

Merci de me répondre avant 14 heures.
Merci pour votre retour rapide.
Merci de fermer la porte, merci de porter un masque.
Merci de ne pas penser que nous allons cesser de vous dire merci.
Merci de ne pas choisir le chocolat, merci d'ouvrir la fenêtre pour aération régulière.
Merci de nous communiquer rapidement l'organisation que vous envisagez, et qui doit s'insérer - merci de le prendre en compte - dans le cadre du plan de reprise de moral daté du 4 novembre.
Merci d'élaborer un schéma concis et clair en quatre scénarios que vous transmettrez à vos équipes après validation du parquet en chêne. Merci d'y passer la nuit étoilée, merci de ne pas citer Van Gogh.
Merci d'opter pour le poulet, merci de monter les marches dans le sens de la montée et de les descendre en sens inverse.
Merci de bien vouloir relire le dernier courriel dans lequel je vous remerciais de relire le précédent ; merci de faire cet effort.
Merci de privilégier les instants de détente entre 12 heures 15 et 13 heures 45, merci d'émarger à l'issue de ces instants.
Merci de ne pas craquer, merci de ne pas fumer, merci de ne même pas l’envisager.
Merci.
Merci pour votre engagement.
Merci pour tout.
Et belle journée !
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L'humain du XXIe siècle vit assailli de mercis au sens perverti et à l'autorité forte.
Finis les ordres stricts, désormais on enrobe.
Les mercis s'exhibent, alignés sur votre écran comme des poupées russes, une suite d'agressions rutilantes, dissimulées sous un mince verni. Elles vous exténuent, vous mangent et vous empoisonnent.
Des centaines de cellules toxiques qui se répandent à l'infini pour dévorer votre esprit.
Tout cela dans un si beau mot : merci.
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