Hypermarchés Cora, L’empire à corps et à cris
La France au seuil de l’hiver entretient les braises du feu de la révolte que d’aucun pense, à jamais, sous les cendres de l’espoir, calcinée depuis belle lurette. Mais belle-lurette s’est ragaillardie, belle-lurette est délurée, porte haut et court, coloré et altier. Elle est tout en devanture et autant en arrière cour. Provocatrice et sûre d’elle, de ses copines, de ses « appelle-moi, je te rappelle … En réseaux. Elle est partout, et s’y est glissée et a plein de copines, déguisées pour le carnaval permanent des jours et des nuits, qui, comme elle, tapotent du bout de leurs ongles de toutes les couleurs, des biens criardes aux bien jolies, avec des petites étoiles et des petits dessins dorés de toutes les religions, sur les petites touches de leurs téléphones portables. Mensonges et cachoteries, crises de rires, crudités et cruautés, nuits électriques, éclectiques, chamarrées et nomades, tracés silencieux en tout sens qui sillonnent la nuit de ses fuseaux déjantés, d’ sms nocturnes en mms éloquents, « devine ce qu’il vient de me faire …j’t’envoie une photo » ! … « trucs de Ouf… ! » Dans les banlieues la France se lie, et Paris est devenue une banlieue. C’est les filles qui mènent la danse. C’est de tout temps comme ça…
Mais cette fois, c’est en devanture et en arrière cour aussi. C’est dire que c’est toute la société qu’elles meuvent … Elles la tiennent dans la paume de leurs mains basanées déclinées sous tous les tons et de toutes les nuances, et sous la délicatesse ourlée et tout aussi colorée de leur pieds. Chasseresse à l’œil et à l’ongle. Acérées.
Les garçons en bande, les voitures de la racole, les hlm de la ville de Paris, les cages d’escaliers bondées comme le métro qui l’est toujours , tout le temps, maintenant, dés qu’il ouvre, vu que y’a plus personne qui travaille… Les blindés de tunes qui ont pas besoin de travailler au Flore et chez Armani et consœurs de la rutilance érigée en mode de civilisation, et les sans-trop-le-sou qui ont pas de travail et en veulent pas, entre Chatelet et toutes les banlieues. Ainsi personne, ou presque qui bosse, que c’est plein partout. De la Fnac à Tati, de la rue de Rennes à la Canebière. Des houillères de morne-ennui aux mouroirs ensoleillés des automnes niçois. La France se meurt et sa jeunesse de tous les âges rigole.
L’empire des puissants, des banquiers et des criminels tuent à hue et à dia. La jeunesse de tous les âges rigole. « Un truc de ouf ! T’y crois pas … » Le métro ferme, les taggers l’investissent, il ya foule et même fête ! … Je tag que je deal ! … No, No, No… Je tag, deal, persiste et signe … No, no , No… C’est la fête la nuit sur les rails, où le courant, l’est pas toujours coupé ! … Le savent pas à la ratp qui savent si bien indiquer et faire traquer le rom et le sans-le-sou-qui-saute les tourniquets, Fuck the ratp ! … Le savent pas à la ratp que y’a des nuits tags, des nuits teufs, la nuit, dans plein de stations, le long des rails et que le courant n’est pas toujours coupé. No, No, No,… Ils savent pas que ça circule grave à pied la nuit, qu’y a foule, la nuit, dés la fermeture ou un peu après, et que la haute tension n’est pas forcement toujours coupée ? …. Comme s’ils savaient pas ! En cas de problème… Ils savent pas…Homicide involontaire … Sera retenu contre eux … En vertu de tout simplement l'article 221-6 du code pénal … constitue une atteinte involontaire à la vie … « Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement la mort d'autrui » … Ils iront en taule, seront condamnés… ! No, No, No … Je n’irai pas en désinto … ! No, No, No … ! Je tag que je deal …! Ce soir, on teuf entre Bastille et Gare de Lyon … No, No… Du bout de l’ongle, rouge sexe sur les petites touches sensitives et sensibles de mon portable … Les copines rappliquent … Courant à Haute tension, la mort fluide, la mort rapplique, elle est partout, en costume de bain, en habit de taulard, en tenue de soirée, sur une face émaciée, au bout de ma seringue, au fond de mes poumons, dans l’alambic du temps, qui la goutte comme un parfum, comme un putain de ver monstrueux et mortel qui nous court entre les pattes… C’est la mort, peine pour tous, peine de mort pour tous, qui s’en pourlèche les babines, divine salope à 25000 volts qui nous serpente toute la nuit ainsi entre les cuisses, sûre de sa position hégémonique, de sa géographie privilégiée sur l’autel du meurtre et du sacrifice, envisageable, et qui nous reluque dans nos intimités cosmétisées aux avenantes activités créatrices et sensibles, affamées. Et volontaires. Opaques. Décidées. Avides et Voraces.
L’empire des puissants, des banquiers et des criminels, qui en vertu de la généralisation du meurtre, et par la loi tacite et admise qui en découle, n’est plus criminel d’être meurtrier, tue à hue et à dia, partout dans le monde, en pleine ville, la nuit, égorgeurs robotisés, le jour, dans le désert, assassins rigolards, et laisse pourrir le macchabée, ou le jette à l’eau, en pleine et haute mer, pour le noyer après qu’il soit mort y’a très longtemps, d’un bateau de guerre qu’ils ont fait venir exprès …
Qu’importe … ! La jeunesse de tous les âges de tous les pays rigole… Ce soir, on Tag, ce soir, on teuf, on teuf grave… On teuf grave la vie qui rétrécie … Et ce qu’on n’aura pas en longueur de temps et temps de vie, on l’aura en intensité…. Déflagrations et intensités… C’est les grecs qui doivent bien rigoler, y doivent pas en croire leurs yeux… C’est Homère, Homère le retour ! …Le grand Homère… et c’est L’Iliade qui flamboie ! De tous ses feux, des mille feux de son génie luxuriant …C’est l’éternel dilemme…The question…Ask the question, Achille ! …Please ! Ask ! … Que choisis-tu ? Parce qu’aux Dieux et aux demi-dieux, il est donné de choisir… Entre Achille et Ulysse, c’est Achille qui l’emporte… Largué l’Ulysse ! … La vie, la vie est une gloire, le vie glorieuse, et la gloire à jamais ! Intensités et déflagrations ! … Les vierges, c’est pour ce soir ? Non, now …! Les vierges, c’est pour maintenant. Elles sont parées et apprêtées … « La vie, c’est la gloire » Vous la laissez pas prendre ! ... Sommes tous des glorieux … ! Nous sommes tous des dieux et des demi-dieux. Nous avons choisis. No, No, No, … We have the world, et, on le kif grave, We have the world et on le teuf comme des oufs ! … We are the world, we are the life “ et on en fait ce qu’on veut “. On est la vie. “ We teuf it, et on le teuf grave ! … Das ist alles ! … We teuf it … Heil, life ! Bonjour (with british accent) bonjour la vie ! … On l’a, on la prend… On la gerde autant qu'on peut ...Aussi sûr que le jour succède à la nuit. Saccage sec sur les valeurs ! La bourse périclite et le cul ramasse la mise … C’est les grecs qui doivent bien rigoler … C’est l’Homère, c' eux, au début, leur printemps grec qui a des allures d’éternité, putains de bacchanales ! … Dés le début des débuts … C ’est pas le gros ver gris et gras et mortel du papier monnaie-de-singe qui va nous ronger les sangs… Mauvaise nouvelle pour l’empire ! … On kif la vie, et la mort aussi … ! No, No, No, … Votre gros ver gris et gras, bien mortel en taffetas de monnaie singe avec sinistre filigrane estampillé patenté terroir mythique, on en veut pas … No ,No, No … Mauvais sang ! Mauvais sang pour l’empire !...
Vous tuez, vous ne serez pas inquiétés ! Meurtre is légal.
Ce qu’on n’aura pas en durée, on l’aura en intensités. Intensités radicales. Illuminations. Bouddha et Rimbaud dansent la gigue en terre d’islam et récite le Coran. Il n’y aura plus de meurtres…No, no, no … Tu parles ! …
Chez Cora, un nom, plutôt joli, de fille, qu’on imagine jeune, putassé par une chaine d’hypermarchés qui rackette grave et frelate tout autant, en grande région parisienne et île de France très appauvries mais bien vivantes , une caissière, parce qu’ un bout de papier abandonné de ticket de caisse, elle a ramassée, est rudement malmenée et terriblement emmerdée par sa direction, qui sont des gens, la direction, des gens qui…l’emmerdent, comme ailleurs, comme partout, comme ce type, emmerdé par sa direction, qui sont des gens, sa direction, des gens qui… l’emmerdent, d’une autre chaine de commerce et de distribution, et, de racket continu des producteurs, pour leur piquer leur place, leur vie, pour devenir eux, les producteurs, eux-aussi, eux-tout, « devenir totalité de la folie et la démesure de l’individualiste forcené rationnel jusqu’à la plus complète dinguerie mûre pour le placard-ouaté-à-souhait », de la très mauvaise bouffe toxique et mortelle à long terme, et qui exploitent salement et combien cyniquement jusqu’à la trame de l’être qui fait qu’ils n’ en peuvent plus mais n’en pensent pas moins, - N’en pensent pas moins : Mauvais sang pour l’empire, l’empire numériquement projeté partout, vol de sauterelles en bandes irréductibles , voraces et néfastes , à éliminer pour le coup – n’en pensent pas moins, comme ailleurs, comme partout, toutes et tous leurs employées, qui, fatigués, épuisés, éreintés jusqu’à la lancinance d’eux-mêmes, comme ce type emmerdé jusqu’à la nausée parce qu’il avait, pour nourrir les siens, prélevé, de la poubelle où ils étaient jetés et attendaient d’être détruits, quelques melons plus très frais et passés de date.
N’en pensent pas moins, et, sans pour autant s’en vouloir, ou s’adonner aux inutiles regrets , nonobstant leur épuisement quotidien et la pression de leur monde de bagnards contemporains, mais en s’en inspirant, du don, qui leur est fait, d’une part du secret qu’elles détiennent, et, que, juste, par l’exemple, par la constance, de cette juvénilité exemplaire et radieuse de tous les âges, détonante, par son ton, sa vive impertinence, son parfum , le goût et l’amour de la liberté si naturellement arborée, comme une insulte à l’empire, à tous les empires, par cette liberté donc, par projection, anticipée comme une promesse , que les filles qui mènent la danse du monde affichent, du don qu'elles livrent donc d'afficher, mais en s’en inspirant, donc, au moins mentalement, elles, ils et elles, tous ces réprouvés de la vie joyeuse, ces à-la-marge-de-la-marge, ces sans-vie, descendants des sans-culottes, emboitent le pas, suivent et accompagnent dans leur ritournelle inspirée, ces ravissantes joueuses de flute, et , comme elles, se mettent à tapoter à qui-mieux-mieux, de leurs ongles doucereusement rosis ou noircis d’un cosmétique ébène, sur les touches délicates des calepins enfin de l’amour et de ses ivresses , suivent et se dorent sous le soleil de leur exemple, de l’exemple des filles qui mènent la danse, la danse partout, la danse partout du monde contre le gros ver gris et gras pernicieux qui se contorsionne insidieusement sous ses 25000 volts, et, qui, parfois, la nuit, pendant la fête, de temps en temps, leur prend un copain, un frère ou une sœur, le fait sauter en l’air et le grille direct.
N’en pensent pas moins, et, dont, il y a fort à parier que, le jour venu, sauront donner le vif coup de fourche, armé, bandé, tendu, au fil du temps, par cette mécanique humaine, crémaillère de l’immonde, planter, là, et profond, ce vif coup de fourche tant retenu et enfin lâché, dans le dos, l’estomac, enfin à la face de qui de droit à l’immonde pédigrée.