Médiapart - Blog Europe et euro, Junon Moneda - 271208
A propos d'euros...
Suite à la démonstration très instructive de Junon Moneda, j'ajouterai:
On attribue souvent la dérive des prix à l'euro, et plus récemment la crise financière aux "subprimes".
Pourtant, en arithmétique classique, les conversions d'unité ne posent pas de problème majeur. Sur une base convenue, toute unité peut être convertie dans une unité homogène (ex, en puissance, 1 CV = 0,736 kW).
Donc, quel est le problème du pouvoir d'achat? puisque la conversion n'est en fait qu'une simple question de langage. Comme l'on parle anglais au Royaume-Uni, allemand en Allemagne et Français en France, et que la traduction n'est pas une nouveauté.
Pas si évident! Car on peut parler une langue étrangère plus ou moins bien, y introduire des contre-sens, et involontairement ou non, des modifications d'expressions. Voir les modes d'emploi.
Déjà, l'aura-t-on remarqué, avant l'euro, tous les prix se terminaient par ",99" et lors de la conversion, ils se terminaient pour la plupart, aussi par ",99" . En laissant très apparent le ou les premiers chiffres, qui de fait trompent l'œil en augmentant d'une unité le prix.
Par rapport au franc, depuis le 27 décembre 1958, l'euro représente sur 50 ans une augmentation de valeur intrinsèque de 100x6,55957=655,957. Parallèlement, le PIB/habitant a été multiplié par 6, et en valeur total France, par 8,6 (population x 1,428). Donc une production de valeur considérable. Inflation <12% sur 50 ans.
Pour éviter l'accumulation de chiffres entiers, on "concentre" en réduisant (ex: à partir de 1960, les indices ont été divisés par 100, en parité avec les nouveaux francs). Pourtant, avec l'euro n'a-t-on pas vu refleurir les "anciens francs" aux pompes à carburants, avec les décimales à 3 chiffres, "relookés" 2002 à l'américaine, avec une virgule en guise point? Traduisant un coefficient multiplicateur de 10 en 50 ans. Au cours de l'euro, les chiffre après la virgule ne sont pas du tout négligeables.
Résultat: L'acheteur au "supermarché" qui prend 50 articles, avec des prix terminés par ",99" , connaît une augmentation de sa perception visuelle de presque 50 euros. S'il s'agit d'achats de quelque importance, 150 euros par exemple, cela représente 30%, mais sur une multitudes d'articles à faible prix unitaire, cela peut atteindre plus de 60% pour un total d'achat de 80 euros.
Par ailleurs, visuellement, 1 € comme 2 ou 3 € sont de petites sommes dans l'échelle des valeurs. Mais 2 c'est le double de 1 et 3 le triple. On perçoit immédiatement la dérive des prix possible, augmentée des ",99" centimes qui à eux seuls peuvent représenter 100% à 33% sur ces faibles valeurs de l'échelle.
Quant aux "Subprimes", elles nous ont été servies en "hors d'œuvre". Et il appartient à l'affaire Kerviel-Société Générale d'avoir ouvert la série. Car ensuite, que n'a-t-on pas appris, de la chute en cascade des établissements parmi les plus "prestigieux" de la planète; et plus récemment, les malversations d'un seul homme pour des sommes considérables qui n'ont absolument rien à voir avec des personnes ne pouvant plus régler leurs emprunts immobiliers. Or on a voulu nous faire croire que la crise mondiale était due à des emprunteurs insolvables qui ne pouvaient plus honorer leurs dettes. C'est tout juste si l'on n'a pas dit ouvertement «Salauds de pauvres, ils ont mis la planète à genoux». Si les "subprimes" contribuent à la débâcle, ce n'est qu'un élément parmi d'autres majeurs; puisque tous les secteurs sont touchés.
Par exemple:
Quand une usine en France produit en moyenne 300.000 automobiles par an, et près de 3.200.000 voitures sortent annuellement des usines sur le territoire national, tandis que 2.500.000 sont immatriculés en France, et environ 40.000.000 de véhicules circulent, cela suppose un renouvellement tous les 12,5 ans au lieu de 16 ans. Chaque année on "surproduit" 28% et après moins de 4 ans, on se retrouve à disposer d'une année complète d'avance de production. Alors, on peut fermer l'usine, et mettre le personnel en "vacances". Non, mieux, le licencier.
Mais comment vendre des voitures à des chômeurs? Voilà la question.
Bien sûr, ces chiffres sont grossiers, car il faut tenir compte des exportations, mais aussi, des véhicules fabriqués par les usines françaises à l'étranger, comme les productions propres aux constructeurs étrangers importées.
Encore une détail: En juin, en Allemagne, le service du courrier se répartit entre plusieurs opérateurs, et selon les compagnies, les tarifs peuvent vous être indiqués différents. Notamment eu égard des critères (en France le poids, en Allemagne, les dimensions). Dans une manifestation internationale il était impossible de connaître le prix d'une chambre, tout comme dans une grande chaîne hôtelière d'une capitale régionale: Il était répondu «les prix changent tous les jours». Cela peut aussi être appliqué partout dans le monde de la distribution, grâce à l'étiquetage électronique en rayon; télécommandable à tout moment.
En conclusion, l'économie dérape car il n'existe plus de logique cohérente. Sinon que le chacun pour soi, où n'existe plus que vivre intensément l'instant présent, sans passé ni avenir, où prédomine la loi du plus audacieux et du plus fort.
Billet de blog 28 décembre 2008
A propos d'euros, des "subprimes", et autres.....
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