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Billet de blog 28 décembre 2012

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Les Échos franchissent la ligne rouge !

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Les Échos franchissent la ligne rouge !

Dans son numéro du 21 décembre 2012, les Échos traitent d'une étude du think tank Institut Montaigne concernant « les juges et les entreprises ».

Pour Les Échos, le think tank Institut Montaigne est un think tank. Quand Les Échos parlent du think tank Terra Nova (par exemple le numéro du 12/12/2012 ) c'est Terra Nova « think tank de gauche ». Quand il parle de la fondation Jean Jaurès c'est .. « proche du PS ».

Quand on sait que l'Institut Montaigne est largement financé par l'assureur capitaliste privé AXA et promeut, sans s'en cacher d'ailleurs, des conceptions économiques libérales, il y a dans cet article une question d'éthique et une question d'honnêteté intellectuelle.

Selon le rapport de l'Institut Montaigne, et pour les Échos, la méfiance des juges vis à vis de l'entreprise s'expliquerait « par une méconnaissance des règles de l'économie de marché ».

Voilà une revendication claire. La justice, selon les Échos, devrait tenir compte de la nature politique de l'économie en vigueur dans un pays.

Les Échos n'étaient donc pas choqués quand la justice soviétique jugeait en fonction de règles d'économie soviétique. La nature de l'économie d'un pays dépend pourtant du choix des électeurs. Du moins dans une démocratie. Et c'est bien là où le bât blesse. Il faudrait, selon Les Échos, que l'économie de marché soit au delà de la volonté du peuple. Mais que reprochait-on à l'Union Soviétique sinon, entre autre, d'imposer aux peuples une politique économique que probablement il ne souhaitaient pas. Du moins, ne pouvait-on savoir s'ils l'avaient choisi ou non. Bref, on reprochait à l'Union Soviétique son manque de démocratie.

Mais peut être que les Échos reprochaient à l'Union soviétique de ne pas appliquer sa conception de l'économie de marché. En effet, à y regarder de plus près on voit que Les Échos ne reprochent rien à L'Arabie Saoudite, ou au Quatar, mais que l'opprobre est jetée systématiquement sur le Vénézuela. Le Vénézuela a des élections régulières libres et respectées. L'Arabie Saoudite n'est pas une démocratie. Alors ? Le Venezuela ne suit pas les conceptions de l 'économie de marché des Échos et le Vénézuela doit être fustigé !

Certes, les Échos pensent que l'économie de marché est la seule forme d'économie qui existe. L'économie soviétique ne s'est-t-elle pas effondrée ? Direction et journalistes des Échos savent tout de même que l'on peut compter au delà de deux....et que dans certaines économie de marché il existe des pans entier de l'économie, (certes largement critiqués par ce journal),qui ne relèvent pas de la dite économie de marché.

Déjà, en 2005, par un coup de force, certains dirigeants ont essayé via le projet de Traité Constitutionnel de l'Union Européenne de rendre les règles de l'économie de marché obligatoires pour tous les États et de rendre constitutionnelles ces règles. Heureusement quelques peuples dont les français ont fait échouer ce hold up.

Jusqu'alors, seule l'Union Soviétique avait osé inscrire dans sa constitution les règles du soviètisme ! Et l'Union Européenne voulait lui emboitait le pas.

Que des gens pensent que la justice devrait juger selon les règles de l'économie de marché, que des gens pensent que l'économie de marché est le seul type d'économie possible :

cela s'appelle le totalitarisme.

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