Dans les éléments relatifs à son AG du 24 octobre 2014, Préfon-Retraite, indique :
« Rappelons que Préfon-Retraite est un régime en capitalisation entièrement provisionné. Il n'y donc pas d'effet de la démographie sur l'équilibre du régime. »
1) Une remarque préalable : le régime Préfon-retraite peut-il être qualifié de régime en « capitalisation » ? Ce mot ne figure pas dans l'article L 441 du code des assurances dont relève la Préfon.
Rappelons que « capitaliser » veut dire ajouter les intérêts au capital et que ce n'est pas le système de fonctionnement de la Préfon.
Par contre ce régime est bien entièrement provisionné à ce jour.
2) La liaison faite entre « en capitalisation » ou « entièrement provisionné » et « pas d'effet de la démographie sur l'équilibre du régime » est entièrement fausse.
Certes cette assertion -fausse- revient souvent dans les dires des pseudo experts médiatiques ou ceux qui, comme beaucoup d' assureurs, veulent promouvoir la « capitalisation ».
C'était aussi une affirmation forte de Bernard Spitz dans son interview du 29 octobre 2009 aux Echos (pièce jointe), affirmation qui de la part d'un Président de la FFSA (Fédération Française des Sociétés d'Assurance) relève soit de l'ignorance la plus complète, soit -et c'est plus probable- de l'utilisation d'une affirmation fausse pour faire avancer les intérêts du lobby qu'il représente.
3) La Préfon utilise des tables de mortalité pour calculer ses provisions mathématiques (inclues dans sa Provision Technique Spéciale). Ces tables ont largement changé au cours du temps sous l'effet justement de l'évolution démographique plus précisément de l'augmentation de l' espérance de vie. (Ne parlons pas ici du « taux technique » dont la baisse a amplifié largement le mouvement..)
On utilise maintenant (et heureusement -mais il a fallu pour cela se battre beaucoup..) les tables de mortalité prospectives qui intègrent une certaine évolution prévisible de cette espérance de vie.
Depuis, les changements de tables consistent seulement à intégrer les évolutions de l' espérance de vie effectivement constatées à la place de celles initialement prévues, et de refaire des évaluations avec les dernières connaissances statistiques.
Mais à chaque changement de tables, même avec plusieurs années pour en tirer les conséquences techniques, la Préfon était bien totalement impactée puisque le calcul de ses provisions mathématiques était modifié, ce qui influait sur le choix du salaire de référence (prix d'achat du point) et de la valeur de service du point. Et tout dérapage de la longévité constatée effectivement par rapport à une table impacte bien la Préfon.
Compte tenu de l'utilisation des tables de mortalité prospectives, la Préfon est moins impactée qu'auparavant par l'évolution de l'espérance de vie, mais elle est impacté quand même.
Toute rente viagère d'ailleurs dépend de la longévité, de l'espérance de vie ....C'est la notion même de rente viagère.....
4) En revanche, il est vrai qu'au plan technique, un régime en capitalisation, si il est bien impacté par l'évolution de l'espérance de vie, ne l'est que peu par le rapport démographique actifs cotisants/retraités. Il ne le serait même pas du tout si le rapport démographique n'était pas lui-même influencé par l'allongement de l'espérance de vie, mais cet allongement influence bien évidemment ce rapport démographique au cours du temps et donc impacte, de ce fait, un régime par capitalisation
5) Mais le vieillissement de la population (nombre croissant de retraités par rapport au nombre d'actifs-cotisants-) a une influence forte – en baisse- sur....le prix des « actifs » -financiers-.
Ce n'est, d'ailleurs, que l'application de la loi de l'offre et de la demande. Pour payer les pensions il faut vendre des « actifs »-financiers- accumulés puisque par hypothèse, le nombre de retraités croit plus vite que le nombre d'actifs cotisants pour lesquels on achète des « actifs ». Il y a plus de vents que d'achats et donc baisse du prix des actifs financiers. Cela s'observe par exemple au Japon mais cet aspect est souvent troublé par une certaine mondialisation et des variations fortes en immobilier.
En supposant que tous les actifs financiers soient des parts de sicav, cet aspect du vieillissement de la population qui entraîne une baisse de la valeur des actifs serait mis en évidence.
En pièce jointe se trouve une liste de documents ou d'études sur le sujet dont des notes de Patrick Artus par exemple.
Cette diminution de valeurs des actifs avec le vieillissement est d'ailleurs une des principales préoccupation des grands Fonds de pension comme Calpers, le Fonds de pensions des fonctionnaires de l'Etat de Californie, (les « véritables » Fonds de pension, ceux qui servent des retraites et non pas les divers fonds d'investissements..) .
Donc, pour l'aspect financier, Préfon-Retraite est directement impactée par la démographie.
Il faut donc faire attention. Ce n'est pas parce qu'une idée est ressassée par les médias qu'elle est vraie et c'est souvent l'influence de lobbies qui forgent « l'air du temps »...
6) Dans un régime de retraite en répartition, géré, comme l'Arrco par exemple, à la différence du régime de la Fonction Publique, ce sont aussi les tables de mortalité prospectives qui sont normalement utilisées. Et les paramètres de fonctionnement sont déterminés techniquement sur -et pour -une période de plusieurs dizaines d'années. Ce qui fait que, si ces paramètres sont déterminés ainsi, les évolutions démographiques sont intégrées et ce n'est ni l'évolution de l'espérance de vie ni le rapport actifs/retraités à un instant donné qui créent un déficit mais bien la « conjoncture ». C'est à dire,entre autres facteurs, l'écart entre le nombre de cotisants réels constatés et celui prévu (et donc l'influence du chômage, à l'entrée dans le système notamment). Il n'y a donc normalement – en théorie- aucune influence de la démographie qui a normalement été pris en compte dans le temps.
D'ailleurs un des rapports du Conseil d'Orientation des Retraites (le 8° en juin2010) prévoyait bien le régime Arrco équilibré au moins jusqu'en 2030/2040......
7) Cet aspect est généralement « oublié » par les « experts » des médias qui confondent et mettent dans un même sac le régime de la fonction publique, non géré, le régime général qui est en déficit depuis 2005-déficit prévu d'ailleurs de longue date- et l'Arrco/Agirc qui sont des régimes gérés techniquement. - en théorie du moins.
Pour information :
Du fait de l'évolution de l'espérance de vie, le prix de 1€ de rente immédiate à 60 ans était de 21,3€ dans les années 80 (table TV73-77) ; de 23,9€ au début des années 90 (table TV88-90) ; puis de 26,80€ (table TPRV 93) ; et d'environ 33€ aujourd'hui (table TGF05 par exemple) etc....et sans tenir aucun compte d'un « taux technique », (sachant que l'évolution de sa valeur maximale, en large baisse, a entraîné le coût d'une rente vers le haut).
Les systèmes de retraite en capitalisation, quelques qu'ils soient, ont un coût qui a fortement augmenté au cours du temps...Simplement les « experts » oublient de le dire.
Quand certains affirment que la capitalisation n'est pas impactée par la démographie, ils indiquent -lorsqu'il rencontre une contestation- qu'ils ne visent que l'aspect effectif de capitalisation, c'est à dire l'accumulation, la capitalisation, des cotisations versées pendant la période d'activité. Ils mettent de côté la transformation en rentes ...qui elle dépend bien, comme on l'a vu, de la démographie.
Mais en tout état de cause, même la phase de capitalisation des cotisations est bien impactée par la démographie pour son rendement financier.
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