L'Insee vient de publier son 4 pages « Insee première » sur l'évolution des salaires en 2012 dans les entreprises du secteur privé et les entreprises publiques. Pour la première fois depuis longtemps, le salaire brut moyen pour 2012 est en baisse en euros constants (donc en tenant compte de l'inflation) par rapport à 2011.
Ce salaire brut moyen a diminué de 0,1 %.
C'est un désaveu clair pour la quasi totalité des médias qui, il y a quelques semaines, dénonçaient les hausses de salaire bien trop fortes des salariés français, hausses de salaire qui seraient la cause majeure de l'affaiblissement des marges bénéficiaires des entreprises françaises.
On a souvent tendance à mesurer l'évolution des salaires par la seule évolution du salaire moyen. Or, cela peut quelquefois amener à des erreurs majeures d'interprétation. L'évolution du salaire médian (50 % des salaires sont plus élevés et 50 % sont moins élevés) renseigne souvent avec plus de justesse sur l'évolution des salaires. Cela étant, les informations de l'Insee, notamment dans ce 4 pages, donnent
toutes les précisions souhaitables.
Le salaire médian pour 2012 baisse lui aussi, par rapport à 2011, mais de 0,6 %. Donc sensiblement plus que le salaire moyen.
Deux exemples pour montrer l'erreur d'estimation que l'on peut commettre en utilisant seulement la notion de salaire moyen.
1°) Les hauts salaires progressent plus vite que les bas salaires ou que les salaires en général. (ce n'est pas un cas strictement théorique!).
Prenons par exemple pour les hauts salaires, le 10° décile, c'est à dire les 10 % des salaires les plus élevés.
Soit par exemple une progression de ces hauts salaires de 2 % et une progression d'ensemble des salaires de 1 %.
Le salaire moyen progresse d'une part de 1 % comme l'ensemble des salaires et d'autre part d'un pourcentage du à la seule élévation de 1 % supplémentaire du 9° décile. Encore plus simple, si seuls les salaires du 9° décile progressent alors que les salaires des 8 autres déciles ne bougent pas,le salaire moyen progresse sensiblement alors même que 90 % des salaires n'ont pas varié !
2°) Dans une grande entreprise ou dans une branche professionnelle, lorsqu'il y a, ou il y a eu, des licenciements.
Les licenciements affectent plus les plus bas salaires que les hauts salaires. ( D'ailleurs le taux de chômage des bas salaires est de 10 % ou plus quand celui des plus hauts salaires est de moins de 5 %).
Il y a alors toutes les chances pour que le salaire moyen progresse, alors même que les salaires de l'entreprise n'ont pas varié.
Ceci est un effet que connaissent malheureusement bienles responsables syndicaux, mais malheureusement pas le plus grand nombre de journalistes ou de médias.