Le 14 juillet, lors des célébrations de la fête nationale française, un semi-remorque fauche plusieurs personnes sur la promenade des anglais à Nice ! Le chauffeur sera abattu par la police et le bilan provisoire de cet acte terroriste sera de 84 morts et une centaine de blessés ! Pourtant, après les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, François Hollande décidera de créer l’Opération Sentinelle.
ATTENTAT DE NICE : UN CHOIX ASSUMÉ
Par Alain Titty Dimbeng
L’Opération Sentinelle qui aura pour objectif de renforcer la sécurité sur le territoire national en complément du Plan Vigipirate sera opérationnel à partir du 12 janvier 2015. Sentinelle mettra en œuvre 10 412 personnels dont 6 000 en Ile-de-France, portés à 13 000, après les attentats du 13 novembre 2015.
En effet, la France sera malheureusement frappée par un nouvel attentat et le 14 novembre l'état d'urgence sera décrété en Conseil des Ministres. Alors que le 14 juillet 2016 François Hollande annoncera que l’état d’urgence qui devait expirer à la fin du mois de juillet ne sera pas reconduit, l’attentat de Nice, le soir même, l’obligera à changer d’avis. Le président français prolongera l’état d’urgence de trois mois, décrétera 3 jours de deuil national et fera appel aux réservistes de l’armée.
Après ce nouvel attentat, comment expliquer qu’une attaque ait pu avoir lieu en pleine ville alors que le pays tout entier est en état d’urgence avec une opération militaire de sécurisation du territoire en cours ?
La réponse est très simple ! À moins de changer de politique, il est impossible d’empêcher les attentats en France et les Français devront dorénavant vivre avec cette menace car l’état d’urgence, l’opération sentinelle et l’appel des réservistes ne serviront à rien.
Ainsi, le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, lors du journal de 20h sur TF1, Manuel Valls, déclarait : « Ce que je veux dire aux Français, c’est que nous sommes en guerre. Oui nous sommes en guerre. Ce qui s’est passé était un acte de guerre organisé méthodiquement (…) Le 13 janvier dernier […] j’avais déjà dit que nous étions en guerre (…) Nous avons toujours dit qu’il n’y avait pas de risque zéro, qu’il pouvait y avoir des attentats qui frapperaient plus durement la France (…) ». « Les menaces vont durer : c’est une question de mois peut-être d’années. Les Français doivent être forts ».
Cependant, le risque que les attentats font peser sur la France est beaucoup plus grand ! Le 10 mai 2016 devant la commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale, Patrick Calvar, le patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieur (DGSI) déclarait : « L'Europe est en grand danger (…) Les extrémismes montent partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l'ultra droite qui n'attend que la confrontation (…) Encore un ou deux attentats et elle adviendra (…) ».
Il mettra alors les députés en garde en ajoutant : « nous sommes au bord d'une guerre civile » et se dira « inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l'entraîne ».
Force est de constater que la classe politique française alimente cette radicalisation. Selon les dirigeants français, les attentats en France s’expliqueraient par la volonté des terroristes de s’attaquer au mode de vie des Français et aux valeurs occidentales de démocratie, liberté... Ce discours rencontrera une opinion favorable au sein de la population qui se traduira par une montée de l’extrémisme à travers un amalgame entre terrorisme et immigration.
Pourtant, l’Espagne qui défend les mêmes « valeurs occidentales » n’a pas subit d’attentats islamistes depuis celui du 11 mars 2004 qui fera 191 morts et près de 2 000 blessés.
En effet, après cet attentat sanglant, des élections verront la victoire surprise des socialistes dont l’une des promesses de campagne sera le désengagement du contingent espagnol en Irak, composé de 1 432 soldats. Le nouveau président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait à peine prêté serment devant le Roi qu'il demandait à son ministre de la Défense, José Bono, de « faire ce qui est nécessaire pour que les troupes stationnées en Irak rentrent au pays dans les plus brefs délais possibles et avec une sécurité maximum ». En attendant leur retrait qui durera une cinquantaine de jours, les militaires resteront alors dans leur caserne.
Le retrait espagnol sera motivé par la pression de l’opinion publique et Miguel Angel Moratinos, le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, estimera que le modèle actuel en Irak « n'apporte aucune solution » et que les soldats espagnols y étaient partis initialement « pour découvrir et démanteler des armes de destruction massive ».
Les « armes de destruction massive » seront en réalité une désinformation organisée par les autorités américaines pour avoir un prétexte d’envahir l’Irak conformément à « la doctrine de remodelage du Grand Moyen-Orient » dont on voit actuellement les effets dévastateurs en Irak, en Libye et en Syrie.
Avant 2014, de nombreux services de renseignement occidentaux estimaient que le groupe terroriste Etat-Islamique ne constituait pas du tout une menace pour l’Occident et ce malgré les mises en gardent des présidents Syrien et Russe. Ainsi, dans le livre « Dans les coulisses de la diplomatie française de Sarkozy à Hollande » de Xavier Panon, François Hollande avouera que la France a fourni des armes à des groupes rebelles syriens dès 2012 malgré une interdiction l’Union Européenne. Devant les atrocités commises par ces groupes terroristes et la fermeté de Vladimir Poutine à soutenir Bachar el-Assad devenu le dernier rempart contre la barbarie des islamistes, les Etats-Unis mèneront une coalition qui bombardera l’Etat-Islamique à partir de 2014, suivis par la France en 2015.
Dès lors, plus de 25 000 Djihadistes dont 5 000 européens seront alors aux portes de l’Europe pour se venger et le 21 octobre 2015 lors de la réunion annuelle du Club Valdaï à Sotchi, le président russe déclarera alors : « Les Etats-Unis possèdent un grand potentiel militaire mais il est toujours difficile de mener un double jeu : lutter contre les terroristes et en même temps en utiliser certains pour poser des pions sur le damier du Moyen-Orient dans leur propre intérêt. Il est impossible de vaincre le terrorisme si on utilise une partie des terroristes comme un bélier pour renverser des régimes que l’on n’aime pas ».
Allié principal des Etats-Unis en Irak et en Syrie, la France subira les effets de son double jeu Moyen-Orient, guidé par la vente d’armement aux monarchies du golfe qui soutiennent l’Etat-Islamique qu’elle (La France) est censée combattre.
Avec un déficit de 72 milliards, 2 148 milliards de dette, soit 96,5% du PIB et une croissance en dessous de 1%, la France devra faire un choix !
Il s’agira, soit de se retirer du Moyen-Orient à l’image de l’Espagne et renoncer au juteux marché de l’armement notamment des monarchies du golfe, soit de continuer la même politique et régler une facture de près de 400 millions pour l’Opération Sentinelle avec un risque de guerre civile, des attentats et de nombreux morts …
Les 16 milliards de contrats d’armement en 2015 et le nouvel attentat à Nice semblent indiquer un choix assumé ! La raison d’Etat a ses raisons que la raison ne connaît point !
ATD, le 15 juillet 2016