L'impudence des tricheurs
Il ne se passe pas de jour sans que les ténors de la droite et les économistes ou journalistes libéraux ne demandent, une baisse drastique des dépenses publiques pour, disent ils, réduire la dette publique.
Or ils n'ont pas une phrase, pas un mot, pour rappeler qui a creusé cette dette publique. Le rapport Carrez député UMP, rapporteur du budget, a pourtant clairement établi ce fait. Sur les dix années 2000-2010, les « dépenses fiscales », les diminutions de ressources fiscales, ont creusé la dette publique de 20 points de PIB ! Tant la diminution des impôts des entreprises ( diminution de la TVA pour les cafés et restaurants, niche Coppé, quasi-suppression de la taxe professionnelle etc. ) que la diminution des impôts des contribuables aisés ( bouclier fiscal, réduction de l’ISF etc.). La dette qui était de 85% du PIB en 2010 aurait, sans ces dépenses fiscales, pesé 20 points de moins soit 65% du PIB. Le PIB reprenant à peu près 2000 milliards d'euros. Aujourd'hui cette dette, de 91% du PIB ne serait que de 71%. La situation économique serait sans commune mesure avec celle que nous vivons. Ces mesures ont, de plus, montré leur totale inefficacité économique : aucun investissement supplémentaire, aucune croissance induite.
Et ce sont bien, pour la quasi-totalité, les gouvernements de droite, Raffarin, Sarkosy Ministre des finances, Sarkosy Président de la République qui ont mené ces politiques dites libérales.
La droite a quasiment ruiné les finances publiques et elle continue de parler ! Impudence !
Cela donne un bien étrange relief aux propos des Juppé ou Fillon qui, interpellés par des auditeurs sur ces sujets, répondaient avec suffisance et autorité : absurde ! Au moins cela les dispensait de parler du sujet. Tricheurs impudents !
Sur ce sujet, on n’entend plus ni le gouvernement ni le PS. Etrange !
Pendant les récentes campagnes électorales on a pourtant entendu les ténors du PS, Pierre Moscovici, Martine Aubry et même François Hollande parler des 400 milliards (voire 500 milliards !) de dettes creusées par la droite. Certes les journalistes ne relevaient pas, ne posaient aucune question, ne faisaient aucun commentaire. Ce n'est pas que ces propos tombaient totalement à plat, mais les journalistes n' avaient effectivement rien à dire. C'était écrit, montré et démontré dans les rapports.....Cela n'empêchait pas ces mêmes journalistes de ne pas aborder ce sujet, de ne rien rétorquer à ces ténors de la droite quand ils parlaient de la dette publique. Médiocrité ? Parti pris plutôt. Aborder ce sujet montre vite en effet les limites du social libéralisme et la quasi totalité des médias et des journalistes sont soit de droite soit agissent ouvertement pour une social libéralisation de la gauche. Cette gauche qui ne devrait, selon eux, que traiter des sujets de société et, pour le reste, gérer au mieux le capitalisme. ( Le Monde, Le Nouvel Observateur, Libération par exemple).
Gouvernement et PS semblent désormais muets. Est-ce pour les mêmes raisons que les médias ? Est- ce pour mieux justifier un social libéralisme désormais affiché par le premier ministre ? Où sont donc passées les critiques sur les politiques « libérales », austéritaires et inefficaces imposées au Portugal à la Grèce à l'Italie ?
Comme ce silence survient après le vote du Traité/ pacte budgétaire, voté en commun par le PS et la droite, Traité qui prône ouvertement l’application de politiques libérales voire ultra libérales, on peut penser que tout ce qui est « libéral » ne devra plus être critiqué…
C'est en tous cas laisser le champ libre aux tricheurs !