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Billet de blog 20 janvier 2012

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Le flot séveux de l'arbre ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

12 /01/ 2012

Pour devenir locataire du palais le plus couru de la république, que n'investira jamais plus d'un seul, il lui faut, à ce seul auréolé d'enfin le Prestige,  rameuter tant et plus et plus encore, de plus ou moins riches et  plus ou moins pauvres tous confondus dans ce bain amniotique temporel  de quatre fois le même geste,  et pour se faire réaliser l'exploit d'attirer à lui, tel l'aimant,  la limaille,  tous les contraires et leurs contraires, qui scanderont alors le soir du grand soir, le mantra sacré des foules en liesse, des sports, des jeux et des batailles de la politique,  abréaction sonore tant attendue, fruit de l'énergie du travail, de la volonté et de l'ambition de tant et tant pour le luire d'un seul. Le Locataire. 

Lui tout à son pinacle besogneux, alors qu'au lendemain qui ne tardera pas du grand soir,  peu-à-peu, se disloquera la masse, moins compacte ici et là,  se déliteront les liens, qui, par groupes, petits et grands, dynamiques ou moins ou pas du tout, se défera la foule en des directions diverses, opposées, contraires

... Les pauvres retourneront à leur pauvreté, les riches à leur richesse, les oubliés à leur oubli...

13/01/2012,  par Baruch S 

Mais c'est bien pour ça qu'il ne faut pas oublier qu'il existe une gauche et une droite, incompatibles et que c'est le capitaine et l'équipage en place qui peuvent orienter les virages à bâbord ou à tribord. Obama n'a pas réformé autant qu'il l'avait annoncé, mais il a fait bouger le paquebot dans une direction de gauche, c'est à dire vers une politique qui refuse de s'appuyer sur le développement de l'analphabétisme et de la pauvreté pour ceux qui ne sont pas dans les starting blocks de la réussite économique et sociale , une politique qui a, au contraire, l'ambition de lutter contre le creusement des inégalités.

Nous attendons du prochain président qu'il soit de gauche, pour orienter notre " France" dans une telle direction et pour cela, il faudra compter, après les présidentielles, sur un équipage de gauche aussi. Sinon on ne pourra rien faire pour  redresser le bateau.

20/01/2012 

... Curieux et insolite, cet écho qui se répercute intérieurement après vous avoir lu. A la façon du  fléau, devenu tête-pensante et active,  d'une balance dont la particularité serait de corriger des équilibres en déshérence, en perdition, de désamorcer  des emportements, de ragaillardir des caractères. De fixer le cap, et de s'y tenir. La métaphore maritime est de circonstance. Vous l'anticipiez. C'est à travers les mots, entre les mots, qu'on voit et qu'on entend.  L'énergie est dans les mots, disent les Tibétains. La vision aussi.  L'énergie est vision. 

  Voir ... la nature vue, la nature sentie, celle qui est là (Cézanne montrait la plaine verte et bleue), celle qui est ici (il se frappait le front) qui toutes deux doivent s’amalgamer pour durer, pour vivre d’une vie moitié humaine, moitié divine, la vie de l’art, écoutez un peu... agit.

Voir inter-agit, voir modifie  Je veux, moi, me perdre en la nature, repousser avec elle, comme elle, avoir les tons têtus des rocs, l’obstination rationnelle du mont, la fluidité de l’air, la chaleur du soleil. Dans un vert, mon cerveau tout entier coulera avec le flot séveux de l’arbre. Il y a devant nous un grand être de lumière et d’amour, l’univers vacillant, l’hésitation des choses. Je serai leur olympe, je serai leur dieu. L’idéal au ciel s’épousera en moi. Les couleurs, écoutez un peu, sont la chair éclatante des idées de Dieu. La transparence du mystère, l’irisation des lois.

La force éjaculatrice de l’œil.  Longue déchirure latérale sous la ligne de flottaison qui renvoie l'inflexible acier à la consistance du papier à cigarette. La quille du voyant du siècle passé l'a lâché, et son frêle esquif, bateau ivre dépenaillé aux ivresses oubliées, de retour d' Aden, sombre à Marseille. 

Il est un paquebot qu'il est encore temps de pouvoir redresser. Et ses passagers à demeure ont, eux, à en choisir le capitaine, leur capitaine. Et,  à le bien choisir !  ... Sinon, effectivement ...

Tout le jour il suait d'obéissance; très
Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies!
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir: à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines:
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.

Les artistes, aux vieux temps, étaient les maîtres d’enseignement de la foule. Tenez, vous voyez Notre-Dame là-bas ! La création et l’histoire du monde, les dogmes, les vertus, la vie des saints, les arts et les métiers, tout ce qu’on savait alors était enseigné par son porche et ses vitraux. Comme dans toutes les cathédrales de France, d’ailleurs. Le moyen âge apprenait sa foi par les yeux, comme la mère de Villon...

Il y a des jours où il me paraît que l’univers n’est plus qu’une même coulée, un fleuve aérien de reflets, de dansants reflets autour des idées de l’homme... Le prisme, c’est notre première approche de Dieu, nos sept béatitudes, la géographie céleste du grand blanc éternel, les zones diamantées de Dieu...

Dis-moi ton prisme ! Quel est ton prisme ! Tes prismes ! Quelles sont tes prismes!  Tes compressions !  Quelles sont tes compressions ? ... Compression de prismes !  ...  Le problème avec notre époque,  c'est que tout le monde a son prisme ... Permanence rétinienne des Anamorphoses ... Quel chaos et pour quel ordre à venir ...

Ce qui est terrible sur cette terre, c'est que tout le monde a ses raisons

... et dans chaque cellule d'enfermer un fou, un malade, un condamné, un ouvrier ou un écolier... Autant de cages, autant de petits théâtres où chaque acteur est seul, parfaitement individualisé et constamment visible. Le dispositif panoptique aménage des unités spatiales qui permettent de voir sans arrêt et de reconnaître aussitôt... La visibilité est un  piège.

Là je suis bien, je vois clair, il y a de l'air.

C'est à travers les mots ... Deleuze

la nature vue ... sentie ...  Cézanne

Ce qui est terrible ...   Jean Renoir

Tout le jour il suait d'obéissance; ...  Arthur Rimbaud

et dans chaque cellule ...  M Foucault

la force éjaculatrice  ... R Bresson

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