" ...là où il y a justice, il y a danger " ...
Bien étrange, et non dénuée d'intérêt ... Phrase intéressante, qu'on croirait sortie tout droit d'une tirade de tragédie antique, digne de Sophocle, Eschyle, ou plus proche de nous, Camus.
Phrase étrange parce que sibylline...
Première hypothèse , " ... là où il y a justice, il y a danger " pointe la terreur, l'absolu de la terreur ou la terreur absolue, l'injustice de la justice, la possibilité d'une erreur, d'une justice injuste, d'où le danger.
Deuxième hypothèse, la justice si elle œuvre " vraiment " , et entend le justiciable, peut prononcer un verdict juste et donc dangereux pour le contrevenant ( en l'occurrence , le Ministre ).
Toisième hypothése, elle est susceptible de toujours un jour se prononcer n'importe comment, en dépit du bon sens. Elle est insensée.
Ou une quatrième interprétation, vague mixte des trois précédentes, plus nébuleuse et indistincte , la justice, comme entité indiscernable, entre archétype d'une idée, antique déesse grecque, et exigence de confrontation au réel et à son fonctionnement et ses nécessités , tributaire des aléas humains, et aux éléments parfois incontrôlables et souvent imprévisibles, ou trop zélés, sorte de monde gazeux fait de brumes, monde de l'opaque, d'où tout peut sortir, vaguement ressemblant aux cauchemars d'un roman d'épouvante de Lovecraft, enfin toujours considérée non sans une indéfinissable crainte, une zone d'indiscernabilité qui risque d'occulter, voire, d'hypothéquer l'avenir, et donc , préjudiciable quant à ses conséquences, et , en conclusion , elle est Monde de l'irrationnel, et , sur lequel le Ministre fait peser l'ombre du Soupçon.
Qu'avec la justice , il faut s'attendre à tout . Que la justice est un lieu. Une idée-lieu, " là ", est une sorte d'entité vague dans ses pourtours et contours, qu'elle recelle en ses flancs une épouvante, danger potentiel, qu'elle est potentiellement dangereuse, que lorsqu'elle ( la justice ) s'agrippe à un lieu " où " , qui devient " là " , " là, où, "...il y a ...justice, le danger est .... Le danger est, réside dans cet " il y a " . La justice est dangereuse. Il y a une menace en elle. Elle est menaçante. Sa dangerosité potentielle lui est consubstantielle. Qu'elle est dans son essence. Qu'elle est territoire mouvant, sombre apparat, qui se fixe, s'abat, enserre et comprime tout lieu pour lequel elle peut se révéler dangereuse, nocive. La justice glaive de lumière avec sa part d'ombre, de peste noire. La justice comme peste noire . Quand la justice s'abat ...Qu' hormis son auréole ...! Il faut s'attendre à tout .
Il ( le ministre ) sait qu'il a failli. Et qu'avec la justice ... ! Il dit en substance en évoquant le danger qu'elle peut représenter pour lui, qu'elle peut le frapper, qu'il ne pourrait pas l'en empêcher, détourner le bras armé, à son endroit, le glaive, de sa tête .. Qu'il ne la contrôle pas . Qu'il ne peut pas dire ce qu'il veut . Et ce qu'il veut, il le croit pas bon pour la République. Pour le pays, dont il a la large charge d'un des plus puissants ministères, et qui ne peut s'exprimer dans les termes qui conviennent à la mise en place de la politique qu'il a en charge d'appliquer, et qui est bonne pour la république, et pour le pays. Qu'il ne peut pas mettre en place la politique qui est bonne pour la France, et que les Français, par leur vote, ont légitimée. Que la justice est un danger " là " où elle regarde, et que la justice est un danger pour là, où ,elle regarde, , qu'elle est dangereuse, nocive, quand elle regarde ce que, donc, fait le gouvernement, quand son ombre s'étend sur ce domaine et les étendues de la politique voulue par le vote des Français et dont le gouvernement se fait et le porte parole et le bras actif, séculier, l'ouvrier de la volonté populaire acquise dans les urnes, et dont son ministère a la charge de bâtir, d' exécuter.
Le corollaire est simple. Pour pouvoir exécuter correctement , jusque dans les moindres détails , les desseins voulus par le politique pour la France, il s'agit aussi, parmi tant d'autres dangers inhérents à la situation de la France à l'extérieur comme à l'intérieur, d'exécuter une bonne fois pour toutes, et chemin faisant, sans trop de vagues ou tempêtes hivernales, d'exécuter tout simplement, d'exécuter la justice. De la mettre au pas, de mettre la justice au garde à vous . Le doigt sur la couture.