L’argument employé en premier pour justifier une « réforme des retraites » est le déclin démographique. La France le subit depuis quelques dizaines d’années, ainsi que l’Europe et de nombreux pays du Monde.
Ce déclin condamnerait tout système de retraite en lien avec la démographie.
- La finance
Remarquons tout d’abord que le déclin démographique entraîne une variation vers le bas de la valeur des placements financiers, on parle souvent d’« actifs financiers ».
Sans recourir à une lourde démonstration, prenons un exemple simple.
Servir des pensions à des retraités suppose de vendre des actifs financiers. Il faut donc des acheteurs de ces actifs financiers, donc des gens actifs ou de jeunes retraités, dont par hypothèse, puisqu’il y a déclin démographique, le nombre est en déclin.
Pour les actifs cotisants, il faut, pour constituer leurs « droits » à retraite, acheter des actifs financiers, mais le nombre de ces actifs cotisants est aussi par hypothèse : déclinant.
Et la loi du marché, si chere aux partisans des Fonds de Pensions, est terrible...Si le nombre de vendeurs augmentent et que le nombre d’acheteurs diminue...le prix des actifs baissent…
Les placements financiers sont donc bien affectés par le déclin démographique.
Au passage : Actifs financiers, Actifs cotisants...En Français, le mot est le même et ce n’est ni fortuit ni innocent….
-Placements financiers et investissements
Bien évidemment, on peut penser qu’ une partie au moins des actifs financiers peut être placée dans des pays à démographie non déclinante.
Mais, comme l’indique, souvent, les partisans des Fonds de Pensions, une qualité de ces systèmes financiers est qu’il sont censés fournir des capitaux pour des investissements dans le pays et non des investissements dans le reste du monde, (...« Ah quel malheur, la France n’a pas, à la différence de beaucoup de pays du Monde,des Fonds de Pensions….).
Il y a donc, sinon une contradiction, du moins une difficulté…..
Oui, le déclin démographique influe aussi sur les systèmes financiers même si ce n’est pas dans la même proportion évidemment.
Il serait d’ailleurs honnête que les promoteurs de ces systèmes financiers le disent…..
En revanche, on le verra, un intérêt fort, très fort, de la « démographie » est qu’elle se prévoit et qu’elle se calcule sur plusieurs dizaines d’années.
-Productivité du travail
Un point très important, souvent oublié, mais cependantà bien suivre, est l’évolution de « la productivité du travail ». Cette évolution est un paramètre important dans les rapports du COR.
Or justement cette évolution, en France, est à la baisse, jusqu’à arriver quasiment à zéro.
Cette évolution de la productivité du travail est pourtant essentielle pour l’évolution des salaires (C’est sans doute une des raisons de ce curieux oubli évidemment).
L’évolution de la productivité du travail est donc en forte baisse, non seulement en France, mais dans tout l’Union Européenne. (Il faudrait d’ailleurs analyser le rapport entre politique de l’UE et évolution de la productivité…).
Heureusement cette évolution semble aujourd’hui s’inverser et la productivité du travail repartirait à la hausse.
-Comment joue la productivité du travail ?
Compte tenu du silence assourdissant sur ce sujet, il convient de montrer les effets de la productivité sur les retraites en lien avec la démographie, via un exemple concret.
A cet égard, l’exemple utilisé par J C Seys (qui fut PDG d’une grande mutuelle d’assurance), dans le Figaro du 05/02/03 est d’une grande simplicité et est toujours d’actualité. (2003 !) !!
On peut ainsi mesurer l’honnêteté intellectuelle des financiers et politiques qui « oublient » de parler de ce sujet.
>>Soit une première situation : Il y a quatre actifs et deux retraités.
Chaque actif a un revenu brut de 100, donc au total 400. La cotisation retraite est de 25.
Il y a 4 x 25 de cotisations, soit 100, à partager pour les deux retraités, soit 50 pour chacun.
Le revenu net des quatre actifs sera de 75 (100 moins la cotisation de 25).
>>Soit la deuxième situation : il y a trois actifs et trois retraités.
Si la cotisation reste de 25 et le revenu brut de chacun 100 (donc au total 300), il y a 3x25 de cotisations soit 75 à partager pour trois retraités, soit 25 pour chacun des retraités. La retraite de chacun des trois retraités sera donc diminuée de moitié par rapport à la situation précédente.
Si la cotisation passe à 50 et le revenu brut de chaque actif reste à 100 (au total 300), le revenu net de chaque actif devient 50 et donc baisse de moitié par rapport à la première situation. La retraite de chacun des trois retraités est toujours en revanche de 50.
Mais si le revenu brut des trois actifs ne baisse pas globalement et reste à 400 ( soit 133 chacun) et si on veut que la retraite de chacun des trois retraités reste de 50, cela nécessite une cotisation globale de 150 . Le revenu net des trois actifs est alors de 400-150 = 250, soit 250/3 pour chacun, donc 83,33. Le revenu net de chacun des trois actifs progresse de 10% par rapport aux 75 précédents.
Cette hypothèse, qui conserve un total de salaires de 400 avec trois actifs au lieu de quatre, suppose une amélioration de la productivité de 33%.
>>>>>>>>Sur plusieurs dizaines d'années, cela n'a rien d'impossible .…
Sauf si tous les gains de productivité sont accaparés par le capital…...
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