L’ École de Cardo, sur les hauteurs de Bastia, emporte le concours national " Les Petits artistes de la mémoire, la Grande Guerre vue par les enfants".
Les Petits artistes de la mémoire, la Grande Guerre vue par les enfants.
Ils partent, la mémoire reste.
Et la mémoire est parfois une fête. Parce qu'au delà de la tristesse et de la peine, il y a la joie, la joie de se souvenir, de pouvoir se souvenir, de se remémorer, de pouvoir se remémorer, et se remémorer est convoquer tous les absents à cette grande fête de la vie que savent si bien égayer les enfants. Tous les enfants du monde.
Et parce que se souvenir, se remémorer et convoquer les acteurs absents, c’est aussi, avec leur aide, celle réfléchie de leur expérience, regarder le présent et aborder aussi sereinement que possible le futur. Et tenter, autant que faire se peut, de le savoir mieux appréhender et choisir.
Face à la raréfaction et la disparition, les uns après les autres, des derniers des Poilus - Surnom donné aux soldats français de la Première guerre mondiale, où dans cette abominable guerre qui s’éternisa durent des années, entre 1914 et 1918, dans des tranchée, il était peu aisé de se raser - l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre ( ONAC-VG) - en partenariat avec, pour une liste exhaustive, la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du Ministère de la Défense (DMPA), le Groupement d’intérêt public (GIP) « Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale 1914-2014 », l’association Renefer, le Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux, la Fondation Varenne, la Fondation CARAC, l’Union des Blessés de la Face et de la Tête, le Souvenir Français, le Comité National du Souvenir de Verdun, la Fondation des mutilés et Invalides de Guerre, la Fédération nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d’Algérie, Maroc et Tunisie, l’Association Républicaine des Anciens combattants, l’Union Nationale des Combattants - invite les enfants des écoles primaires des classes de CM1 et CM2 à s’approprier leur histoire et leur propose de la transmettre, de la relayer et de la raconter, en se faisant, en s’improvisant, avec le brio et le dynamisme qui les caractérisent tous, des « Petits artistes de la Mémoire ».
Aidés de leurs enseignants, les élèves choisissent un soldat de la Grande Guerre, originaire de leur commune et, petit-Poucets attentifs et appliqués, partent à la recherche des traces, en quête des témoignages, qu’il a laissés, et que, certains ici et là, conservent, dans sa famille et au cœur des archives municipales ou départementales.
Dans le cadre du 70e anniversaire de la Libération, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) s’attache, tous les ans, à fédérer le plus grand nombre de nos jeunes, tout jeunes, concitoyens autour du travail de mémoire.
Pour la 4e année consécutive, l’ONAC-VG organisait le concours scolaire de bandes dessinées ouvert à tous les collégiens et lycéens.
Le message que l’ONAC-VG souhaite faire passer est bien simple, mais sonne comme une évidence : la mémoire de la guerre et des anciens combattants passe auprès de la jeunesse par un travail de mémoire et par une réflexion sur l’histoire des conflits contemporains.
Le sens de ce concours n’est pas tant de dessiner la guerre que de dessiner sur la guerre : il y a un message à faire passer dans l’histoire racontée, celui d’une réflexion de combattant, victime ou témoin des événements de la Seconde Guerre mondiale liés à la Libération (1944-1945).
Le coup d’envoi officiel et national de cette quatrième édition est donné en octobre 2014.
Après avoir mené une minutieuse enquête et en s’inspirant du « carnet de poilu » réalisé par le peintre Renefer pour raconter à sa fille sa vie quotidienne au front, les enfants confectionnent à leur tour une œuvre mémorielle sous la forme d’un carnet de guerre artistique alliant expression littéraire, plastique ou numérique retraçant le parcours de « leur » soldat.
Le concours est national et ceux, les classes de CM1 et CM2 qui s'y présentent, qui vont y concourir reçoivent le "carnet de Poilu" de Renefer " prêté par les services départementaux de l'ONAC-VG, aux classes participantes.
Le "carnet de Poilu" de Renefer "
À la fois dessinateur, graveur, illustrateur et peintre paysagiste, Raymond Fontanet, dit Renefer (1879-1957) est un artiste complet dont les œuvres sont aujourd’hui présentes dans les musées et collections.
Durant toute la Grande Guerre, il dessine sans discontinuer et exécute de nombreuses gravures « Sur le Front » de Verdun, « Pendant le Combat » dans la Somme, des « Hauts-de-Meuse en Alsace ».
Ouvrage support du concours national « Les petits artistes de la Mémoire » qui invitent les élèves de CM1 et de CM2 à partir à la recherche des traces laissées par un poilu, originaire de leur commune ou de leur département, puis de raconter sa vie à la manière de ce carnet de poilu.
Carnet de Poilu
Certaines d'entre elles serviront à illustrer « le Feu » d’Henri Barbusse parût chez Gaston Boutitie en 1918. Gabrielle Thierry, artiste peintre, a créé l’association Renefer qui défend l’œuvre du peintre, de ce poilu de 14-18.
" Puisque je ne peux pas te raconter comme autrefois des histoires, je vais tâcher de t’amuser un peu en t’écrivant ce que ton papa voit de drôle ici…”
Pour sa fille de huit ans, Renefer, artiste et soldat sur le front, a raconté et dessiné la vie quotidienne des poilus dans les tranchées.
Ce témoignage “de première main” unique, publié à l’identique cent ans après sa réalisation, a une portée universelle : il s’adresse aux générations futures, à tous les enfants et donc aussi à nous, enfants, petits enfants et arrière-petits-enfants de la “génération sacrifiée”.
En plus du fac-similé du carnet de Renefer, cet ouvrage propose une biographie inédite de l’artiste illustrée d’œuvres témoin de son style (du Paris 1900 jusqu’aux paysages d’Ile de France), des lettres du front illustrées, ainsi qu’une sélection de ses principales œuvres de guerre (eaux fortes, lithographies).
Cardu est un petit village sur les hauteurs qui dominent Bastia. L’actuel vieux port de Bastia, que l’on appelle « le Vieux-Port », merveille de temps anciens, en était sa marine. Autrement dit, le port de Cardu.
Dans ce petit village, absolument charmant, une école, dans cette école, une classe, la classe de Marie-Dominique Benedetti, une classe à plusieurs niveaux, du CE1 au CM2et, dans cette classe des élèves, qui, avec leur maitresse, Marie-Dominique, se sont attachées à découvrir et côtoyer le soldat Joseph Devichi, zouave paysan, tombé au champ d'honneur, mort à l’ennemi un 23 janvier 1915 à Malancourt, et dont une des descendantes est élève de cette classe.
L'on imagine l'émotion, les regards, leurs poids, la concentration de ces élèves, de cette classe et de cette maitresse dans cette œuvre d’orfèvre de la mémoire la plus sensible qui soit.
L’ École de Cardu, a remporté le 1er prix national du concours " Les petits artistes de la mémoire ".
« Joseph Devichi, zouave paysan, les a accompagnés pendant toute une année scolaire. Le soldat, tué à l'ennemi le 23 janvier 1915 à Malancourt, est à jamais dans la mémoire des enfants du village. » Janine V.
Je ne peux pas dormir. J'écoute les hurlements de souffrance. J'ai peur de mourir abandonné sur les barbelés.
" Une belle aventure d'une année scolaire pour ces élèves de Cardo qui ont fait se rencontrer la petite et la grande Histoire. Joseph Devichi et tout son régiment seraient fiers de vous ! .. " Anne-Marie A.
Bravo à la maîtresse et à ses élèves.
Le palmarès de cette 9ème édition :
1er prix : « Joseph Devichi, zouave paysan », École de Cardo de Bastia (2B), classe de Madame Marie-Dominique Benedetti ;
2ème prix : « Caporal Albert Blanc, infirmier brancardier », École privée Sainte Clotilde de Saint-Denis (974), classe de Mme Marie-Ange Cudenet ;
3ème prix : « Mon chemin de mémoire, Louis Haboury, cordonnier vauchellois, raconte sa guerre à son fils Gérard », École de Pozières (80), classe de Mme Tailly ;
Mention originalité : « A la mémoire de Joseph Pradeix et des habitants de Sarroux, soldats de la Grande Guerre », École de Sarroux (19), classe de M. Benjamin Murzin ;
Mention artistique : « Carnet d’Elie Barberel », École d’Ecouché (61), classe de Mme Mathilde Hamon ;
Mention pédagogique: « Victorine ou l’itinéraire d’une femme engagée », École Victorine Déconche de Celle-sur-Durolle (63), classe de Mme Fanny Girard-Pupin.