La situation en Irak n'est sans doute pas identique à celle en Syrie. Mais la façon dont la quasi totalité des médias rapportent les opérations de guerre dans ces deux pays soulève le cœur. Les soldats qui « piaffent d'impatience » en Irak où les « bonnes » bombes ne tuent que les djihadistes, les « mauvaises » bombes, russes bien sûr, en Syrie, qui tuent des civils.....
Une impression pénible de subir une propagande de temps de guerre.
Parmi les intervenants qui se distinguent particulièrement sur ces sujets : Bernard Guetta, cet éditorialiste en « géopolitique » qui officie tous les matins sur France Inter dans l'émission de Patrick Cohen, la matinale.
Son éditorial du 17 octobre 2016, fut un modèle de caricature. Tout à sa critique de l'action de la Russie de Poutine en Syrie, Bernard Guetta enchaîne les affirmations avec une vision totalement unilatérale : c'est la coalition internationale et non la Russie qui fait reculer Daesh...c'est la Russie qui a rompu la trêve....
Rien pour que les auditeurs puissent se faire une opinion ou relativiser....
C'est pourtant bien la Russie qui est intervenue en mettant fin en quelques jours aux trafics entre Turquie et Syrie, livraisons d' armes et importation de pétrole. Trafics au profit des djihadistes que les US et leurs alliés ne voulaient pas voir. Rien sur la Turquie membre de l'Otan donc justement alliée des US,
Rien sur le fait qu'à Alep combattent les assassins de Charlie Hebdo …
Rien sur les armes US qui souvent se retrouvent chez les djihadistes. Rien sur la séparation d'Alep en deux quartiers...
Rien sur la frappe US contre une position de l'armée syrienne pendant la trêve, frappe qui d'après les US « n'était pas intentionnelle » (sic). Les auditeurs de BG ne seront pas informés (pourtant une information du quotidien les Échos 19 09 2016).
Rien sur l'Irak, rien sur Mossoul.
Rien sur l'Armée Turque qui pilonne les Kurdes qui pourtant combattent les djihadistes (information du quotidien Les Échos 21 10 2016). Rien sur le Yémen et les armes françaises.
Que des informations unilatérales.
Cela ne veut pas dire que le refus de subir la propagande US entraîne automatiquement l'approbation des actions de la Russie ; que les uns seraient bons et les autres mauvais.
Pourtant Bernard Guetta, comme nombre de médias, fait semblant de le croire et l'affirme péremptoirement à ses auditeurs.
Les auditeurs ont la capacité, ont le droit d'être informés, et informés le plus impartialement, le plus complètement possible.
Mais quels sont ces sinistres personnages qui ne connaissent que le blanc et le noir et qui ne savent compter que jusqu'à deux !
Il y a quelques semaines, Bernard Guetta a vanté les mérites de l'intégration dans l'Otan des pays Baltes face à une Russie menaçante. Il a même précisé, sans attention au caractère ahurissant de ses propos : intégration qui s'est faite « à leur demande » sic. Et l'attitude de la Russie en Ukraine et en Crimée montrerait le bien fondé selon lui de cette intégration. Bernard Guetta ne souligne pas que cette intégration s'est faite avant les problèmes en Ukraine et Crimée et ne s'interroge donc pas le moins du monde sur les relations -possibles- de cause à effet.
Rien sur l'encerclement systématique de la Russie par les bases US et les boucliers antimissiles des US ( des boucliers antimissiles contre l'Iran qui entourent la Russie!.. la propagande ne recule devant rien même l'absurde).
Rappelons quand même que lors de la réunification de l'Allemagne, les Européens et notamment la France s'étaient engagés à ce que les ex pays de l'Est, sauf l'ex Allemagne de l'Est, ne rejoindraient pas l'Otan. Promesse « oubliée » par Bernard Guetta. Les auditeurs n'ont pas à en connaître. Pourtant, une des rares paroles sensées de Francois Hollande fut, sur ce sujet, lorsqu'il déclara que, lui Président, jamais l'Ukraine n’intégrerait l'Otan...mais pas un mot de Bernard Guetta à ce propos.
Il est vrai que s 'agissant de l'Ukraine justement, Bernard Guetta avant les dernières élections dans ce pays, avait assuré aux auditeurs que l'extrême droite ne représentait qu' une « infime minorité ». Le décompte des membres du gouvernement d'alors montrait que le tiers des ministres appartenait justement à cette extrême droite. Le tiers, une infime minorité !
Il est vrai que s'agissant de l'Ukraine justement et de la Crimée, Bernard Guetta, qui s'enflamme contre l'impérialisme Russe, oublie de citer le Kosovo et le calamiteux détachement de ce pays par les « occidentaux ».... un bien fâcheux précédent...
Bernard Guetta s'était en effet illustré (et même ridiculisé), à l'époque, par ses jugements définitifs sur l'Irlande et l'Espagne sur les quelles il ne tarissait pas d'éloges : le tigre, le dragon celtique et espagnol disait-il....
Malgré les mises en garde d'économistes, forts libéraux pourtant, tel Patrick Artus qui au contraire jugeait que l'Irlande et l'Espagne étaient les deux pays les plus malades de l'Europe et que leurs croissances ne reposait que sur du vent. L'effondrement arriva bien sûr pour ces deux pays encore plus grave que prévu, mais pas les excuses de Bernard Guetta à ses auditeurs.
Bernard Guetta n'est pas un journaliste car il devrait alors (charte éthique du syndicat national des journalistes) éclairer au mieux ses auditeurs quitte d'ailleurs à indiquer ses propres convictions, mais en tant que telles. Non, au lieu de suggérer tous les éléments à prendre en compte par les auditeurs pour alimenter leurs réflexions, il fait passer ses propres convictions pour des informations et oublie, dissimule, tronque ou caricature toute information qui le gène..
Il ne se demande pas pourquoi lui, éditorialiste, sur une radio publique, n'a pas avec lui ou en face de lui, de contradicteur ou de débatteur qui viendrait au bénéfice de l'information éclairée de l'auditeur, recadrer les informations évoquées. Pourtant, Bernard Guetta ne se prive pas de critiquer en direct vertement ceux qui, invités de la matinale de France Inter, ne pensent pas comme lui.
Mais il ne se demande pas pourquoi la quasi totalité des éditorialistes néo-libéraux sont justement -seuls- ce qui n'est pas les cas des quelques non libéraux.
Non. Bernard Guetta déroule sa propagande tous les matins.
Finalement c'est bien un « journaliste » mais le dernier des « journalistes » officiels soviétiques.