L'avortement d'une petite fille de 9 ans secoue le Brésil. RELIGION - Sa famille a été excommuniée par l'église catholique, tandis que le président Lula la soutient...
De notre correspondante à Rio de Janeiro, au Brésil («20 minutes»).
La mère d’une fillette de neuf ans a découvert la semaine dernière, en l’accompagnant à l’hôpital pour des douleurs au ventre, qu’elle était enceinte de jumeaux depuis quatre mois. Son beau-père de 23 ans abusait d’elle depuis deux ans, ainsi que de sa sœur aînée handicapée de 14 ans. Avouant les faits, ce dernier a été emprisonné. L’affaire a vite dépassé les frontières de la petite région d’Alagoinha, dans l’état du Pernambuc et a choqué tout le Brésil. Mais c’est l’avortement de cette petite fille qui a déclenché une véritable polémique.
La loi Brésilienne interdit l’interruption volontaire de grossesse sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. «Nous avons agi légalement», explique l’un des médecins «la patiente (qui pèse à peine 33 kilos et mesure 1m35) a été violée et sa vie était en danger. En tant que docteur, je n’avais pas le droit de lui faire courir le risque de perdre sa vie.» Fátima Maia, responsable de l’hopital ajoute: «Cette enfant n’était pas du tout en condition de mener cette grossesse à terme, elle en serait restée stérile ou n’aurait pas survécu.»
Il n'empêche, Mgr José Cardoso Sobrinho, archevêque de Recife (nord-est du Brésil) a décidé d’excommunier la mère et l’équipe médicale qui a pratiqué l’avortement. Quant au beau-père, «certes, ce qu’il a fait est horrible, mais il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l’élimination de deux vies innocentes.»
Pourquoi une telle excommunication?
Comment se dire chrétien et prendre une telle décision? L'archevêque de Récife a-t-il encore une tête, à défaut d'une âme?, ainsi que tous les "dignitaires" de l'église catholique qui se rangent derrière cette décision. Poussons le raisonnement au fond: Ces êtres en interdisant l'interruption, acceptent de condamner à une mort certaine une pauvre enfant qui a déjà tant souffert, moralement, physiquement, et probablement aussi les deux vies qui n'ont rien demandé, mais qui auraient une probabilité limité de vie, et encore, quelle vie! Comme le dit un intervenant, ils osent juger l'avortement pire que le viol. C'est peut-être par ce que des cas d'abus de mineurs sont courants dans leurs rangs, comme cela a été tristement révélé parfois. Mais aussi, où est leur vertu cardinale de charité et d'apaisement envers la mère et les médecins excommuniés? Mère qui a sans doute aussi beaucoup souffert de tout cela. Réellement, l'Eglise voudrait se faire détester, qu'elle ne pourrait mieux faire. C'est inquiétant.
Pierre Masselin