dans cette perspective, la désactivation sélective des frontières intra-européennes n’est qu’une manifestation particulièrement vive d’un processus beaucoup plus vaste, mais très inégal à l’échelle planétaire. Cette tendance ne signifie d’ailleurs en rien la disparition de l’objet même de « frontière ».

S’estompant sous ses expressions conventionnelles, la réalité frontalière réapparaît ailleurs, sous d’autres formes, mais toujours en des lieux investis d’une forte capacité de structuration sociale et politique. La démarche conduit naturellement à revenir sur un concept central de la géographie, mais moins à partir de formes attendues que de propriétés.

Hors, c'est bien de propriétés dont il s'agit.

Celles, tout à tour insupportables et inaudibles à la machine molaire, auxquelles s'ajoute, et pour la machine molaire se surajoute, celui, ici spécifique au pays-basque, de concept central du territoire-géographique, s'y superpose, et ne faitt qu'un avec. Concept géographique et propriétés, territoires et spécificités y coïncident.

Pas d’identités préalables, pas de stabilités reconnaissables, mais des individuations mobiles, au carrefour des vitesses et des lenteurs, et des affects intensifs qui leur correspondent. Des identités que ne recueillent pas ces cartes officielles - d'identité - dont le souci est uniquement de ficher  - toujours davantage, les huit empreintes des doigts des passeports biométriques, puces, etc -, ce à quoi elles réduisent l’être et son complexe d'identités multiples.

Des identités définies non plus par la trilogie de la flétrissure, vieille antienne des royautés remise au gout du jour, «  faciès, empreintes, origine », mais par des vitesses et des ralentissements, par des états du corps à des moments donnés, l’identité nouvelle, comme carte de ces moments.  « il atteint des vitesses inouïes, des raccourcis si fulgurants qu’on ne peut plus parler que de musique, de tornade, de vent et de cordes … » 

« Du point de vue de la micro-politique, une société se définit toujours par ses lignes de fuite, qui sont molécularisées. Toujours quelque chose qui coule ou fuit, qui échappe aux organisations binaires (…). »  Mille Plateaux, p.263

La météo ... est partie prenante, intègre une ligne de fuite dont elle vectorise la dynamique et la relance.

Ce toujours quelque chose qui coule, qui échappe, ce quelque-chose de pas pris en compte, une disette de l'âme, du ventre, un indicible je-ne-sais-quoi qui fait qu'il s'est passé quelque chose dont on n'a pas pris la mesure réelle, une météo, une météo capricieuse qui renvoie à une météorologie de l'âme, de la conscience, un coup de froid, de chaud, de grisou qui rencontre un sentiment, une sensation, une heure qui soit une entité en soi, un pouvoir d’affectation réciproque et dont la rencontre est de type réactif, chimique, de type nitroglycérine, « quelle terrible cinq heures du soir » écrit Lorca !.

Temps, heure, terreur, pouvoir d’affectation et pouvoir d’affecter, « quand vient le soir, l’effroi me prend » …

Et il est des soirs au plus pur du matin, au creux de l’après-midi, des soirs qui creusent leur ombre impalpable et l'étendent, à peine sensible et perceptible dans la lumière d'une fin de repas, dans un regard ou son absence, dans une retenue, dans une suspension du temps consécutive au cri étrange d'un oiseau de passage ...

Quand la température baisse et que le temps se fait tout aussi peu clément que sait l’être et se montrer la justice à leur égards, et à l’égard de leurs fils, compagnons, amis, compagne ou femmes toutes et tous incarcérés, au delà des peines auxquelles ils-et-elles furent condamnés et dont bon nombres d’entre-eux et d’entre-elles les ont effectuées dans son intégralité et sont maintenu(e)s en prison, hommes et des femmes souvent malades, parfois gravement, isolés dans des centres pénitenciers, loin de chez eux, partout dans le pays, à la même époque de l’année, se lèvent d’eux-mêmes, en masse, abandonnant, laissant là leurs occupations, qui leur emploi, qui leur cuisine, et comme mus par une injonction intérieure, impérieuse et sacrée, sorte de sixième ou niéme sens, signe particulier, et tous, d’agir ainsi d’eux-mêmes et pourtant de concert, tous, depuis tout le pays basque et de plus loin , de prendre la route de Bilbao, d’y tous converger, d’y aller s’y retrouver et lever le doigt en l’air, et porter ainsi et faire retentir la plainte infinie d’Euskal Herria, le pays de la langue basque.

« Parce que nous sentons... Parce que nous voulons que les prisonniers et leurs familles sachent qu'ils ne sont pas seuls. Que nous continuons tous à les aimer. Année après année, nous ne les oublions pas. "

« La chaleur des dizaines de milliers de cœurs hier palpitaient à l'unisson avec eux qui souffrent dans leur chair », volontairement disséminés dans 58 centres pénitenciers de deux états.

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A quoi sert de manifester ?... Pourquoi faire 150 kilomètres pour aller à Bilbao ?  Afin que plus personne d'autre n'ai plus jamais à faire 1000 kilométres pour parler à travers une vitre blindée avec votre fille, votre fils ou votre partenaire.

Dans le corps de la manifestation, sur une douzaine de camionnettes, étaient portées les distances des prisons depuis Bilbo … :  

Grenade (875 KM),  Murcia (850 km),  Clairvaux (945 km),  Alicante (780 km)),  Almeria (1040 km)  Huelva (995 km),  Córdoba (850 km) et Villefranche (785 km). 

                                  Rien que du bonheur !

358 membres de l’ETA sont incarcérés et disséminés dans 58 établissements pénitenciers de deux pays.

Cette manifestation qui revient un fois l’an sert également à mettre en évidence, mettre en exergue médiatique, une réalité tue. Peu abordée. Et la brandir, et lui donner une visibilité que, sinon, elle n'aurait pas.

L’espace, même restreint, qu’elle occupe dans les médias internationaux. Presse écrite, papier, numérique, médias meanstream qui finissent par s’en faire, même brièvement, l’écho.

Il sert également à mettre en évidence une réalité qui va si souvent inaperçue ou caché. Pour cela occupe un espace, peut-être petit, dans les médias internationaux.

Chacune de ces lignes, chacune de ces photos, est un facteur de gêne pour ceux de Madrid et de Paris.

Socialiser la souffrance est également destinée à acquérir une supériorité morale.

A l’image de la Chine et de ses agissements absolument criminels au Tibet, chacune de ces lignes, chacune de ces photos, la moindre, et à fortiori, quand  les torrents de l'information se font fleuves, ils sont  un facteur de gêne pour ceux de Madrid et de Paris.

Il devient de plus en plus difficile pour certains médias qui y étaient tentés, de réduire, comme ils le firent par le passé, ces manifestations de grande ampleur, à une manifestation annuelle et traditionnelle, à caractére rituel, et d'éviter ainsi toute légitime analyse politique de la raison pour laquelle continuent de se mobiliser des dizaines de milliers de personnes, insensibles à la météo et, par ailleurs, absolument pacifiques.

La souffrance socialisée inverse les courbes de la supériorité morale et à partir de ce moment très précis où les limites basculent et le mouvement s'inverse, la lutte qui reprend, reprend autrement et conduit autrement à la victoire.

Acteurs politique basques, locaux, acteurs sociaux, économiques, patronat et syndicaux, accompagnés d’acteurs politiques et économiques venus d’autres régions et horizons du pays-ami du Sud du pays-basque, comme le Catalan Eduardo Reyes (ERC) et Juanma Rojas (CUP), ont répondu à l'appel de soutien aux incarcérés de l’ETA.

Tous les membres de l’organisation ETA sont quasi-sous les verrous, nombres y crèvent lentement, et la population est dans la rue. A crier sa colère, à dire son fait aux puissances répressives.

Difficile d’imaginer meilleure illustration des conséquences de choix politiques pour le moins inconséquents de la part des deux puissances française et espagnoles, 15 ans après que l’organisation ait déposé les armes, devant ces manifestations de grande ampleur, dont à peu prés personne ne parle trop, et qui prennent des allures de plébiscite, sur un versant au moins humanitaire, de l’organisation militaire basque qui a combattu dans la clandestinité pour l’indépendance de sa terre.

Il est des défaites militaires qui tournent à la victoire quand le peuple se prend de compassion pour les vaincus.

La seule incertitude qui leur échoie, rapporte Gara, " C’est comment s’y rendre, à la manif. Comment, avec les intempéries, parcourir, en voiture, train, bus et métro ... les centaines de kilomètres pour rejoindre Bilbao."

La catastrophe qui empêche une puissance étatique de comprendre ... C’est lorsqu’elle traite les notions communes à un peuple, à un groupe humain qui les a en commun, ses identités spécifiques, ses propriétés impalpables et indéfinissables, ses concepts géographiques, comme des trucs abstraits. Lorsqu'elle traite ses passions comme un truc abstrait.

Exemple de passion, définition des passions joyeuses qui mettent du baume au cœur et répandent joie et ... décuplent les puissances.

« Les passions joyeuses, encore une fois je me répète pour que ce soit très clair, j’espère ;  Les passions joyeuses étant l’effet sur moi d’un corps qui convient avec mon corps, m’induisent à former la notion commune, c’est-à-dire une idée de ce qu’il y a de commun entre les deux corps. Et l’idée de ce qu’il y a de commun entre les deux corps, c’est l’idée d’un troisième corps dont le corps extérieur et le mien sont les parties. »

Ce qui augmente ma puissance d’agir, c’est forcément une passion puisque : pour que ma puissance d’agir augmente, il faut bien supposer que je n’en ai pas encore la possession. Ma puissance d’agir augmente au point que je tends vers la possession de cette puissance, mais je ne l’ai pas. Mais l'acquiers.

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Un mixe de propriétés et d'identités consubstantiellement liées à une géographie avec, dans le cas du pays basque, la langue pour en façonner l'ossature inspiratrice et sensible, qui correspond à un territoire au contour plutôt assez précisément tracé et défini. Et appelle ce territoire.

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Voilà ce qu' un État ( ou deux ), mais un surtout, qui, en Hollandie, a tout bazardé, a bazardé tout ce dont il avait la charge, qui a abandonné tous ses prérogatives et domaines de responsabilité ne peut supporter.

De là à s'en garder intérieurement rancœur, il n'y a qu'un pas que franchissent allégrement les bataillons de gendarmerie envoyés à la rescousse de l’État régalien qui se souvient, bien tard, mais trop tard, qu'il a abdiqué.

De son abdication, le pouvoir politique français actuel, frappé du sceau aux couleurs du parti de François Mitterrand qui avait lui, comme il s’y était engagé, décadenassé  les geôles du pays et libéré les prisonniers politiques, ce pouvoir, de sa traitrise, en garde forcement les marques, les stigmates, la douleur, la culpabilité, et  il lui faudra faire payer le prix de sa déréliction, le prix le plus fort possible, il en accuse forcement le coup, ne pourra non plus le supporter sans en faire payer le prix - de la liberté, ce qu'il est de plus cher - à d’autres, à cet autrui si différent, pensé-plus-faible-que-lui, cet autre que lui, mais doté de caractère et âpre résistant au combat.

Il lui faudra un bouc émissaire. Et le bouc émissaire c'est toujours le même. Il est là, dans la boite à boucs émissaires, à l'étage du dessous, ou du dessus, on l'avait gardé bien au frais, ou chaud, au grenier de la nation, ou dans ses caves, on y va quand c'est que le temps est venu, jamais de gaité de cœur, mais toujours avec la pire des plus mauvaises fois.

Justifier, pour s’en dédouaner, sa lâcheté ! C’est pas une mince affaire, mais elle est bien réglée et au cours des siècles la méthode quoique catastrophique à termevoit ses procédures bien établies.

Selon l'humeur, le déshonneur du moment, la portée et les conséquences du problème, il y a toujours l'outil qu'il faut.

Et de le brandir, c'est de l'auto-réparation narcissique à peu de frais.  Et rien ne permet d'exclure cette donnée psychologique dans la façon et les méthodes choisies par les autorités françaises pour s'imaginer parvenir à régler les problèmes qu'elles rencontrent avec des populations mues par des sentiments de cohésion historiquement validés et qui ont su faire montrer à des étapes parfois cruciales de leur existence de propensions jamais démenties à la lutte, à l'affrontement, à la résistance des plus entêtées qui sont se toujours largement incarnées dans des populations de tous les âges.

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L'association Sare de soutien aux prisonniers a dénoncé dans un communiqué " ceux qui maintiennent en prison des prisonniers qui ont depuis longtemps accompli la peine imposée par les tribunaux ". Les manifestants en appellent aux respect des Droits de l'Homme, réclament notamment que les prisonniers puissent accomplir leur peine près de leur famille.

Nous savons tous que seule l’Amnistie mettra fin à 40 ans de luttes et de répressions, en ouvrant la voie à la résolution du conflit. Dans l’immédiat et, comme premier pas sur le chemin de la liberté, nous exigeons avec détermination la libération des prisonniers politiques basques malades et la libération conditionnelle pour tous ceux qui peuvent y prétendre.

Cinq années bientôt (octobre 2011) qu’ont été signés les accords d’Aiete, cinq années que l’organisation E.T.A. a mis fin a la lutte armée, quinze années pour l’organisation IK.

Pourtant cinq ans après, près de 400 prisonniers politiques basques croupissent toujours et encore dans les prisons françaises et espagnoles. Parmi eux certains sont gravement malades, certains même sont en phase terminale de maladies graves et les soins donnés ne sont pas adaptés.

D’autres encore ont pratiquement accompli leur condamnation et pourraient, selon la loi, bénéficier d’une libération conditionnelle, laquelle leur est systématiquement refusée.

Le Collectif des prisonniers politiques basques (E.P.P.K.) a, récemment, renoncé à l'exigence d'une amnistie globale de tous les détenus. Il soutient désormais la thése de la négociation de mesures individuelles, et celle, par exemple des aménagements de peine.

Cette poussée politique explicite de dizaines de milliers de personnes dans les rues, hier, qui se ont trempés et gelés dans la joie hier dans Bilbo, s'est déroulée avec le soutien implicite de la majorité sociale du pays, soutien non seulement évident puisqu'il transparaissait clairement dans les sondages d'opinion, mais également dans les débats publics entre les politiciens.

« Sans ces démonstrations, sans l'accumulation stratifiée de forces et de sensibilités, tout au cours des dernières années, la question du rapprochement des prisonniers politiques basques ne serait pas, par exemple, et c'est loin d'être un détail mineur, au coeur de pacte de gouvernement entre le PNV et le PSE. »

« Aujourd'hui, le PP et l'UPN sont les seuls partis qui soutiennent ouvertement la dispersion-dissémination.»

 L'ETA, dont presque tous les membres sont en prison, a renoncé à la violence en octobre 2011, mais refuse de se dissoudre, réclamant une amnistie et un rapprochement des détenus de leurs familles. Mais ces exigences sont depuis cinq ans restées lettre morte.

Selon un décompte de l'association de familles de prisonniers Etxerat, remontant au mois d'août 2016, 79 " prisonniers basques ", en général condamnés pour appartenance à l'ETA, sont écroués en France, dans 24 prisons, et environ 279, le sont dans 42 prisons en Espagne. Dont 22 sont des personnes gravement malades.

Pour toucher Madrid et Paris, on doit d'abord mobiliser Euskal Herria, ses rues et ses institutions.Toutes ses institutions.

Pour que Mariano Rajoy et François Hollande fassent sauter les verrous et cadenas de la vengeance pénitentières, il s'agit, tout d'abord, avant d'y parvenir, qu' Iñigo Urkulluprésident du gouvernement basque, Uxue Barkos, femme politique nationaliste de gauche, présidente de la Communauté forale de Navarre, membre de abertzale Andoni Ortuzar Arruabarrena, Président du Parti National Basque, Euzko Alderdi Jeltzalea, EAJ-PNV ,  Idoia Mendia, leader du Partido Socialista de Euskadi–Euskadiko Ezkerra,  Nagua Alba, Secretaire général de Podemos-Euskadi, son blog ici, et les autres sentent et ressentent la poussée et l'impulsion sociales qui les conduisent à prendre des mesures.

« Ça vient du militantisme basque. Abertzale veut dire " gardien du pays de ses ancêtres". C’est pas du nationalisme, mais le fait de se sentir responsable d’un territoire que tu dois léguer. »    Txetx

Sare a d'ors et déjà annoncé que des travaux sont en cours d'étude entre les diverses parties et que des propositions qui ont le soutien d'experts juridiques sont à l'oeuvre pour parvenir, à, non pas, une formule déclarative, mais à ce qu'un projet de loi, visant à modidier la législation en vigeueur, voit le jour .

Les ministres de l’Intérieur français et Espagnol unis pour la dissolution d’ ETA 

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Mardi 10 janvier, le ministre de l’Intérieur français Bruno Le Roux a reçu son homologue espagnol Juan Ignacio Zoido à l’Hôtel Beauvau.

Au cours de la rencontre, les deux hommes ont réaffirmé leur collaboration dans la lutte contre ETA.

Selon le communiqué de presse espagnol, Juan Ignacio Zoido a dit que l’action commune des deux pays dans la lutte contre ETA “est d’une importance vitale pour arriver à sa dissolution définitive.

Le ministre espagnol a remercié son homologue de la remise à l’Espagne de différents documents et preuves sur les mouvements de l’organisation qui seront de grande utilité pour enquêter sur plusieurs affaires non résolues.

Il compte sur eux pour déboucher sur de nouvelles mises en examen et arrestations.

Le ministre français a renchéri  : « Il y a des habitudes d’échange, il faut les renforcer, nos services coopèrent de façon efficace ».

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A " se dégoûter soi-même de tous ses renoncements, de ses capitulations, des humiliations acceptées au nom d'un confort éphémère " l'on en devient vite et inexorablement, pétri d'une haine qui se nourrit d'elle-même dans un cocktail détonnant de colère intérieure tue, de frustration interne, de  contre-soi, et de ... jalousie phénoménale qui va finir par servir de résultante à tous ces maux qui vont se déverser, portés à la puissance n-plus-un, sur la tête du plus proche à portée de main historique.

A se conduire ainsi, l'on devient vite et inexorablement, absolument infréquentable, mais qu’importe, et c'est un luxe que peut s'offrir qui a pour habitude de tout acheter et pour morale de ne rien retenir de bon qui vaille pour soi des leçons de l'histoire, et, quand bien même, l'idée lui en viendrait, qu'il se dirait qu'il en a toujours été ainsi et que ses voisins pas mieux lotis agiront à l'identique et de concert.

Comment autrement comprendre le comportement des autorités françaises, à l’endroit - de nombreuses populations, Röms, etc ...- , des Basques, de la question Basque, le comportement des autorités espagnoles dans les geôles dans lesquelles croupissent ces prisonniers dont la peine a été effectuée, où coexistent malades, dissminés, libérables jamais libérés et toujours incarcérés, et quid des réactions de ce pouvoir français politique et judiciaire - lors d'un changement de personnel à Matignon - assez abruti pour incarcérer et mettre en examen cinq militants pacifiques, parce qu’en possession d’un stock d’armes de l’organisation séparatiste ETA.

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Déférés après 96 heures de garde à vue, Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, dirigeant de Bizi ! - Vivre -, mouvement écolo, intervenant remarqué à la Cop 21, Michel Berhocoirigoin, ancien président de la Chambre d’agriculture alternative du Pays basque, Michel Bergougnian, coopérateur viticole, la journaliste Béatrice Haran-Molle et un cameraman, Stéphane Etchegaray, laissés libres sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet, et après une mobilisation d'envergure au pays-basque et de trés larges couvertures des médias à l'étranger comme dans l'hexagone.

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Une information judiciaire avait été ouverte pour port, transport et détention d’armes, de munitions et de produits explosifs, en relation avec une entreprise terroriste, puis placés sous contrôle judiciaire.

Le militantisme innovant inventif renouvelable sur le mode Txetx, Jean-Noël Etcheverry, n'est pas le fort, ni du gout, mais alors pas du tout, des politiques franchouillards qui le vivent d'un fort mauvais oeil.

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La démonstration a été faite une fois de plus de la motivation extrême et totale de la population du Pays Basque à se mobiliser aussi longtemps et tant que ne seront pas résolues les questions de l’incarcération des membres de L’ETA.

Tous levés pour qu'on écoute jusqu'à dans le dernier coin le plus reculé du monde la dénonciation massive d'une société qui veut le retour de ses prisonniers, enfuis et déportés pour cautériser les blessures ouvertes par des décennies de conflit.

    La société basque ne veut pas que quelqu'un viole, en son nom, les droits des personnes emprisonnées ou de leurs familles.

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