La Commission de Bruxelles, le FMI, l'OCDE et le Medef demandent tous au gouvernement français d'opérer des réformes de structures, notamment d'améliorer la « flexibilité du travail ».
Bien entendu, ces organismes ne se livrent à aucune démonstration de l'efficacité en termes d'emplois ou de croissance. Ils se contentent de dire que là où cela a été opéré, cela fonctionne. Et ils citent notamment, en Allemagne les réformes Schröder, les lois Hartz etc...
1) Il est effectivement difficile de faire une démonstration puisque cette démonstration n'existe pas.
a) « Dans la littérature académique, on ne trouve pas, à ce jour de corrélation forte entre flexibilité du contrat de travail et créations d'emplois.. ». Propos de David Thesmar économiste des plus libéraux et membre du CAE pour les gouvernements de droite. (Alternatives Economiques avril 2015)
b) L'OCDE dans une étude en 2004, -Perspective de l'emploi 2004- ( les dires de l'OCDE sur la flexibilité n'en sont que plus « comiques ») n'a pas trouvé de relation significative entre flexibilité et emploi....
c) Patrick Artus économiste, aussi des plus libéraux, au sujet des réformes Schröder ( Note 5 novembre 2012) : : « Le ralentissement des salaires résulte peut être plus du fonctionnement spontané du marché du travail que de sa déréglementation » et sa conclusion : il y a « baisse des salaires réels dans les services, due essentiellement au fonctionnement spontané du marché du travail et non aux réformes du marché du travail (Lois Hartz : incitations fortes à revenir sur le marché du travail, réduction de la générosité de l'indemnisation du chômage) »
En d'autres termes : Les réformes Schröder sur la déréglementation du marché du travail ne sont pas la cause de l'amélioration de la « compétitivité » de l'Allemagne.
d) Le journal « Les Échos », quotidien économique très libéral, dans une analyse de sa rédaction a titré et traité des lois Hartz comme la « clef controversée du miracle allemand » en montrant qu'il n'était pas évident que ces lois aient eu un fort impact...et que ces lois avaient pour le moins des inconvénients...
2)Les classements
Dans nombre de classements, notamment celui dit de « Davos » -septembre 2013-, la France apparaît en 23° position, même en 71° pour « l'efficacité du marché du travail ». Et les auteurs indiquent : « La compétitivité de la France serait renforcée en injectant davantage de flexibilité dans son marché du travail ».
a) Ces classements sont faits par des libéraux sur des critères libéraux, des libéraux pour qui la flexibilité est un dogme. Toujours sans la moindre démonstration quant à son efficacité.
b) Ces classements réservent une surprise qu'apparemment seuls « Les Échos » ont relevée.
L’Allemagne est classée au 118° rang seulement pour « la pratique à l'embauche et au licenciement ». Tilt !
c) le point rigide dans le marché du travail en France est …..le CDD. Oui, il est effectivement très difficile de rompre un CDD avant son terme, et cela pèse dans ce type de classements.
Par contre il n'est ni compliqué ni dangereux pour une TPE de licencier un ou plusieurs salariés si elle est en difficulté réelle, contrairement aux dires de nos pseudo économistes.
3) Une réelle flexibilité en Allemagne d'intérêt général : Le chômage partiel.
En 2009, en pleine crise financière et économique, le PIB allemand a baissé de 5,9 %, celui de la France de 2,7 %.Mais l'économie allemande a conservé tous ces emplois alors que la France en perdait 280 000. Il y a eu un usage massif du chômage partiel en Allemagne. 1,5 million de salariés en ont bénéficié, 275 000 en France seulement, 6 milliards d'euros consacrés par l’État allemand, 0,6 milliard seulement par l’État français. ( « made in Germany, Guillaume Duval, édition du seuil))
La reprise allemande a été favorisée largement par cette usage du chômage partiel puisque entre autres avantages multiples, il ne fallait ni réembaucher, ni passer par des intérimaires pour y faire face puisque les salariés étaient déjà là !
4) La flexisécurité
Il n'est pas de discours sur la flexibilité qui ne mette en avant la « flexisécurité » comme au Danemark.
a) Seulement voilà, le Danemark a eu une très mauvaise performance en matière d'emploi depuis la crise 6 % de chômeurs en 2009.....
b) D 'autre part la flexisécurité a coûté au Danemark 3,2 % du PIB pour 6 % de taux de chômage. Pour la France cela aurait donc du coûter pour ses 9,5 % de chômeurs : 5,1 % du PIB, or elle n' en a en fait dépensé que 2,4 %. Elle aurait du en dépenser donc 2,7 % de plus, le PIB s'élevant à 2000 milliards, cela représentait plus de 50 milliards de plus....
Nos joyeux experts autoproclamés oublient juste ces « détails »...
Conclusions
Tous les raisonnements des économistes libéraux, toutes les affirmations des organismes internationaux et du Medef ne reposent que sur une seule affirmation : ce qui est bon pour le patron, ce qui plaît au patron, est bon pour la société et est bon pour le salarié.
Une flexibilité complète, comme au 19° siècle ? Comme au moyen âge ?
Ce qui était bon pour le seigneurs était bon pour les serfs, il les protégeait du seigneur voisin !
Qui sont ceux du passé, qui sont les ringards ?
Ce qui plaît au patronat ne relève pas forcement de l'intérêt général.
« L'insuffisante flexibilité du contrat de travail » est une imposture de plus.