La Cour de comptes, auditant l'Agirc Arrco, s'est alarmée, dans son rapport, des déficits de ces organismes. Ces déficits sont susceptibles en quelques années de vider les réserves pourtant importantes de ces régimes de retraite. Croyant bien faire, ou sans doute profitant de son rapport pour montrer qu'elle s'inscrivait dans la modernité – en fait la stricte pensée unique-, la Cour des Comptes a proposé des pistes de solutions comme le recul immédiat de l'âge de la retraite.
Il eut semblé plus sérieux pour un tel organisme de rechercher et d'analyser finement les causes de ces déficits. Ensuite de rechercher quelques solutions possibles adaptées à ces causes. On pourrait par exemple penser que des causes structurelles appellent des réponses structurelles et que des causes conjoncturelles appellent des réponses conjoncturelles.
L'Arrco, en effet, est un régime équilibré démographiquement (rapport actifs/retraités et allongement de l'espérance de vie et les évolutions à venir ce ces paramètres) comme en témoigne le rapport du COR de 2010.
L'Arrco, dans ce rapport 2010, est alors à l'équilibre sur plusieurs dizaines d'années.
Si il ne l'est plus depuis quelques années, c'est que la crise est passée par là. Heureusement les responsables de l'Arrco n'ont pas attendu les conclusions de la Cour des Comptes pour commencer à négocier des adaptations.
Deux causes principales, le chômage et l'évolution des salaires :
les cotisations effectivement encaissées sont nettement moindres que celles prévues.
Le chômage. Si des cotisations complètes sont versées pour et par les chômeurs indemnisés via l'assurance chômage, tel n'est pas le cas pour les autres de plus en plus nombreux, un chiffre sans aucune commune mesure avec les années antérieures.
De plus, le « chômage » des jeunes provoque une entrée de plus en plus tardive dans la vie active - donc une rentrée moindre que prévue de cotisations.
L'évolution des salaires. Après un ralentissement marqué de l'évolution des salaires en 2010 et 2011, pour la première fois en 2012, le salaire brut moyen réel (déflatés) baisse (voir Insee Première de décembre 2014). De plus (c'est surtout vrai pour les cadres) le salaire réel des jeunes générations est souvent moindre que le salaire réel des générations antérieures, ce qui n'a pas été prévu dans les calculs.
Les cotisations effectivement encaissées s'en ressentent.
Le taux de chômage sur lequel les calculs ont été menés est de 4,5 %, il est bien évident qu'avec un taux de 10 %, les cotisations prévues ne sont pas les bonnes. D'ailleurs en majorant les cotisations actuelles de 5 %, on voit que le régime devient -et reste- équilibré voire excédentaire, et... il est tentant de faire le rapprochement entre les taux 4,5 % et 10 % et les 5 % dont on majorerait les cotisations.
En tous les cas, n'interviennent ni l'allongement de l'espérance de vie, ni l'évolution du nombre de retraités par rapport au nombre de cotisants. L'Arrco, démographiquement équilibré, avait intégré ces aspects dans ses calculs pour la marche du Régime, c'est à dire pour déterminer, année après année, les paramètres de fonctionnement.
Ridicules sont les politiques qui glosent sur ces aspects et qui montrent leur incompétence sur le sujet.
Par contre,la situation montre la nécessité pour les régimes de retraite de disposer d'abondantes réserves pour leur permettre de faire face aux crises conjoncturelles.
A cet égard, si constituer le FRR n'avait, sans doute, pas beaucoup de sens pour l'Arrco, il était stupide de le supprimer, car en tant de crise, ce qui est le cas, il pouvait montrer une utilité certaine....