La face cachée des spots publicitaires de nos télévisions !
« Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur, n'essayez donc pas de régler l'image. Nous avons le contrôle …, total …, de l'émission. Si nous voulons le son plus fort, on en augmentera le volume. Si nous le voulons moins fort on pourra aussi le faire chuchoter. Contrôle du balayage horizontal. Contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi nous amuser avec l'image ....La rendre complètement floue.... Peut être même incroyablement brouillée ... ou même, pourquoi pas, pure comme le cristal. Pour l'instant, asseyez vous confortablement et .... ». Ça vous rappelle quelque chose n'est ce pas ?
Je vous invite à vous imaginer, dans quelques dizaines d'années, être tranquillement installés dans votre canapé si confortable, et tellement cher. Vous vous apprêtez à regarder, avec enthousiasme, votre programme télévisuel préféré. Vous êtes bien, calme, détendu, prétendument heureux. Dans cet état que certains qualifient de « temps de cerveaux disponible ». Tout à coup, comme à chaque fois, vient ce moment si indispensable mais écœurant à ce drôle d'outil qu'est ce monde « multimédiatique » ( télé ) ; la « PUBLICITE ». C'est là ...alors ..., qu'à travers la magie de l'interactivité du tout nouveau support multimédiatique à la mode, acheté récemment, une sorte de dialogue s’installe. En plus d'être spectateur, vous devenez l'acteur vous permettant de vous projeter en une autre sorte d'entité, « avatar », dans un autre plan virtuel. Un flux incessant d'image diverses et variées défilent sur votre écran, vous submergeant de mots et noms incrustés, rapportés sur des superbes paysages naturels. Votre télécommande reste muette à toutes vos manipulations désordonnées .... Alors qu'un visage humain se dessine en transparence sur ses flots toujours plus rapides d'image « idylliquement » manipulées, votre casque crânien s'allume en vibrant. C'est celui de la nouvelle console de jeu virtuel, vendue séparément bien sure, du complexe multimédiatique acquis, et si léger et souple à la fois. Il vous invite à prendre une communication rentrante. C'est votre centième manipulation de ce genre, que vous faites aisément habituellement. Mais …, c'est vrai... qu'à ses moments là ..., vous êtes toujours mal à l'aise .... Le casque enfilé sur votre tête est désormais connecté à vos fonctions cérébrales vous donnant ainsi, l'opportunité d'inter-maîtriser l'angle de vue des images projetées sur votre écran. Vous pouvez aussi, tout en vous voyant, représenté par l'avatar de votre choix, percevoir des sensations à travers des stimulations sensorielles cérébrales émissent par votre casque. Une sensation de pouvoir contrôler ce nouveau monde virtuel vous envahit troublant ainsi, tous vos sens ..., dans une sorte de plénitude artificielle.... Les images diffusées, accouplées aux senseurs de votre casque, vous stimulent l’intellect, vous faisant ressentir virtuellement, le vent et l'odeur de l'iode, pour des vues en bord de mer et bien d'autres choses encore. Cette escalade d'émotion dans une féérie multicolore vous trouble.... Puis …, quelques petites secondes vous suffisent à reprendre votre esprit ….
Un visage d'homme ( Pub ) d'âge moyen et souriant, les tempes grisonnantes s'adresse à vous, sur un fond de paysages toujours plus beaux les uns que les autres. Vous êtes partagé, tiraillé entre ce sentiment de plénitude que vous apporte cette nouvelle technologie et cette incursion intrusive de ce monde « médiatiquo-économique ». Ne pouvant éviter cette situation, vous cherchez néanmoins avec votre avatar à fuir cette réalité trop intrusive et agressive à votre goût. D'une voix à la fois calme et posée, grave et presque monocorde … ! la Pub s'adresse à vous... !
Pub : « Toc, toc, toc ! »
Vous : « Qui est là ? »
P : « Votre vendeur de rêves préféré ! »
V : « On a besoin de rien ...merci, ...et encore moins de rêves ! »
P : « Mais ..., je souhaite d abord vous présenter mes meilleurs vœux pour cette magnifique nouvelle année … et j'ai les toutes dernières exclusivités rien que pour vous à vous présenter ! »
V : « Merci pour vos vœux et je vous adresse les mêmes, mais je ne suis intéressé par rien. »
P : « Je vois que j'ai affaire à un rude négociateur. Permettez moi, tout de même, d'insister. Nous avons un tout nouveau forfait téléphonique qui vous permettra de regagner votre pouvoir d'achat. »
V : « Pardon je ne suis pas sure d'avoir bien compris. Après l'idée MARKETING qui encensait la violence à travers l’agressivité, que dis-je la BRUTALITE, des parents envers leurs enfants qui explosaient leurs forfaits, vous nous présentez cet autre concept marketing qui consiste à nous vendre notre propre pouvoir d'achat ! Non merci ! »
P : « Ce n'est pas ce que j'ai dis ..., on vous propose de le regagner votre pouvoir d'achat ! »
V : « J’entends bien, mais expliquez moi comment je peux regagner mon pouvoir d'achat si je change de forfait donc d'opérateur en lui payant les frais de désengagement + achat d'un nouveau téléphone portable si incompatibilité avec celui que j'ai ...? Donc ..., c'est bien mon pouvoir d'achat que vous me proposez d'acheter ! »
P : « Je vois …. Vous êtes, peut être, un peu à cours en ce début de mois.... J'ai …, entre autre chose, le must du crédit à la consommation, tout droit sorti des cerveaux de nos grands génies économistes. Je suis sure que vous avez bien besoin d'un petit crédit qui vous parle de respect ! »
V : « Vous voulez me vendre ...quoi ? Un CREDIT qui aborde le RESPECT ? Mais vous parlez de quel RESPECT, celui que vous nous devez en admettant vouloir continuer à gagner toujours plus d'argent ou celui qu'on est sensé avoir en vous reconnaissant une certaine confiance dans vos pratiques financières ...? »
P : « Mais …,je ne fais ..., personnellement ..., qu'essayer de gagner ma vie dans ce monde financier cruel et complexe. A titre personnel, le groupe que je représente se vante d'avoir mis en avant le bien être du consommateur dans l'aménagement d'espaces ludiques et détendant sur l'ensemble de nos chaînes commerciales … ! »
V : « Pardon …, je me permet de rectifier votre tir sur votre notion de bien être du consommateur. En parlant de bien être, vous voulez dire l’envoûtement, l'endormissement du consommateur l’enfermant dans des structures intérieures représentant par leurs rondeurs et autres grandes voûtes, la sérénité, la plénitude, la sécurité et l'abandon que l'on veut nous faire ressentir dans ces espaces maternisants. Je ne désire pas m’abandonner à vos rêves ! »
P : « Heuu … ! ».
Dans un long silence, l'image se met à se distordre l'espace d'un cours instant. Vous ne ressentez plus rien..., plus aucun stimulus ne vous perturbe. Après la stabilisation de cet écran devenue fou, le visage de l'homme Pub réapparaît. Déposant votre casque sur la table basse devant votre cher canapé, vous tentez de vous déconnecter de cette liaison publicitaire. C'est en vain et avec rage que vous tripatouillez l'ensemble de vos outils médiatiques.
Puis..., tout à coup..., le sourire de l'homme réapparaissant sur votre écran fait place à un aire débouté et circonspect. Quelle étrange situation, cela ne s'était jamais produit auparavant Cela donne cette insidieuse impression qu'il y a comme un ...« bug » dans la machine... !
Vous trouvant fort dépourvu dans cette circonstance bizarre, vous avez..., à nouveau l'impression d'être connecté à la machine. Il n'y a pourtant plus d’afflux d'images sensorielles, juste cet homme sur un fond blanc. De plus vous ne portez plus le casque... ! Dans une sorte d'état second, vous fixez cet homme sur l'écran. Un désire gênant et grandissant vous envahit. Votre perception de votre environnement est de nouveau troublée. Dessinant un arc de cercle avec la main droite tendue et la paume de celle ci tournée vers votre interlocuteur, vous vous adressez à lui... :
« Tu ne vends plus de rêves illusoires !
Celui ci reprend comme tétanisé, hypnotisé :
« Je ne vends plus de rêves illusoires ».
V : « Tu va rentrer chez toi et méditer sur ce que tu viens de dire ! »
L'homme …, paraissant comme envoûté, balbutie ces mots en se retournant lentement :
P : « Je... vais... rentrer... chez... moi et méditer sur ce que je viens de dire ».
Son image disparaît laissant jaillir à l'écran ce texte :
« Ces publicités vous étaient offertes par les complexes…. »
Alors que l'image de votre grand écran plat se scinde en deux, vous laissant entrevoir celle de votre film sur l'une de ses moitiés, vous vous réjouissez de cette illusoire victoire. Ayant retrouvez votre esprit et votre contrôle émotionnel vous constatez, dans un vacarme insupportable, qu'il c'est passé quelque chose. Sans pouvoir l'identifier sérieusement, vous restez dubitatif et perplexe. Ce vacarme hurle un air bien connu, par ses fans, commençant par une balade joyeuse et conquérante entonnée par un ensemble de trompettes et autres instruments à vent. C'est la suite de cette double trilogie que vous avez tant attendue. ...Vous avez laissé le son du téléviseur trop fort.... Vous baissez et... !
Je vous laisse …, espérer ... reprendre enfin le cours normal de votre vie et imaginer la suite... !
( Tous les concept publicitaires cités dans ce texte n'ont subi aucune maltraitance de quelque sortes que ce soit et, existent, bel et bien..., déjà. )
Regarder la télévision les yeux grands ouverts si vous voyez ce que je veux dire. Surtout n'hésitez pas à ZAPPER et ne vous laissez pas HAPPER par ces images publicitaires, car cet avenir pourrait bien nous arriver bientôt. Il serait, peut être aussi, utile de réfléchir à ce qu'on veut que nous apporte cette ILLUSION qu'est la télévision !
Pierre Juillot