La Réforme des Retraites a été promulguée. Elle laisse un goût amer.
Pas de discussion, pas de vote, divers articles de la Constitution, 9 voix de différence et le gouvernement est resté en place.
Le Président du Conseil d'Orientation des Retraites, qui ne voulait pas se calquer sur le gouvernement et s’en tenait strictement à son rapport, a été remercié. Ce haut fonctionnaire a été remplacé par un homme de droite, néo-libéral assumé.
Aucune démonstration pour cette Réforme.
Ministres et porte-paroles du gouvernement ont répété des affirmations, quelquefois vraies, quelquefois fausses, quelquefois malhonnêtes (des déficits courants rapportés à un PIB d’aujourd’hui!).
Surtout «l’oubli» d’un chapitre complet du Rapport: II, 1, pages 61 et suivantes.
Dans celui-ci il est affirmé (et démontré….) que les «dépenses»(comme disent ceux qui ne connaissent pas grand choses aux Régimes de Retraite) du système des retraites n’évoluent significativement pas après quelques années. Autrement dit les dépenses n’augmentent pas et si il y a un déficit alors c’est que la partie «ressources»…les cotisations, diminuent…?.
On aurait aimé que le gouvernement répondent sur ce point et présentent ses arguments…..Rien.
Les spécialistes avaient déjà été échaudés. Le Président de la République avait quelques années auparavant annoncé qu’il voulait supprimer la retraite complémentaire AGIRC ARRCO sur la tranche C des salaires et le quatrième quart de la Tranche B. Cela créait un déficit immédiat de plusieurs dizaines de milliards!…..( Le système sur ces tranches est actuellement excédentaire..). …..Pas de commentaire.
Sans doute devant ce manque de «démonstration», le journal économique Les Echos, favorable par principe à une réduction de la retraite par répartition, a pris comme argument de base, une conséquence de la Réforme: l’augmentation de la population active, ce qui était bon pour l’économie française dont le nombre de personne au travail est trop faible. Ce qui est d’ailleurs exact.
Evidemment on peut se demander pourquoi, depuis de longues années, lors du passage à la retraite, un salarié sur deux est déjà hors travail, ce ne peut être du seul fait du salarié ? Alors?
Alors il y a un risque dans la stratégie du gouvernement. Que des calculs menés sur chacun des grands systèmes de retraite en France montrent des résultats qui soient contraires à ceux affirmés il y a peu. Le gouvernement compte peut être sur le nouveau Président du COR pour que cela ne puisse se produire. Mais d’une part les calculs peuvent montrer que le gouvernement avait juste, d’autre part il n’y a aucune raison de penser que le nouveau Président du COR soit au service du gouvernement et non de la réalité.
Il serait donc tout à fait souhaitable que le plus rapidement possible, on montre les évolutions possibles futures selon des hypothèses, correctement exposées, pour les quatre ou cinq grands Régimes ou systèmes de retraite ; par exemple, le système fonctionnaire d’Etat, celui des collectivités locales, les Régimes des salariés du privé, Cnav et Agirc- Arrco, qui font ensemble près de 80% du global à eux seuls…..Evidemment en oubliant les dires du gouvernement mettant l’accent sur les dizaines de régimes ou systèmes autres que les grands…mais qui ne pèsent pas lourds au global.
Il serait, en effet, tout à fait dommage, et bien curieux, que les possibilités de la Retraite par Répartition, fondées sur la démographie, les salaires ou revenus et la productivité, qui permettent des hypothèses valables, ne soient pas exploitées ; alors que la Retraite dite par capitalisation est fondée sur des cours de bourse et l’évolution de taux d’intérêt, assez imprévisibles à long terme.
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