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Billet de blog 16 octobre 2014

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16 octobre : une commémoration pas comme les autres ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'année dernière, en 2013, un 16 octobre comme aujourd'hui, le hasard faisait que je m'arrêtai dans un petit bourg du centre de la France, plus précisément entre Bourges et Orléans. J'étais avec un ami avec qui je devais travailler dans le cadre d'une enquête sur la vie dans les milieux ruraux de la France profonde.

Alors que nous allions déjeuner dans une auberge de campagne, nous vîmes une affichette épinglée à un arbre et écrite par une main pure et enfantine ; elle portait la mention suivante : « A 18 h en l'église St Jean, messe anniversaire à la mémoire de Marie-Antoinette ».

Inutile de vous dire que cette annonce nous surprit quelque peu, ou plutôt, nous intrigua.

A l'aubergiste qui nous servit un repas typiquement rustique (daube de sanglier au vin rouge), je posais alors quelques questions au sujet de cette messe. Il répondit évasivement en nous indiquant que les messes purement étaient des histoires de vieilles femmes retardées et que de toute manière, il ne croyait plus en Dieu depuis qu'il avait rejoint à 18 ans, la cellule du Parti communiste local.

C'est alors que nous décidions, mon ami et moi, de revenir en fin d'après-midi pour assister à cette cérémonie religieuse.

La petite église était froide et peu éclairée. Seuls, quelques cierges apportaient une clarté au niveau d'un autel passablement abîmé par le temps. Peu à peu, les bancs se remplissaient de femmes plutôt âgées, accompagnées parfois d'un homme qui pouvait être leur mari. Cependant, d'autres femmes plus jeunes arrivaient aussi et s'intallaient dans l'assistance.

A 18 heures, deux prêtres dont l'un était très jeune, apparurent pendant que l'assemblée entonnait un chant qui annonçaît le début de la messe. Puis, après une brève vénération de l'autel, le prêtre le plus âgé pris la parole pour annoncer que la messe serait célébrée à la mémoire de Marie-Antoinette, Reine de France, rappelée à Dieu le 16 octobre 1793. Vint ensuite la préparation pénitentielle suivie des lectures et de l'Evangile. S'ensuivit immédiatement après l'homélie dans laquelle le prêtre âgé évoqua essentiellement la grande foi qui anima jusqu'à ses derniers instants l'esprit de Marie-Antoinette avant de monter sur l'échafaud. En effet, la reine de France, condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire, sans aucune raison valable, sauf qu'elle était « l'Autrichienne » et la veuve du roi Louis XVI, fut exécutée, place de la Révolution à Paris (aujourd'hui place de la Concorde) le 16 octobre 1793.

Le prêtre lut également quelques extraits de la dernière lettre de la reine (appelée aussi Testament de la Reine) à l'intention de Madame Elisabeth, sa belle sœur ; à ce jour, je retiens encore ces mots que le prédicateur prononçait lentement d'une voix chevrotante : "Je meurs dans lareligion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée ( …)  Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté ..."

Aujourd'hui, j'avoue avoir été bouleversé par cette cérémonie, très humble certes, mais empreinte d'un esprit de mémoire et de croyance que l'on ne retrouve plus guère à l'heure actuelle.

Dans un premier temps, je suis assez surpris que l'on commémore encore, plus de deux cents ans après, la mort d'une reine de France dont le souvenir ne reste qu'un détail de l'Histoire de France ; dans un second temps, je constate que cette célébration n'appartient pas uniquement à un poignée d'aristocrates notalgiques de la monarchie, mais aussi à des gens du peuple qui sont animés par une foi très particulière où se mêlent religion et royauté.

Enfin, dans un troisième temps, je m'aperçois que cette commémoration prend une certaine ampleur au fil du temps, tout en restant extrêment discrète. Ainsi, depuis un an, j'ai mené une petite enquête qui m'a permis de remonter en arrière dans les vingt dernières années  : et globalement, j'observe, après un recensement non exhautif d'ailleurs, que le nombre des messes dites à l'intention de la reine Marie Antoinette a pratiquement quadruplé depuis dix ans environ.

Alors, quelle est la leçon que l'on peut tirer d'un tel événement ?

Bien évidemment, je ne m'aventurerai pas dans des spéculations douteuses et aléatoires. Mais ma petite enquête m'a permis de noter, qu'en dehors de toute idélogie populaire, certains citoyens d'aujourd'hui seraient prêts à abandonner la république pour une royauté. Et pour cause … Le système républicain est devenu extrêmement décevant : aussi, Monsieur ou Madame Tout le Monde aspire à autre chose, c'est-à-dire à un pouvoir indépendant, soucieux de moralité et de justice, indépendant et opposé à toute démagogie et à la corruption.

A l'étranger, et particulièrement en Europe, les monarchies fonctionnent mieux en général que les États dits « républicains ». Alors, tout cela donne largement à réfléchir …

La preuve ? Ce sont les affichettes qui bordent parfois les routes de France avec un slogan évocateur : « Le Roi, pourquoi pas ? ».

Pierre Reynaud

Essayiste-Historien

AUTEUR de REVOLTEZ-VOUS ! (Editions Edilivre)

www.la-revolution2014.fr

Réseau Facebook : https://www.facebook.com/pierrealainreynaud75

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