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La parole n’a plus de valeur. La parole prononcée, la parole donnée, la parole reçue, toutes se déprécient.
La situation évolue brutalement chaque jour, se contredit, s’emballe. Une Histoire en marche, la pire.
En décembre 2020, un général se voit offrir trois pages dans un grand quotidien. Il déclare ne pas viser l’élection présidentielle. On le somme pourtant de se présenter. Alors, on commande des sondages sur sa personne. Bientôt le régime des colonels ? Le sondage est une photo à l’instant T, disent les sondeurs. Un outil magique aussi, pour créer la demande, le désir, le commentaire. A droite de la droite, évidemment. L’homme joue l’effarouché mais les chiffres grimpent.
Etat, collectivités, autorités diverses, la parole enfle, démesurée, gigantesque, hénaurme, une grenouille présomptueuse qui veut se faire grosse, effrayante, qui gronde et se persuade de sa propre importance, avant d’éclater et de faire pschitt.
La parole, pourtant un des biens les plus précieux de l’Humanité. Un magnifique échange, un amour partagé, un coucher de soleil ocre, une averse arc-en-ciel quand nous parlions là-bas, près des falaises crayeuses, entourés de labradors joyeux, toujours partants.
Les humains, les Français ont heureusement de la mémoire. Une mémoire d’éléphant, physique et sensorielle. Une mémoire qui n’oublie pas, pardon pour cette lapalissade. Une mémoire qui conserve l’empreinte.
L’empreinte de ce temps de chien où la parole ne vaut plus rien. « Je suis un chien. » Puissent ces paroles de Léo Ferré remettre les pendules à l’heure.

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