Le pouvoir prend systématiquement partie pour les plus forts et ceux qui bénéficient de rentes de situation. Il dresse les uns contre les autres en attisant les conflits. Il provoque en permanence des tensions qui sont ensuite ignorées et réprimées de manière brutale. Il n’y a ni écoute ni recherche de compromis.
La réforme des retraites a créé une mobilisation très importante pendant des mois, l’opinion y était opposée majoritairement et pourtant rien ou quasiment n’a été concédé. La réforme est passée de manière autoritaire ; passée formellement mais la violence avec laquelle elle a été mise en œuvre n’est pas prête d’être digérée. Il y a aura des conséquences, elles viendront bientôt, sans doute par le vote RN, parti qui propose l’accès au droit à la retraite à partir de 60 ans. Marine Le Pen peut remercier M. Macron !
La violence qui est faite aux demandeurs d’emploi notamment les plus précaires et les seniors est proprement inouïe. Le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l’assurance-chômage sans tenir compte de la négociation qui avait abouti préalablement à un accord entre patronat et syndicats. Malgré cet accord, il a décidé de passer outre. La question de l’emploi des seniors n’était pas traitée comme il le souhaitait, c’est à dire dans le sens de la réduction des droits des seniors de plus de 53 ans. Il est vrai qu’à la suite de la réforme des retraites déplaçant progressivement l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, le nombre de seniors au chômage a augmenté. Le gouvernement a trouvé fort logique de réduire leurs droits pour les inciter à reprendre un emploi comme si cela ne dépendait que d’eux, les employeurs les attendant leur candidature à bras ouverts … Pour ceux qui ont des emplois précaires et qui n’ont pas d’emplois à durée indéterminée, leurs droits ne seront ouverts qu’à partir de huit mois de travail. Et pour tout le monde la durée maximale d’indemnisation sera réduite à 15 mois (22,5 mois pour les seniors). Il faut aligner le droit des chômeurs français sur les droits dans les autres pays européens. En fait plusieurs études ont montré que la France n’a pas un système plus généreux que ses voisins. Bref derrière tout cela, c’est une position idéologique dogmatique qui prime sans aucun questionnement sur les causes des problèmes.
Le cas de la Nouvelle-Calédonie se situe dans la droite ligne de cette pratique autoritaire du pouvoir. Le gouvernement par ses prises de positions favorables aux loyalistes et par son projet de réforme du corps électoral a réussi à briser l'équilibre fragile qui régnait sur l’île depuis prés de 40 ans. Pour obtenir cela, les gouvernements de la République avait pris soin depuis Ouvèa de cultiver le compromis avec les kanaks. Avec le mépris métropolitain et l’éloignement de toute perspective d’indépendance, les logiques coloniales sont à nouveau à l’œuvre sur ce territoire qui désormais bascule vers la guerre civile.
La manière de traiter les problèmes à Mayotte dans la répression et la réduction des droits s’inscrit également dans cet esprit: jamais ce pouvoir ne renonce à une opportunité de créer une situation de tension et de clivage dont il espère sans doute tirer profit au plan politique.
Dans un pays comme la France où l’Etat joue un rôle protecteur indispensable à la cohésion sociale, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir créent un climat d’insécurité sociale qui met le pays à feu à sang au risque ou au dessein d’aboutir à une situation de guerre civile larvée. Il est difficile d'imaginer que ce soit involontaire. Un climat chaotique justifie pleinement la réduction des libertés publiques, du droit de manifester et de la liberté d’expression. C’est peut-être ce qui est recherché…