Dans la fable Wellesienne - Dossier Arkadin Orson Wells 1955 - du scorpion et de la grenouille, un scorpion qui voulait traverser une rivière demande à une grenouille de le prendre sur son dos et, ainsi, de le porter sur l'autre rive. La grenouille effarée craint qu'il ne la pique. Dès que tu seras sur mon dos, je te connais, tu vas me piquer ! " Et le scorpion de lui expliquer que s'il la pique, il mourra avec elle. Convaincu par l'irréfutable argument, la grenouille acquiesce à sa demande, et, parvenue au milieu de la rivière, la scorpion de la piquer. Avant de mourir, la grenouille lui demande : Pourquoi m'as tu piquée, puisque tu vas mourir aussi ? Et le scorpion de lui répliquer :  It's my character ". C'est mon caractère. Dans l'acception du terme anglais, Character renvoie à la nature profonde de l'être. It's my Character ", c'est dans ma nature.
Il y a quelque chose de ça, dans le trouble qui sourd et la grogne qui s'installe au cœur de la rédaction de France 3 Corse, l’excellente Via Stella, sans qu'il soit trop évident de savoir qui est la grenouille et qui, le scorpion. Seul élément de certitude, la rivière. Localisée, et bel et bien identifiée, elle est le lieu de convergence de toutes les focalisations. Le JT. La rivière, c'est le JT. Le rédacteur en chef de Via Stella la confie à un présentateur, emploi en CDD, venu tout droit, après bien d'autres d'autres techniciens, et tout exprès du continent. La rédaction de Via Stella se voit imposer un continental en lieu et place du présentateur du JT, jusqu’alors confié, comme il se doit - il n'y a pas pénurie, et loin de là, de talents insulaires multiples et variés - à un enfant du pays, à un corse du sérail, et comme en corse tout le monde se connait, à un familier, en lequel il est toujours une parcelle de l'âme de chaque corse, de chaque téléspectateur corse, et ils sont nombreux à l'heure du journal - Corsica Sera Bona Sera, Corse Soir Bonsoir ! - très nombreux, une corse à l'écoute de son journal, une corse sensible qui prend des nouvelles des siens et des autres, une corse à l'écoute d'elle-même, quand tout ce dont il s'agit, tout ce dont il est débattu, trouve des résonances personnelles immédiates et implique tout un des chacun dans son tissu affectif, familial et relationnel. C'est une place publique réinventée, l'agora des fidèles, fidèles aux leurs, à eux-même, en profonde cohérence avec ce qui les constitue. Enfant du pays, le présentateur, tutoie le cœur de tous le siens à son écoute. Constitutif de l'image d'une rédaction, lui substituer un continental, relève de l'ablation d'une part de soi au cœur de la rédaction, ainsi que de toute cette population de l'île qui lui est attachée. Et qui ne le comprendrait pas, où plutôt qui le comprendrait très bien, ne le comprendrait que trop bien.
Il y avait, naguère, vous savez, les odeurs... Et depuis quelques années un tas de choses pas très ragoutantes ... Comme un vieux vent nauséeux de pourriture ... Ce vent avait épargné un tant soit peu certaines rédactions. Après les odeurs, l'accent ... L'accent avec un grand A, l'accent qui gène, l'origine qui gène, mais de qualité, même avec une très grande qualité intrinsèque, l'accent, ça gène quand même, l'accent de toutes les régions du cœur, où le cœur et ses liens sont encore d'importance. Où quand le cœur est primordial.
Ablation, chirurgie volontaire contre la volonté, et, d'une rédaction, brillante, et, de l’ensemble des téléspectateurs. Qui tout simplement, et tous autant qu'ils sont, tiennent à voir et entendre leur JT présenté, par l'un des leurs, l'un de ces " leurs " que leur cœur tutoie si affectueusement.
Alors qui ... La grenouille ... Qui... Le scorpion ... N'est ce pas celui, qui, dans l'incompréhension de tous, de toutes, saborde une rédaction et son image ... Le dit- mortel animal ?
On le sait  It's his Character " ... Et on en sait aussi les raisons de son Character à la nature dévoyée et servile.