Zéro pointé pour Elizabeth Guigou
Dans un article publié par les Echos du 28 septembre, Elizabeth Guigou plaide pour le Traité budgétaire.
En exergue cette phrase: « Le traité budgétaire européen n'est pas plus contraignant que l'engagement pris par le gouvernement de réduire le déficit l'an prochain ».
Madame Guigou n'a pas lu le Traité ou elle cherche à tromper ses lecteurs.
Si il s'agit de la contrainte du déficit public maximum prévu : 3% du PIB, comme effectivement l'engagement pris par le gouvernement Ayrault, cette limite figurait déjà dans les Traités précédents et dans celui de Maastricht en particulier. Le TCSG « révise » cette limite, cette contrainte, en la portant à 0,5% du PIB s'agissant du seul déficit structurel. Ce type de contrainte n'est donc pas une nouveauté. Et pour introduire seulement cette nouvelle formulation, il n'était nul besoin d'un nouveau Traité !
Mais justement, il s'agit bien d' un nouveau Traité qui pose des exigences nouvelles ; et Madame Guigou ne les aurait pas vu !
Il suffit pourtant de lire l' article 5 du nouveau traité TCSG: ….le pays en déficit excessif... « met en place un programme de partenariat budgétaire et économique comportant une description détaillée des réformesstructurelles à établir et à mettre en œuvre pour assurer une correction effective et durable de son déficit excessif. ... »
Ce Traité impose donc des réformes structurelles. Et on sait ce que cela veut dire pour les rédacteurs du Traité. Les résultats de ces mesures économiques -néo libérales- en Grèce et en Espagne, par exemple, sont éloquents. Ces mesures sont rejetées par nombre d'économistes libéraux français, par exemple l' économiste libéral Patrick Artus : « Projet de loi de finance 2013 : l'abus d'austérité nuit gravement à l'activité (donc au budget)» note flash éco 280912.
Ces mesures sont même largement critiquées par quelques journalistes et rédacteurs du quotidien économique Les Echos dans lequel Mme Guigou écrit. Mais a -t-elle lu ?
On avait même cru comprendre -à tort manifestement- lors de la campagne électorale que François Hollande lui même contestait l'efficacité de ces mesures. Il est vrai que depuis il s'est réjouit de la victoire électorale en Grèce de ceux qui les approuvaient !
Cet article 5 du traité budgétaire signifie surtout que seules des mesures économiques néo-libérales sont envisageables ; et Mme Guigou approuve ?
Si il a été effectivement question du 3% lors de la campagne électorale, il n'a en revanche rien été dit du Traité et a fortiori des mesures nouvelles de ce nouveau Traité, pourtant alors parfaitement connu. Il est vrai qu'il devait être renégocié !
Les députés nouvellement élus ont ils alors le droit de se prononcer positivement sur ce Traité ?
Les Français apprécieront.
Dans le corps de l'article, Mme Guigou écrit qu'il faut construire l'Union Européenne avec de nouvelles priorités : « La priorité devrait être donnée à l'harmonisation fiscale et sociale afin d'éviter la concurrence déloyale et mortifère entre États membres. »
Voilà 20 ans maintenant que Mme Guigou tient ces propos. A chaque fois, elle fait croire que l'UE est en passe de prendre cette direction. Las, même quand la grande majorité des États de l 'UE était dirigée par des sociaux démocrates, tel n'a pas été le cas. Les textes des traités successifs montrent bien que c'est la voie contraire qui est à chaque fois choisie. Et pourtant Mme Guigou est toujours là pour les voter.
Oui cette concurrence entre États est mortifère, oui elle a conduit à une réduction drastique des recettes en France et ailleurs, créant ainsi une dette publique très lourde .
Mais qui a laissé partir le bateau ainsi ?
Qui a eu l'occasion lors du Traité de Lisbonne d'arrêter cette machine infernale ?
Quand on disait à Mme Guigou que les Traités menaient directement à la compétition entre États européens et entre travailleurs des États européens, elle n'avait de mots assez durs pour fustiger ces propos qualifiés volontiers d'antieuropéens.
Alors reprenons les écrits récents (note Flash éco 270912)de l'économiste pourtant libéral Patrick Artus : « :...les pays de la zone euro sont en concurrence forte par la compétitivité.
La compétitivité dépend de multiples facteurs : les coûts de production ; le niveau technologique et le niveau de gamme ; la qualification de la population active ; la fiscalité ; la profitabilité des entreprises ; le bon fonctionnement du marché du travail ; le coût de l’énergie… »
Y-a-t-il une démonstration plus éloquente ?
Mme Guigou, encore une fois vous trompez vos lecteurs, vos électeurs. Regardez donc la réalité, la réalité des textes, la réalité de la situation.
La seule manière de renégocier un Traité, une direction, une construction, c'est de dire NON clairement à la voie que l'on ne veut pas
________________________