(Pierre Mascomère 25 décembre 2016
Des zones entières qui avaient voté Sanders aux primaires démocrates ont voté Trump aux élections présidentielles US. Dans ces zones, le nombre de voix pour H. Clinton est bien moins important que pour B. Obama.
Des « petits blancs » voyant sans arrêt leurs outils de travail, leurs usines, délocalisés au Mexique par exemple ont écouté les sirènes de Trump qui fustigeait ces dirigeants d'usines et les délocalisations. Miroirs aux alouettes, sans doute, mais peut-on blâmer ceux qui subissent de plein fouet les effets d'une politique économique qui les broient ?
Devaient-ils voter pour H. Clinton ? Ils ont pu voir pendant des années les effets d'une politique menée par ses amis qui ne profitaient qu'aux élites et aux dirigeants. Depuis 35 ans le salaire réel aux US n'a pas augmenté. Mais les hauts salaires si. Obama a-t-il changé les choses ?
Devaient-ils ne pas voter ? Peut-être, mais a-t-on lu ou entendu le pourcentage des abstentions ou des non-votants dans cette élection ? Curieusement caché dans ce pays qui selon certains économistes (libéraux) tourne à plein régime et serait pratiquement au plein emploi.
Des employés et ouvriers ont voté pour Trump qui voulait « mettre au pas Wall Street ». Miroir aux alouettes ? Sans doute car il s'agit en fait probablement de mieux déréguler, et plus vite, la finance. On a bien vu que les banques, et Goldman Sachs en particulier, se taillaient une place de choix dans l'équipe du futur Président. Mais était-ce une raison pour voter pour la « représentante de Wall Street » qui dès son élection allait donner tous les pouvoirs à Wall Street ? Voter pour H. Clinton dont les équipes avaient, sans sourciller lors de la crise de 2008 et depuis, choisi de sauver les banques plutôt que de venir en aide aux victimes de la crise et des banques.
Des Latinos et des Afros, ouvriers et employés, ont voté pour Clinton, d'autres se sont abstenus. Peu ont voté pour Trump dont les discours visaient surtout à cliver et à les repousser.
Mais ils avaient voté tous ou presque pour Sanders aux primaires démocrates. Ceux qui du moins avaient voté.
Sanders a totalisé la moitié des voix démocrates et représente donc au moins 25 % des voix des électeurs US. Il se retrouve avec une poignée de collègues au Sénat et à la chambre des Représentants.
Pas de remarque à ce sujet de nos médias qui, il est vrai, avaient promis l'échec absolu à ce candidat « excentrique » (selon eux) qui poussait le ridicule jusqu'à se proclamer « socialiste » ! Socialiste dans un pays où toute la population, selon ces mêmes médias, ne jurait que par le marché libre et bien sûr efficient. Cet « excentrique » obtint pourtant la moitié des voix démocrates, cet individu qui n'a du son échec qu'aux grands électeurs désignés directement par la machine du Parti Démocrate ! Ces médias n'avaient soi disant rien vu venir. Cela prouve simplement qu'ils ne intéressent qu'au Américains les plus riches et ne comprennent même plus -ou font bien semblant- les classes populaires.
Les US, leader d' un Occident autoproclamé , paradis de la démocratie, se retrouve avec 25 % de ses électeurs non représentés ! Une élection organisée avec deux candidats -- ne représentant qu'une partie de la population !
Avec un piège qui, cette fois, n'a pas fonctionné. Contre la droite extrême les tenants de la pensée unique, du libéralisme économique, avaient devant eux un boulevard, disaient les médias. Comme bien souvent ces médias ont confondu leurs souhaits, leurs directives, leurs volontés, avec la réalité.
On peut toujours jouer avec la politique du pire. Voter toujours pour le moins pire pour éviter le pire. Le pire n'est jamais sûr mais est toujours possible. La preuve.
Voter pour Clinton pour éviter Trump n'a pas marché.
Ne plus voter que pour le moins pire conduit directement lentement mais sûrement au pire.
Ces ouvriers ou employés ont voté Trump et ils se sont sans doute trompés. Ils ont voté Clinton et ça n'a pas marché. Ils n'ont pas voté, ils ne sont même pas inscrits, et on n'en a même pas parlé.
Alors ?
Ensemble, réunis, ils constitueraient déjà une force visible.
Avec une langue de bois militante on pourrait appeler cela « fédérer le peuple ».
Il faut vouloir changer le système, changer la règle du jeu. Car ce système : élire, entre deux concurrents, un monarque présidentiel ne permet pas l'expression des idées et conduit au pire .
Au seul profit de ceux dont le but est de neutraliser toute force contraire au libéralisme économique.
Et voter pour le moins pire ne fait rien pour changer le système, au contraire le perpétue. Voter pour le pire tout autant d'ailleurs.
Alors ? Alors il faut changer le système et il faut voter pour changer le système.