O tempora ! O mores !
Chapardage tragique ... Kalachnikov et grosse bagnole !
Bigre ! ... Bigre ... !
Braquage à l'arme de guerre pour quelques paquets de saumons surgelés ... Sidération du citoyen-téléspectateur devant les infos du JT de
20h...
Bigre ! ...
C'est pas le dernier roman, ou quelque incunable retrouvé et inconnu des bibliophiles amateurs de polars, un Goodis égaré, un Charles Williams improbable de derrière la réserve de bois où se frelataient, dans d'invraisemblables alambics de fortune, d'infectes gnôles payées en fausses coupures de cent dollars ou en vraies coupures de un dollars volées dans des troncs éventrés d'églises adventistes, ni le dernier film des frères Dardenne, pas plus qu'un remake retentissant et désopilant de " Thelma et louise ", non plus un road-movie le long de la 666, ou une séquence de Route One / USA, sublime Robert Kramer, qui déroule le long de la mythique route, ses quatre heures de documentaire de délire entre personnages pathétiques, dégénérés et cinglés, humains, tout simplement humains, vieillis, tarés, abimés, délaissés le long de cette route de l'opium du capitalisme yankee...
Non, rien, rien de tout ça, ... C'est rien que la triste et tragique réalité d'une réalité devenue folle d'un pays en bon chemin pour le devenir, d'un pays, le pays de Descartes et de combien d'autres, d'un pays en proie au doute, à la crainte et à la peur, d'un pays sorti de ses gonds, d'un pays qui fait dans son froc et tenté dans ses forces les plus vives, les plus saines et, donc, les plus jeunes, parce que confrontés à l'intolérable, par la tentation du désastre, la tentation du devenir possible de tous les possibles, la tentation de la puissance et de toutes les puissances possibles de la volonté couplée à celles de l'acte, et cet immanent surgissement de ce qu'à la suite de Spinoza et Deleuze, et en écho, qui ressemble à un terrifiant " Ce que peut une société, nous ne le savons pas " ... mais que nous commençons, seulement, à en deviner, par ses filigranes des faits-dits-divers, les contours, les potentialités et l'extrême dangerosité tout azimuts, de sa substance hautement explosive et meurtrière.
Bigre ... !
Que des unités de la police anti-gang ou autre unités de professionels de la lutte contre le banditisme et le grand banditisme en viennent à prendre en chasse des chapardeurs de denrées alimentaires à quelques semaines des réjouissances nationales et commercantes des fêtes de Noel, voilà de quoi, pour le moins, surprendre... Course aprés des voleurs de poule avec les moyens mis en place contre le crime organisé ... Course poursuite jusqu'au drame, jusqu'à la tragédie, course poursuite jusqu'à l'irréparable .... Course poursuite dans toute une région, herse, coups de feu, rafales d'armes automatiques, voiture sulfatée à l'arme de guerre, dont il est à prévoir, avec les stocks d'armes potentiellement disponibles depuis la fin de la guerre en Libye, qu'elles ne remplacent couramment le canif des voyous d'antan.
A l'époque des premiers chapardages de bonbons à l'étalage des confiseurs, ou du libraire auquel quel enfant n'a pas soustrait quelques carambas et autres douceurs sucrées plus ou moins fondantes, mais toujours bien évidemment délicieuses, à sucoter lors du premier cours de la matinée, ou quelque illustré plein de couleurs et d'héroiques aventures à, le plus discrétement possible, feuilleter avec gourmandise et l'air bien souvent trop accaparé, captivé et concentré pour ne pas se faire rapidement attraper par le professeur vite intrigué par ces soudain intérèts aux tangibles et identiques invariables, il me revient, que, peu avant Noel, l'ainé d'une nombreuse fratrie d'une famille un peu désargentée dont l'un, plus jeune à l'époque des faits, intégrera, bien plus tard, les services de la fonction publique chargée du maintien de l'ordre, s'en prit à la caisse même de celui qui ignorait nous fournir en extatiques sucreries, et fut appréhendé, par les forces de l'ordre, le jour même de Noel devant sa famille réunie autour des mets coutumiers, auxquels, sans toutefois ne le leur avoir jamais dit, ou avoué, et sans s'en être " vanté ", et qui l'apprirent, ainsi, fort désagréablement, il avait largement contribué à l'achat. Pour la petite histoire, il trouva là un avenir tout tracé, puisque lourdement condamné, il sut, plus tard, mettre à profit ce qui lui fut enseigné tout au long de ses longues années d'enfermement.
Ô temps ! Ô moeurs ! ...