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Billet de blog 28 août 2013

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La fermeture brutale de 8 hôpitaux en Grèce ce vendredi 23 août 2013.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Afin de diminuer la dette publique grecque l’Europe a exigé que la Grèce ferme définitivement 13 hôpitaux, ainsi que de nombreuses  cliniques et  laboratoires.

Samedi 24 août, à Grenoble, aux Estivales du Front de Gauche, lors de l’atelier Santé organisé par Bernard Teper et André Grimaldi, Mme Anastassia Politi de Syriza nous a rapporté le drame qui s’était passé en Grèce la veille. Le gouvernement grec a fermé sans préavis 8 hôpitaux, comme il avait procédé récemment pour la télévision d’Etat. Les malades ont été chargés dans des ambulances. Des véhicules de police  escortaient ces ambulances. Les infirmières présentes n’ont pas été informées de la destination de ces ambulances, ni les familles des malades. En plein milieu de son intervention Mme Anastassia Politi a éclaté en sanglot. Il a fallu attendre plusieurs minutes dans un silence total, tant la salle était émue, pour qu’elle se reprenne, et qu’elle finisse son intervention. Cette mesure imposée par des fonctionnaires européens non élus, et commandée directement par le gouvernement grec est cruelle et inhumaine dans ses modalités. On imagine les catastrophes sanitaires et psychologiques qui en découleront. Cette opération brutale, ce départ soudain, en catastrophe, est révoltant. Il montre la crainte qu'a le gouvernement des Grecs. Elle pourrait s’expliquer dans un pays en guerre en cas de menace d’occupation par l’ennemi de la zone, mais ce n’est pas  le cas ici. L’Europe et le gouvernement grec passe en force contre l’avis de la majorité des Grecs. La principale cause de ces déficits en Grèce est que les plus riches échappent à l’impôt (l’église, les armateurs et d’autres qui ont placé leurs avoirs à l’étranger, même des hommes politiques). Il faut aussi remarquer qu’une grande partie de ces déficits provient d’achats d’armement à l’Allemagne et à la France. Ces deux pays ont toujours été d’accord sur ces dépenses inconsidérées qui ne correspondaient pas aux possibilités de remboursement du pays emprunteur. Ce sont ces deux pays qui sont en réalité en grande partie responsable de cette situation.

Enfin il est très étonnant que cette fermeture brutale de huit hôpitaux grecs ne soit pas, semble-t-il, rapportée dans les Média français, même comme information brève.  Et pas non plus dans Médiapart. II est vrai que toute critique à la politique de rigueur que suit M. Hollande en France serait malvenue pour le PS et l’UMP. (Je dis rigueur, car si je dis austérité ils ne comprendront pas !). Les lecteurs risqueraient de faire un lien entre ce qui est en projet en France et ce qui se passe en Grèce. Je pense par exemple à la situation de l'Hôtel Dieu à Paris que le PS vide conscientieusement de ses activité au détriment des populations qui l'utilisent, pour finir par le faire totalement disparaître, mais cela permettra de réaliser une belle opération financière pour quelques riches acquéreurs (qui ne seront pas ingrats).

A la limite, il est concevable de réorganiser la santé grecque, pour qu’elle soit plus efficace et moins coûteuse. Mais ceci n’autorise pas à le faire de manière cruelle, et inhumaine, et contre la volonté d’une grande partie de la population.

En Grèce les pauvres sont beaucoup plus pauvres, et pour beaucoup à la limite de la survie. Et un  des symptôme les plus criant de la crise grecque est la disparition presque complète de la classe moyenne. 

En ayant éloigné les hôpitaux, les Grecs auront plus de difficulté à se soigner. Ce mouvement d’industrialisation du médical ne va pas forcément, ni dans le sens de l’économie, ni dans le sens de la qualité et de l’efficacité. On le voit bien en France, par exemple avec le problème des cliniques d’accouchement.

Ce qui se passe en Grèce est révélateur de ce qui risque de se passer ailleurs en Europe dans de nombreux pays si cette politique imbécile d’austérité continue. Elle ne marche pas car elle creuse les déficits qu’elle est censée diminuer. Une autre politique est possible en faisant, en particulier, contribuer de façon plus juste les très riches et  en relançant la demande.

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